Encens du Phénix

Plutarque et Hérodote parlent de cet oiseau fabuleux comme étant originaire d’Ethiopie. En Egypte, on le nomme paraît-il « Bénou » car il vivrait sur la Benben, le tertre qui émergea de l’océan primordial et où le soleil parut pour la première fois… Il suit un cycle de 500 ans, mourant et renaissant chaque fois.

Les zoologues virent dans le magnifique faisan doré de Chine, considéré là-bas comme sacré, une incarnation du Phénix.

La légende dit que lorsque le Phénix fait son nid pour s’y installer et brûler avant de renaître trois jours plus tard, il le fait avec des brindilles parfumées qui dégagent le parfum de trois plantes : une résine, une écorce et une racine…

Voici ma recette d’encens du Phénix, que je vous livre pour fêter le solstice d’été. A préparer quelques temps avant de commencer à l’utiliser afin que les senteurs se mêlent et s’entrelacent comme les brindilles dont les oiseaux font leur nid…

Mêle dans ton beau flacon

Des grains de Myrrhe, gomme résineuse du balsamier qui donna, dit-on, naissance à Adonis. Résine des embaumeurs, résine qui aide à s’ancrer, qui vivifie en profondeur, qui prépare le terrain.

De l’écorce du Cannelier réduite en poudre. Ecorce rassurante, chaleureuse, feu d’épice qui chasse les impuretés invisibles et ouvre à la cordialité.

Du Nard Jatamansi, une petite goutte d’huile essentielle à défaut de racines très difficiles à trouver. Le Nard de l’Himalaya ouvre les sens et la conscience dans la paix, pour aller de plus en plus profondément.

Puis, pour lier tout cela et finir de chasser les scories du passé, finir de s’ancrer dans le présent renouvelé avec une perception et une intuition nouvelles, un peu de cette résine qu’on appelle Opoponax.

Laisse la synergie s’opérer quelques jours dans le flacon clos sans mettre à l’abri de la lumière. Cet encens à l’odeur forte, très particulière, se révèle néanmoins très efficace pour affermir et s’ancrer dans les nouveaux départs, les débuts de cycles qui vont demander de l’endurance.

 

(c) Lalie Solune

Petits canapés de l’estival solstice

Lave trois branches de rhubarbe et découpe-les tous les centimètres. Place les dans une casserole avec un morceau de beurre de mai salé et verse une cuillère à soupe de miel d’acacia. Laisse mijoter à feu doux et à couvert pendant que tu choisis un bol plaisant de forme et d’apparence pour y verser un yaourt nature. Utilise le pot vide pour doser la farine de sarrasin (polygonum fagopyrum) que tu ajoutes dans le bol avec un œuf et cinq grammes de levure en poudre. Mélange bien tout cela et n’oublie pas la compotée de rhubarbe qui est prête lorsque la mixture se fond en une purée crémeuse. Fais ensuite cuire, dans une poêle couverte de beurre salé, la pâte à canapés, petite cuillère par petite cuillère. Tu peux alors garnir ces toast de la compotée de rhubarbe et d’un fine tranche de gravlax

 

(c)Lalie Solune

Sirop de rose et de pélargonium rosat.

Quand s’épanouissent les roses sauvages et qu’embaume le pélargonium capitatum à la si délicate senteur de rose qu’on le nomme rosat, les filles de Flore vont au jardin emplir leurs paniers de fragiles pétales et de feuilles duveteuses pour en confectionner un délicat sirop.
Si l’envie te prend de les imiter, trouve un beau pélargonium aux effluves sucrés chipe-lui quelques pétales et surtout de belles feuilles bien vertes et parfumées. Le pélargonium, de joyeuse nature, ne t’en voudra guère si tu entonnes avec lui la chanson du Vieux Tom. Une fois cela fait, tu devras cueillir l’équivalent en pétales de roses.
Choisis évidemment des roses non-traitées, aux pétales tendres et légèrement parfumés. Prends garde que tes pétales ne soient ni tachés ni abîmés. De plus, leur pointe peut être amère selon les variétés de roses, auquel cas tu devras patiemment les retirer.
A l’aune d’une belle coupe, mesure ta récolte bien tassée et, pour un volume de pétales et de feuilles (voire une volume et demi si tu veux un goût encore plus prononcé), mets à bouillir dans ton chaudron deux volumes d’eau et deux autres de sucre roux.
Quand eau et sucre seront bien mêlés, ajoute les feuilles et les pétales, remue bien, mais délicatement, et laisse frémir le temps de trois ou quatre chansons (une dizaines de minutes, selon l’épaisseur du sirop). N’oublie pas de remuer de temps en temps.
Retire du feu ton chaudron, jettes-y quelques graines de cardamome et un peu de jus de citron pour que le sirop se conserve mieux, puis laisse-le reposer quelques heures, il l’a bien mérité.
Une fois un délai raisonnable d’au moins deux heures écoulé, filtre ton sirop, sans presser les pétales et les feuilles, porte-le à ébullition dans le chaudron et mets-le en bouteille.

(c) Sara Strega