Trifle pêches-amandes.

Le trifle est un dessert anglais qui connaît un nombre impressionnant de variantes toutes plus délicieuses les unes que les autres. Et il est particulièrement amusant d’en imaginer de nouvelles.
On peut le préparer dans un grand plat ou dans des coupes individuelles.
Sa présentation est aussi importante que le mélange des saveurs des ingrédients choisis.

Pour un soir d’été pluvieux ou non, pour une occasion spéciale ou juste pour le plaisir, je t’invite à essayer celui-ci :

Commençons par la custard.
Dans ton chaudron verse 250ml de crème fraîche liquide et la même mesure de lait, entier de préférence.
Le lait d’amandes est excellent dans cette recette, mais tu as plus de risques de rater ta crème.
Traditionnellement on ajoute plus volontiers de la vanille, mais pour ce trifle je lui préfère la cannelle, avec quelques gouttes d’extrait d’amandes amères.
Porte le tout à ébullition et pendant ce temps fait blanchir dans un grand bol quatre jaunes d’œufs avec du sucre en poudre, entre 75 et 100g.
Garde les blancs pour faire des meringues ou, encore mieux, des amaretti qui, si tu es patiente, accompagneront merveilleusement ton trifle.
Dès les premiers bouillonnements, verse très lentement le mélange de lait et de crème sur les œufs, tout en mélangeant lestement.
Puis remets le tout dans le chaudron et fait cuire à feu très doux.
Si tu as peur de brûler ta crème, la faire chauffer au bain-marie peut te permettre de mieux en contrôler la cuisson.
Comme chaque sorcière le sait, on voit que la crème est prête quand en passant le doigt sur une spatule nappée de crème celle-ci ne coule pas sur le tracé laissé.
Il faut savoir aussi que très souvent, pour épaissir la crème, on ajoute de la gélatine ou de la maïzena. Mais je n’utilise jamais la première et j’ai toujours l’impression désagréable de sentir la seconde dans mes préparations, alors je m’en passe. Cependant, si tu tiens à une crème plus épaisse, la maïzena fait bien l’affaire et deux cuillères à soupe rases, tamisées et ajoutées juste avant la deuxième cuisson suffiront.

Oublie ta crème un moment au frais et prépare ton caramel. Ce n’est pas obligatoire, mais moi j’adore le caramel…
Fais cuire 250g de sucre dans 100ml d’eau.
Quand le caramel a pris sa belle couleur brune et que la cuisine embaume, ajoute hors du feu une autre mesure de 100ml d’eau, en prenant garde aux éclaboussures car le sucre cuit ne pardonne pas, il est aussi traitre et capricieux que sa saveur est douce.
Remets le caramel sur le feu en mélangeant pendant quelques secondes, le temps d’obtenir la consistance voulue.
Puis laisse le tout refroidir.
Ça fait beaucoup trop de caramel pour cette recette, mais il se conserve très bien au réfrigérateur.

Passons à la chantilly. Rien de plus simple en somme.
250ml de crème liquide très froide et deux cuillères à soupe de sucre glace à battre dans un bol que tu auras laissé un moment au congélateur pour qu’il soit glacé, te donneront facilement la dernière touche de ton dessert.

Et nous en arrivons à la meilleure partie : il ne reste plus qu’à monter le trifle.
En général on utilise des biscuits à la cuillère, mais j’aime mieux les spéculoos pour celui-ci ou alors de tendres amaretti.
Dispose tes biscuits au fond du plat et mouille-les, ou pas, de liqueur d’amaretto.
Ajoute ensuite des morceaux de pêche.
Puis vient le tour du caramel.
Ensuite la custard et si tu n’es pas comme moi une maladroite chronique, verse en même temps du caramel en spirale.
Enfin nous en arrivons à la chantilly que tu parsèmeras d’amandes effilées et de brisures de spéculoos ou d’amaretti.

Garde le trifle au frais le temps que ses parfums se mêlent.

(c)Sara Strega

Velouté de courgettes.

Je sais, je sais, personne n’a besoin de moi pour une recette aussi simple.
Mais quand même…

Dans ton chaudron fais suer un ou deux oignons rouges, et peut-être même une échalote, dans de l’huile d’olive.
Ajoute les courgettes coupées en morceaux, ainsi qu’un peu de sel et de poivre. Mêle joyeusement le tout durant une bonne minute, et verse ensuite de l’eau chaude, autant qu’il t’en faudra selon le nombre de convives que cette soupe devra rafraichir.
Tu peux faire infuser au préalable dans l’eau un peu de thym (je mélange en général du thym sauvage et du thym citron), de la menthe et de l’origan, et ensuite filtrer ton eau. Quant à moi je ne m’embarrasse pas et je laisse les herbes mijoter avec le reste, ce qui n’est pas plus mal.
Pour finir mixe le tout et ajoute un petit verre de crème liquide*.
Sers ce velouté froid, comme il sied à toute soupe estivale.
Et bon appétit.

