Sablés miroirs.

Tout le monde connaît ces sablés fourrés à la confiture que l’on nomme lunettes quand ils sont de forme allongée et que le sablé du dessus est percé de deux cercles…
Quant à moi, je les préfère de forme ronde, comme des miroirs et je découpe dans celui du haut ce que je veux y voir…

Dans un saladier mêle 250g de farine tamisée, une pincée de sel et une petite cuillère à café de bicarbonate de soude, 100g de sucre, 125g de beurre, un œuf entier battu (ou bien deux jaunes).

Et c’est là que les chemins des pâtissorcières se séparent car c’est le moment d’ajouter le parfum…
La tradition voudrait que grains de vanille et miel viennent apporter leur douceur à la pâte, mais si tu préfères l’amertume du cacao (qu’il vaut mieux alors ajouter au début, avec la farine, tout comme les épices moulues), deux cuillères à soupe de cacao non sucré adjointes de deux cuillères à café de gingembre te donneront un mélange délectable. A moins que tu ne choisisses la force du citron ou la chaleur du café, l’exquise amande amère ou la sensuelle cannelle… A toi de voir pâtissorcière !

Dans ta pâte soigneusement pétrie et étalée au rouleau afin qu’elle ait une épaisseur convenable (n’oublie pas que celle-ci ne lève que peu.) découpe des cercles à ta convenance. Au cœur d’un sur deux de ces jolis miroirs, découpe à l’importe-pièce le désir qui hante tes pensées.
Laisse Brighid et les salamandres dorer le tout à feu doux (150°) et une fois tes sablés cuits, puis refroidis, nappe-les de confiture. L’orange va bien avec le cacao, amertume pour amertume, afin de chasser celle des larmes. Mais la poire c’est bon aussi, pour ajouter de la douceur, de l’espoir et de la compassion.
La framboise, c’est pour l’amour et la sensualité, avec des sablés à la vanille ou au cacao.
Et la gelée de kiwi est excellente avec les sablés au citron marqués d’un soleil pour donner de l’énergie.
Avec le café qui réchauffe l’âme en douceur, la confiture de lait est d’un grand réconfort.
Laisse parler ton imagination.

Une fois tes sablés assemblés, saupoudre-les ou non d’un mélange de sucre glace et de cannelle.

Bon appétit et jolis rêves, pâtissorcière !

(c)Sara Strega

Far aux pruneaux

Une lichouserie bretonne pour 6 gourmands…

 

Dans un grand saladier bleu et blanc ou une grande terrine brune, tamise 250 grammes de belle farine blanche et verse 250 gr. de bon vieux sucre de canne roux.

Bois un petit verre de délicieux rhum de Marie-Galante (du 65°, sinon rien!) en l’honneur des vaisseaux qui revenaient des Antilles et en chantant une chanson de marin sans omettre de mélanger les ingrédients de la main qui reste libre.

Bats quatre oeufs, non pas comme plâtre, sabot d’bouc !, mais comme une omelette… pas compliqué, ça… Tiens-toi droit et fais un puits au milieu de la farine sucrée pour y verser les oeufs, Une petite cuillère d’huile, une pincée de sel marin et puis, progressivement, en touillant (d’où l’importance d’avoir asséché la bolée) un litre de bon lait de vache frais et tout blanc. Continue en chantant jusqu’à ce que la pâte onctueuse et fluide apparaisse sous ta cuiller en bois comme par enchantement.

Là, tu peux pousser une exclamation émerveillée.

Avant de continuer : saisis-toi de quelques pruneaux et roule-les dans la farine.

Beurre et farine un plat, verse la pâte dedans et puis les pruneaux dans la pâte. Où l’on voit l’importance de n’avoir bu qu’un seul verre de rhum, corneguidouille !

