Cèpes frits

Voici une recette aussi simple que savoureuse (mais difficile à photographier car aussitôt frits, aussitôt dégustés).
Coupe tes cèpes en lamelles, farine-les, puis jette-les dans l’huile.
Une fois cuits, place-les sur du papier absorbant et sale si tel est ton désir.
Ne te brûle pas les doigts, mais dépêche-toi de grignoter ces merveilles avant que ne rappliquent tous les gobelins du canton, et puis c’est meilleur chaud.

Strega

Boisson estivale

Pour étancher ta soif, fais confiance à l’hibiscus ou karkadé.
L’infusion peut être plus ou moins corsée selon que tu apprécies ou non l’astringence de ces fleurs, mais également selon la couleur que tu souhaites obtenir. Le rose pâle a un certain succès dans la confection de cocktails…
Dans un litre d’eau à température ambiante, laisse infuser deux bonnes poignées de fleurs séchées pendant une demi-heure. Ajoute du sirop de citron (sans colorant) et des glaçons. C’est aussi simple que cela.
Il m’arrive d’y ajouter du oolong, mais il ne tient qu’à toi de trouver la variante qui te plaira.

Santé !

hibiscus

Sara Strega

Nettoyer le cuivre

Pour jouer des tours à l’honnête sorcière, de petits démons parfois se glissent dans sa cuisine. Ainsi, après des années de bons et loyaux services, confituriers, chaudrons et bassines de confiseur commencent –j’ose à peine évoquer le sacrilège !– à attacher. Ne crains rien toutefois et surtout ne gratte pas ces vilaines taches démoniaques !
Verse dans ta bassine du vinaigre blanc et un peu de gros sel, pose sur le feu et attends tranquillement. Il ne faudra pas plus de quelques minutes pour que le cuivre soit à nouveau rutilant. Il ne te restera alors qu’à rincer abondamment.
Certes, l’odeur est épouvantable, mais ton chaudron est sauvé et continuera, pour encore de nombreuses années, à t’assister fidèlement.

Quant aux démons, pour les faire revenir à de meilleurs sentiments, n’oublie pas de leur offrir une belle tartine de confiture.

Sara Strega

Confiture de prunes

confiture 1

Sous cette montagne de sucre (3kg) se cachent 6kg de prunes reine claude.
En réalité c’est beaucoup, 2kg de sucre auraient suffit, d’autant que celui en morceaux, qui fond lentement, rend la texture plus épaisse que ne le ferait le sucre en poudre. Mais ma grand-mère la préparait ainsi, très cuite, très sucrée, pour la conserver longtemps. Et toujours ce parfum acidulé de confiture qui glougloute me ramène dans sa cuisine… La prune était notre préférée à toutes les deux.
Si tu veux mettre moins de sucre, ne te gêne pas, mais de grâce en morceaux, c’est important, le goût en sera changé. Et n’oublie pas de déguster quelques crêpes généreusement tartinées, parce que c’est du travail de dénoyauter toutes ces prunes, tu l’auras bien mérité.