*Parce que dans tout velouté qui se respecte on met évidemment de la crème. Mais pour cette recette on peut tout à fait s’en passer.

(c)Sara Strega

Pâtes aux tomates, basilic et ail

La Constellation du Chien nous accable désormais de sa chaleur, les tomates sont rougeoyantes et le basilic embaume le jardin de sorcière… Réunissez pour cette recette les protagonistes de ce délicieux mariage que sont la tomate, l’ail et le basilic.

Allez chercher chez le vieil ami 6 tomates bien rouges et juteuses puis mondez-les dans un chaudron rempli d’eau bouillante en n’oubliant pas de leur graver une croix sur les fesses ! Mais vous n’êtes pas obligés de passer par cette étape. En effet, vous pouvez laisser vos tomates tranquilles, sans les torturer ni les éplucher ! Après les avoir épluchées (ou non), découpez les comme bon vous semble. Dans une jarre, mêlez intimement les tomates, l’huile d’olive extra vierge, l’ail et une bonne poignée de basilic frais déchiré à la main. Laisser cette délicieuse mixture mariner pendant une journée, vous obtiendrez alors la plus parfumée des huiles. Portez ensuite un grand volume d’eau salée à ébullition puis jetez-y des spaghettis frais dans votre chaudron bouillonnant. Laissez cuire quelques minutes puis égouttez. Mélangez ensuite les pâtes à la délicieuse huile aux tomates et savourez la vitalité et la fraîcheur de ce plat d’été.

 

 

(c) Textes et photographie Lucrèce

Korma de légumes

Le Korma ou Kourma est un mélange d’épices indien qui comprend coriandre, curcuma, fenouil, pavot, gingembre, laurier, cannelle, cardamone, girofle, muscade, badiane (anis étoilé).  Il est le socle d’un plat indien de viande, poisson ou légumes assaisonné de lait de coco, qui se mange avec du riz basmati en accompagnement. Tu peux mettre ton riz à cuire avant les légumes après l’avoir rincé. Le Korma de l’île Maurice est plus doux encore et cuisiné à la crème fraîche.

 

Lave, pèle et coupe les légumes du moment : carottes, petits pois, coco plats, haricots verts, chou-fleur, pommes de terre, oignons, courgettes, aubergines… tout ce que peut t’offrir la saison selon ton goût et tes choix. Fais revenir brièvement avec des oignons émincés dans une huile végétale (de sésame, d’arachide ou de coco). Pose ensuite le couvercle et baisse le feu pour les cuire un peu à l’étouffée une dizaine de minutes, afin que leurs qualités nutritives soient conservées. Ajoute 1 cuillère à thé d’épices par personne et des feuilles de curry sèches ou fraîches, touille et cuis encore un peu à l’étouffée. Pour les derniers instants de cuisson, ajoute du lait de coco.

 

(c) Lalie Solune

Lait de coco

Une fois n’est pas coutume, je vais vous raconter ce que j’ai vu faire un jour loin, très loin d’Europe : le lait de coco. C’est donc un article quelque peu « hors catégorie » pour ce blog. La recette n’est pas compliquée, mais elle demande un peu d’huile de coude…

Choisis une noix de coco mûre (tombée) et pleine en la secouant pour entendre l’eau et la consistance de la chair à l’intérieur. Ôte la bourre qui l’entoure à l’aide d’un piquet de métal pointu ou d’un couteau solide, puis casse la noix en deux avec un grand couteau : tiens la noix dans ta main au centre. Offre l’eau de coco à la terre, à quelqu’un, ou bois-la. A l’aide d’une râpe à coco, qui est formée d’une latte de bois terminée par un morceau de métal, râpe la chair intérieure du coco en la récupérant dans un récipient (très grand saladier, bassine de cuisine). Le premier tour d’huile de coude est terminé…

Verse de l’eau potable dans la chair de coco râpé et malaxe, presse très fortement à la main pour extraire le lait de la chair. Là, il faut donner pas mal niveau huile de coude…

Garde le liquide qui est, ô miracle, le lait de coco, pour tes préparations exotiques.