Enfourne à 200°C (Oyez ! Par-delà l’océan ! à 400°F !) et laisse cuire une heure pendant laquelle tu peux boire ce que tu veux en regardant le far gonfler, gonfler, gonfler…

 

C’est beau et c’est chaud…

Ensuite, lorsqu’il est doré, c’est bon, mais c’est chaud…

 

(c) Lalie Solune

Scotch Brownie

Si tu souhaites faire plaisir à ton Brownie, préchauffe ton four à 200°c., puis mélange et cuis ceci :

230 grammes de sombre chocolat bien noir cassé en morceaux et posé dans une casserole en compagnie de 50 grammes de clair beurre frais et d’une cuillère à soupe de crème fraîche blanchette, il se mêleront et fondront doucement en touillant jusqu’à belle et douce fluidité. En retirant du feu, tant que la crème chocolatée est encore chaude, verse un (gros) dé à coudre de bon scotch whisky bien tourbé et bien iodé. D’après mon Brownie à moi, le meilleur pour ce cas demeure le Laphroaig, vif et réconfortant comme un feu de tourbe lorsque siffle le vent iodé des Highlands…

Dans ton chaudron, verse 100 grammes de beurre salé fondu et 150 grammes de sucre roux, puis fouette-les ensemble jusqu’à ce que le mélange mousse. Ajoute alors la crème de chocolat au whisky puis, sans cesser de battre, ajoute cinq œufs et, cuillère par cuillère, avec grande douceur comme flocons de neige, 180 grammes de farine blanche. Ajoute ensuite une tasse à thé de noisettes pilées brièvement et trente grammes, au minimum, de pépites de chocolat noir. Tu peux aussi ajouter des éclats de noix, de noisettes, de noix de Pécan, voire des écorces d’orange, ce qui plaira à ton cœur… Beurre un moule pas trop haut, farine-le légèrement et verse la préparation dedans avant d’enfourner pour une approximative demie heure. Lorsque les bords sont montés, et que le cœur est resté souple, sors-le du four. Laisse-le s’harmoniser un instant avec la température pour lui nouvelle. Puis, t’aidant de ta plus belle spatule plate en sacré bois, démoule-le délicatement, pose-le prudemment sur une grille. Laisse le encore respirer un quart d’heure.

Tu peux ensuite le découper en petits carrés, le premier, le cinquième, le neuvième et le dernier étant, cela va sans dire, réservés à ton Brownie…

(c) Lalie Solune

Sirop de clémentines.

Si, lutine fée automnale, tu as des fruits à ne plus savoir qu’en faire et que te lassent les chaudronnées de marmelade et l’interminable préparation d’écorces confites, essaie-toi au sirop.
Pour 1/4 de litre d’eau et 270g de sucre, presse quatre (ou cinq si elles sont petites) belles clémentines dont tu auras aussi prélevé un peu de zeste en très fines lamelles (plus ou moins selon la force que tu veux donner à l’arôme de ton sirop, mais attention toutefois car point trop n’en faut, sinon le sirop sera écœurant). La peau doit être belle et les fruits, évidemment, non traités.
Mêle l’eau, le jus et le sucre en poudre, ainsi qu’une cuillère à soupe de miel, puis fais chauffer à feu doux, en remuant régulièrement jusqu’à ce que le sirop épaississe.
Pour varier un peu, tu peux également y ajouter des clous de girofle ou de la cannelle, épices dont le goût se marie bien avec celui des clémentines.
Enfin, filtre-le et mets-le en bouteille.

Ce sirop parfumera délicieusement une tarte tatin ou même une tarte aux pommes classique, par exemple.

(c) Sara Strega.

Pâte à pains d’épices

Et à présent qu’est arrivé la fête des défunts, il est temps de préparer la base pour les figurines en pain d’épices de décembre.