Confiture 2

Sara Strega

Le Châtaignier

On raconte souvent que son nom viendrait de casta Nea, chaste Nea, car dans la mythologie une nymphe appelée Nea et appartenant à la suite de Diane préféra se donner la mort plutôt que de céder à Jupiter qui, pour se faire pardonner, la changea en arbre. Un arbre merveilleux aux fruits nourrissants, mais cachés sous un cocon d’épines…
Le châtaignier est un arbre majestueux qui a longtemps été essentiel dans la survie de plusieurs communautés. Pour cela, on l’a surnommé « arbre à pain. » Dans de nombreuses régions, le sort de la population dépendait presque entièrement des récoltes de châtaignes. Celles-ci sont très nutritives, qu’elles soient bouillies, grillées, séchées ou transformées en farine, et offrent une nourriture rustique, mais saine. Elles composaient le repas du pauvre et c’est peut-être pour cela qu’elles ont été délaissées par la suite. De nos jours, on les utilise surtout pour la confection de mets sucrés, elles ne sont plus « nécessaires » et la dégustation d’un plat traditionnel n’est plus que très occasionnelle. Pourtant, la châtaigne est restée associée à l’abondance, même si c’est dans une moindre mesure en comparaison des céréales. À la nouvelle année, quand les Corses souhaitaient leurs vœux, ils ajoutaient à la paix et la santé : « et que vous receviez trois châtaignes par bogue. » C’était un vœu de prospérité qui équivalait à souhaiter à ses voisins de ne manquer de rien. Aujourd’hui encore, trouver trois belles châtaignes charnues dans une même bogue est un signe de bonne fortune.
Ce que nous donne le châtaignier est l’essentiel, pas le superflu. Dans nos légendes, il est fréquemment conté que la Corse a reçu le privilège de n’être ni pauvre ni riche, ayant pour elle de tout, mais en petite quantité. Et cela je l’associe au châtaignier, l’arbre ni pauvre ni riche. Il a souvent dans notre culture un côté paternaliste, on l’associe à une image masculine de patriarche, mais son côté nourricier ne peut que rappeler un aspect féminin. Cependant, cette nourriture se mérite, on doit la chercher par-delà les épines des bogues et les deux peaux qui protègent la châtaigne. Le châtaignier nous pousse à voir au-delà des apparences et à ne pas ménager nos efforts dans la vie.
C’est un arbre imposant et pourtant discret, véritablement majestueux et qui semble toujours garder une certaine réserve. Comme ses fruits, il se protège. Il symbolise à la fois la protection divine, de par son aspect de patriarche, ainsi que l’équité, l’honnêteté et la justice, mais aussi le fait de ne jamais céder, comme Nea. On invoque toujours son aide dans ces domaines, ainsi que pour ne manquer de rien, et pour peu qu’on soit sincère et respectueux, on est sûr de l’obtenir aussitôt. Qui trouve refuge auprès d’un châtaignier recevra toujours sa bénédiction. On peut s’endormir en toute sécurité dans le creux de ses racines et attendre de lui une réponse honnête à chaque question. Le châtaignier ne vous facilitera pourtant pas la vie, il attend de vous des efforts et de la constance, mais l’essentiel il l’offrira toujours si vous savez aller chercher sous les épines.
Dans un sac de sorcière, son bois apporte le courage et la ténacité, il inspire la constance, la prévoyance, offre la lucidité, la capacité de tenir ses engagements et de mener à bien ses ambitions, il aide à tenir dans les moments difficiles ; ses fruits, quant à eux, offrent l’assurance de ne jamais manquer de l’essentiel. Et quand on veut que quelque chose fructifie, on doit le laisser en offrande au pied d’un châtaignier. De ses bogues aussi on peut faire un usage magique. On en place près de l’entrée de la maison et ils dévient le mauvais sort, on peut aussi y enfermer un papier sur lequel est noté ce que l’on souhaite protéger. Les feuilles, conservées dans la cuisine, permettent de ne manquer de rien. On en use aussi plus trivialement pour emballer les fromages de chèvre ou encore comme support de cuisson pour des mets traditionnels auxquels elles transmettent une saveur très particulière. Le miel de châtaignier doit aussi avoir sa place dans toute bonne cuisine de sorcière. C’est un miel de couleur très foncée et au goût très fort, il est, justement pour cela, excellent pour la pâtisserie, mais il est surtout très utile pour lutter contre les coups de froid hivernaux.

Sara Strega

Chocolat chaud des dames de septembre

Pour son premier chocolat chaud de la saison, la dame fée, aussi gourmande qu’avisée, désire une boisson très riche en goût. Elle verse alors dans son chaudron l’équivalent d’une tasse de boisson au lait de coco (attention, pas du lait de coco pur) et, coupées en petits morceaux, trois barres de chocolat de pâtisserie à 70% de cacao.
Et l’équilibre sera respecté pour que s’épanouissent les deux saveurs mêlées ! Il est normalement inutile d’ajouter du sucre, mais tu feras, bien entendu, selon ton goût.
Prestement fondu et mélangé au fouet, le chocolat sera vite à point. Il faut plus de temps pour déguster cette délicieuse boisson que pour la préparer.

Belle saison sombre à tous les amateurs de cacao !

Sara Strega

Caramel de Mabon

En fait de caramel, il s’agit plutôt d’une sorte de butterscotch. Mon père le nomme caramel mendiant à cause des fruits secs, cependant je préfère quant à moi l’apparenter à Mabon car il m’évoque l’abondance et le début d’automne.

mendiant

Dans une casserole qui ne craint plus grand-chose, fais caraméliser 500g de sucre fin (juste le temps qu’il fonde, attention, ça brûle vite), ajoute ensuite le même poids en beurre (on n’a jamais prétendu que c’était une recette légère). Mélange bien ce beau caramel blond et enfin verse dedans 250ml de crème liquide.

Pour agrémenter ton caramel, pioche dans cette liste de fruits (plus il y en a de diverses sortes, mieux c’est) :
– Pignons de pin
– Noix
– Noisettes
– Amandes
– Raisins secs
– Pruneaux
– Abricots secs
Ou d’autres fruits qui te feront envie…

Il est d’usage de servir ce caramel chaud avec de la glace à la vanille, c’est idéal pour les soirées encore douces de septembre ; mais si tu n’aimes pas le contraste entre le chaud et le froid, tu peux remplacer la glace par une banane coupée en morceaux. Tu peux aussi en garnir des tartelettes de pâte sablée que tu auras fait cuire à blanc. Il vaut mieux alors les servir tièdes.
Ce caramel peut se conserver quelques jours. Il est normal qu’une pellicule de beurre se forme à la surface et qu’il épaississe. Il suffit de le réchauffer et de bien le mélanger.