 

(c) Lalie Solune

Roue des saisons

Le ruban nuancé des saisons se déroule, s’enroule, flotte au vent, se dépose, suit le courant, s’accroche ça et là à un branchage, une brindille, une saillance minérale, une fourrure animale, de rugueux épineux, glisse sur l’herbe tendre et se prend aux épis de blé, caresse au passage les bois d’un cerf, la corne d’une chevrette, la crête d’une poule, le bec d’un hibou, la griffe d’un faucon, la courbe d’une fontaine, la nageoire dorsale d’un saumon, la bouche d’une caverne, l’orée d’un bois et, tapis volant d’une libellule contemplative ou d’un papillon sur le point d’expirer, reprend son envol par-delà les falaises.

Les nuées et les marées prouvent la respiration de la planète. Les feuilles caduques indiquent le passage du temps, ce grand abstrait né du mouvement. Les astres tournoient relativement à notre ronde terrienne.

Les plaques tectoniques persévèrent dans leurs subtils déplacements. Les cristaux, brillants enfants du contact, se densifient et s’étendent. La boue sèche, l’herbe germe, l’herbe brûle, le grain tombe, le fruit roule, l’argile fait une nouvelle peau au sol, le bois durcit, le givre le pare de joyaux pour la plus longue des nuits.

L’hermine brunit, l’hermine blanchit. L’ours se blottit, l’ours s’ébroue. Petit à petit, les oiseaux font leurs nids et migrent.

Feu du ciel, feu du foyer.

Blanche Aurore et Blanche Neige.

Claire fontaine, sombre caverne.

Et Robinson fait des traits sur son arbre. Marquer des repères temporels, c’est vouloir transmettre la mémoire des variations dans la répétition, c’est s’entourer d’une grille plus ou moins souple, c’est poser des balises sur les chemins du hasard, c’est garder souvenir des liens entre les différents phénomènes cosmiques et climatiques. Le soleil se lève, le soleil se couche, la lune déploie et referme son éventail miroitant. Dans ce qu’on a coutume aujourd’hui d’appeler le système celtique, le début, c’est la nuit. Tout commence par les ténèbres, au sein desquelles quelque chose se met à germer, à croître, à se déployer, à respirer, à se ratatiner,s’immobiliser, dessécher, tomber en poussière…

Aux sons des brames du cerf, la porte des longues nuits marque le passage d’octobre à novembre, la chasse sauvage marque le début des réserves de gibier pour l’hiver, les unseelies flétrissent les dernières baies, les sorcières festoient en hommage aux fruits de l’année en finissant de remplir leur grenier, mettent les derniers fruits et plantes en pots, une réserve de bois au palier, de la racine de mandragore à brûler. Samhain ou la Toussaint, nuit de tous les esprits.

« Il est une réalité oubliée des hommes. Leurs ancêtres n’ont pas disparu, emportés par la mort comme ils le croient. Ils vivent dans l’autre face du monde, dans ces régions accessibles par le rêve, la méditation et la transe. Ils peuvent circuler entre deux mondes et venir bénir les vivants à certaines dates de l’année comme Samhain. C’est à ce moment de l’année celtique, où les feuilles jaunissent et où la terre devient froide, que la nature se tourne vers l’intérieur et que se réunissent les deux mondes. »*

Puis voici la porte tressée de sapin, de houx et de gui. Voici l’âtre aux mille paroles et le chaudron qui mijote. Les lutins visitent la maisonnée,c’est la saison de l’hospitalité, des mijotés et des fournées. Au-dehors la neige bleuit sous la lune et la morsure du gel, attirant par ses scintillements, peut être bien cruelle. Nuits et étoiles froides, vert éternel, rouge du Roi houx et blanc bleuté. Chaleur des paroles et fééries nocturnes.

Les chandelles brûlent dans la nuit jusqu’à l’éclair blanc d’un agneau nouveau-né. La blancheur nait de la blancheur, la neige va céder le pas au lait. Pour l’instant ils dansent dans les aurores blafardes du nouvel an lunaire.

Puis les germes et l’eau ruisselante chantent que toujours reviennent la fleur et le grain, le fruit et la feuille.

Et voici que se dressent vers le ciel mille feuillus mâts de mai, que les abeilles s’aventurent à ébrouer le pollen de nouveau. Faunes et Flores dansent dans les prés.

Au sommet du mât, le soleil reprend la pente, mais sur l’autre versant.

Les faux chantent la mort du roi à la barbe d’épis et coupent le sifflet du coucou. La terre prodigue généreusement ses fruits. La deuxième récolte sera notre viatique. Et brament les cerfs, se lèvent les brumes. La boucle est bouclé, le cercle est tracé, la spirale tourne…

 

(c) Lalie Solune

* citation de Préceptes de vie issus de la sagesse druidique, éd. Presses du châtelet, 2009