Dans ton mortier broie les épices : badiane, cannelle, girofle, poivre de la Jamaïque, macis, cardamone… à toi de mélanger ce que ton Brownie te soufflera à l’oreille… Mélange et pétris en parts égales miel et farine épicée. Ajoute de la levure en poudre. Mets ensuite la pâte dans un sac ou un récipient hermétique qui ne la laissera pas dessécher. Cache-la dans un coin, un placard ou un buffet où elle reposera jusqu’après la sainte Barbe…

 

(c) Lalie Solune

Doigts de Baba Yaga

Les pommes de terre* de la sombre terre tirées seront cuites à l’eau, pelées et râpées.

La farine*, blancheur surgie des profondeurs, sera dessus déversée.

La semoule fine de blé* qui garde les solaires reflets leur sera mêlée.

Un oeuf de poule noire sera cassé.

Une pincée de sel pour tout protéger.

Alors ce sera à tes mains de pétrir, pétrir et repétrir.

Au creux de ta paume (gauche ou droite? à toi de choisir) un peu de pâte déposée que l’autre main, n’ignorant pas ce qu’elle fait, roulera en forme de petits doigts mignons.

Dans ton chaudron d’eau bouillante salée, sans un soupir, sans un regret, ces petits doigts tu jetteras afin de les ébouillanter*.

Puis égouttés, dans une grasse poêle beurrée seront dorés.

Pleuvront alors les graines de pavot que tu auras auparavant comptées.

Un fromage frais très égoutté viendra tout compléter.

Du sucre glace pour les petites fées

qui ne craignent ni le froid ni la Baba Yaga.

 

*1 kg de pommes de terre : choisis une variété qui rend le moins d’eau possible, du type de celle que j’entendais nommer lorsque j’étais enfant « vieilles », ce sont les plus appropriées. Quelles qu’elles soient, à moins d’être assuré de ton résultat, prends soin de les égoutter une fois râpées.

*120 gr. de farine

* 100 gr. de semoule de blé fine

* environ 8 minutes de cuisson à l’eau

(c) Lalie Solune

 

 

Jus de citrouille contre la trouille

Avant la nuit où sortiront toutes les sorcières de l’ombre, les unseelies et les korriks, prépare un breuvage bénéfique pour qui doit traverser les ténèbres, affronter les premiers souffles gelés et les créatures de la nuit.

Ainsi, rassemble en ton antre 150 à 200 gr. de chair de citrouille, ou à défaut, de potiron, la chair et la peau d’une pomme et un morceau de gingembre de la taille que tu souhaites.
Râpe bien fin ces cadeaux de l’automne au-dessus de ton chaudron qui recueillera chairs et jus.
Puis recouvre d’eau de source, un peu moins d’un litre, et pose couvercle là-dessus.
Laisse le chaudron de cuivre et le temps opérer la synergie. Le temps de lancer une flambée dans la cheminée, de préparer autre chose à offrir ou de danser la polka tout autour de la maison en déposant sur les portes de petites protections…
Passe alors dans l’étamine, ajoute une bonne cuillère à soupe de miel d’acacia et un peu de jus de citron. Si, et seulement si, le Duende te le souffle à l’oreille, alors soit… rajoute la plante séchée de ton choix. Mets enfin en bouteille ventrue ou en flasque biscornue.
Te voilà prête, sœurcière,  à affronter la grande nuit des esprits…

(c) Lalie Solune

halloween_Lune



Fricot de légumes-racines aux herbes

Voici la saison sombre qui s’installe, les feuilles tombées des mains de la déesse couvrent, bienveillantes, racines fines et chenues, glands et graines chus.

Le repli au chaud commence et c’est près du feu intérieur que chaque être vivant se réfugie.

Voici que pour certains arrive l’hibernation.

Pour d’autres, le chaud pelage a enflé, doux et épais.

Le scintillement du givre va s’installer.

Voici que s’annonce le temps des féeries hiémales.

Voici le temps du chaudron, le temps de l’imagination, le temps de la veillée…

Honneur aux racines, honneur à la chaleur dedans la terre, honneur aux partages près du feu.