Sara Strega

Risotto estival

Ami(e) qui suis depuis longtemps notre ronde circadienne, tu dois connaître mon goût pour le risotto… Je vais t’en proposer aujourd’hui une version estivale parmi mes préférées.

Pour cette recette, tu peux choisir de cuire les légumes à part, ils n’en auront que plus de goût. Mais si tu es fainéant(e) ou que tu manques de place, tu pourras aussi bien tout mettre dans le même chaudron, ça présente moins bien, mais ce n’est pas un drame.
Cependant si tu souhaites faire une version sucrée-salée, tu dois impérativement cuire les légumes et le riz séparément. Il te faudra alors ajouter une cuillère à café de miel (un « toutes fleurs » printanier) aux oignons en début de cuisson.
Que tu choisisses l’une ou l’autre version, elle ravira tes papilles, c’est une certitude.

Dans ton chaudron fais revenir des oignons, des poivrons et des piments doux avec du sel et du poivre.
S’il va les suivre dans la même casserole, le riz doit être ajouté en début de cuisson. Laisse-lui le temps de se réveiller un peu et verse ton bouillon. Un bouillon de légumes (un vrai ou en cube, fais à ta guise), très chaud bien entendu.
La cuisson est classique, tu n’as pas besoin de moi pour cela, rajoute du bouillon chaque fois qu’il s’évapore, jusqu’à ce que le riz soit prêt.
Mais juste avant la fin de ta cuisson, verse dans ton riz de la crème de coco (10cl pour 200g de riz, c’est selon moi parfait) et de la poudre de curry à ta convenance.
Laisse ton riz reposer un peu avant de le servir, avec ou sans parmesan.

Bon appétit !

Sara Strega

P.S. : Je n’ai pas tagué cette recette comme étant « végétalienne », puisque je propose d’y mettre du miel ou du parmesan, mais elle pourrait tout aussi bien le devenir.

Moelleux au chocolat

Rapide à préparer, délicieusement fondant, ce moelleux saura apporter du réconfort à quiconque le goûtera.
Il est particulièrement bon servi avec une crème anglaise.

Préchauffe tout d’abord ton four à 180°.
Il aura à peine le temps de chauffer que le gâteau sera prêt à enfourner.

Bats quatre œufs, puis incorpore petit à petit 250g de sucre, jusqu’à ce que le mélange blanchisse.
Enfin 250… C’est la dose si le chocolat que tu as choisi est noir et peu sucré, sinon tu peux sans souci te contenter de 200.
Dans le chaudron, laisse amoureusement fondre 180g de beurre et le même poids en chocolat.
Une fois le beurre et le chocolat parfaitement mêlés, verse-les sur les œufs et le sucre. Mélange tranquillement le tout et ajoute en tout dernier 90g de farine.

Que tu choisisses des moules individuels ou un seul grand, n’oublie pas que la pâte doit faire à peu près 1cm d’épaisseur. Ce gâteau ne gonfle pas vraiment, mais il peut craqueler un peu.
J’ai l’habitude de parsemer le dessus d’éclats de noix, comme la pâte est dense, elles ne tombent pas à l’intérieur.

La cuisson prend une vingtaine de minutes, entre 150 et 180° selon les fours. Comme pour le pain d’épices, la pointe du couteau doit ressortir propre, mais humide quand il est parfaitement cuit.

(c) Sara Strega

Souvenir culinaire… pour un apéro à l’improviste

Ma grand-tante était la joie de vivre faite femme. Dans tous les souvenirs que j’ai d’elle, je la vois souriante. Elle adorait par-dessus tout recevoir ses amis et, si elle n’était pas dotée d’un grand sens pratique de manière générale (sûrement parce que ça l’ennuyait d’ailleurs), elle savait toujours comment improviser un dîner quand des amis, sachant qu’ils seraient invariablement bien reçus, pointaient leur nez sans être attendus.
Pour faire patienter tout ce petit monde, elle avait un truc imparable, une petite recette toute simple qui lui permettait de retomber sur ses pattes et que je veux aujourd’hui partager avec vous, comme un petit hommage pour cette femme que j’adorais.
Elle faisait griller des tranches de pain, les tartinait de moutarde, ajoutait une tranche de gruyère et les passait au four. Avec une bonne bouteille de vin, ses invités surprise avaient de quoi attendre le dîner qui se révélait toujours joyeux, généreux et agréable, à l’image de leur hôtesse.

Sara Strega