Les légumes-racines sont entreposés, les herbes et champignons séchées, l’eau de la source se fait mordante, il faut vouloir la capturer.

Lumignons, chandelles et lanternes sont allumés.

Oignons pelés et émincés, betteraves crues tranchées, conserve leurs pelures pour teinturlurer.

Carottes et pommes de terre en morceaux débitées, rutabagas en cubes coupés, garde leurs épluchures pour aux animaux les donner.

Dans ton chaudron, ces légumes-racines tu vas poser, avec un peu de gras, de ton choix le préféré…

Un léger flot de vin blanc de l’année et trois flots d’eau avec gratitude récoltée dans ce chaudron tu vas verser. Trois ou cinq grains de poivre, une pincée de sel marin tu peux alors ajouter. D’une feuille de sauge, d’une pincée de sarriette et d’une autre d’armoise tu vas ce mélange saupoudrer en honorant la terre de tes pensées.

Puis ton chaudron tu dois entre’fermer, une heure ou deux laisser mijoter.

Dans les fumets de ce bouillon viendra l’heure des paroles, des contes et des chansons, des réjouissances dans la maison.

Que les unseelies vous épargnent et que les ombres sorcières vous enseignent le chemin des lueurs féériques voilées et dévoilées !

 

(c) Lalie Solune

 

les portes de la longue nuit

Voici que les nuits deviennent longues, de plus en plus longues. Cette phase de l’année, qui va de la dernière semaine d’octobre jusqu’au solstice d’hiver, est celle des longues nuits. C’est à présent que la société des humains change d’heure, que les ours, entre autres, entrent en hibernation. C’est, dans certaines traditions, le commencement d’une année nouvelle, de la même façon que la journée nouvelle peut commencer au coucher du soleil qui précède le matin. De la même façon que notre existence commence dans la nuit de la matrice maternelle.
C’est l’époque des brumes, des brames qui se termine.

Eve_lentz

Icône de Robert Lenz (source)

C’est l’époque des châtaignes, des grenades, des coings et des citrouilles, des choux et des légumes-racines : rutabaga, panais, navets, carottes, betteraves et potirons, céleri-raves et potimarrons.
C’est l’époque des chrysanthèmes, ces fleurs que fait s’épanouir l’obscurité, c’est l’époque de la purification de ton intérieur où le froid bientôt te fera te replier pour l’hiver. C’est le début de la saison des contes et de l’introspection. C’est l’époque des mystères chtoniens.
C’est l’époque des fées obscures qui gèlent et racornissent les baies sur les ronciers. Mais va vers l’or de l’arbre aux quarante écus pour le recueillir et guette les premières gelées pour ta cueillette au prunellier…

(c) Lalie Solune

Muffins pommes-cannelle à la farine de châtaigne

Au-dehors les feuilles tombent… Pour les imiter, verse doucement dans une jatte des flocons de farine de châtaignes (250g), du sucre (100g), brun lui aussi pour ne pas déparer, de la cannelle, selon ton goût, et une pincée de poudre de noix de muscade. Ajoute également un sachet de levure et une pincée de sel pour éclaircir le tout, comme le fait le givre matinal.
Mêle tranquillement ces ingrédients aux couleurs automnales, pendant que fondent 75g de beurre.
Une fois le beurre fondu, adjoins-lui 25cl de lait. Remue le tout et laisse refroidir. Profites-en pour éplucher et couper deux pommes en petits morceaux, puis rajoute deux œufs battus au mélange beurre et lait.
Comme la pluie qui va recouvrir les feuilles, verse l’appareil liquide sur le sec. Mélange le tout, ajoute les pommes et, pourquoi pas, quelques éclats de noix.
Préchauffe ton four, th6/7.
Verse la pâte dans des moules à muffins et enfourne le tout pour une petite demi-heure.

(c) Sara Strega