Cake, façon pain d’épices.

Vilaine sorcière qui fut distraite ou fainéante et n’as point préparé la pâte à pain d’épices…
Tu le regrettes maintenant, je le sais, je le vois… Tu t’en mords les doigts, n’est-ce pas ?
Je pourrais dire bien fait pour toi, je le pourrais, oui, si je ne m’étais moi-même trouvée à ta place de nombreuses, trop nombreuses fois…
Mais fainéante n’en est pas moins gourmande, donc je serai un brin compatissante… Alors écoute ce que deux vieilles sorcières m’ont soufflé pour remplacer le délice oublié.

Un, deux et trois…
Dans le cognac jette une tasse de raisins secs au moins deux heures avant de préparer ta pâte.
Et quand vient le temps de commencer ton ouvrage fais fondre tranquillement 100g de beurre avec 150g de miel.
Laisse refroidir ce mélange parfumé et pendant ce temps mêle farine (250g), levure (un sachet et une cuillère à café de bicarbonate, sans oublier l’inévitable pincée de sel) et évidemment les épices, autant de cannelle que de gingembre (deux cuillères à café de chaque suffiront). Puis si tu t’en sens l’envie, une cuillère à café de poudre de cardamome.
Ajoute le beurre et le miel à ta farine épicée, mais ce n’est pas tout, non, ce n’est pas tout…
Ajoute d’abord un œuf battu, puis incorpore progressivement 250g de confiture de mûres ou bien d’oranges amères, peut-être même de clémentines, à ta guise. Mais fais attention car il faut mêler tout ceci vigoureusement sans pour autant laisser la pâte trop s’alourdir.
Petit à petit ajoute raisin secs imbibés de cognac et petits morceaux d’oranges confites (une tasse fera ton affaire, comme pour les raisins).
Verse le tout dans un moule à cake et laisse cuire une petite heure à feu doux (th5).
Quand tu vérifieras la cuisson, n’oublies pas que la pointe du couteau doit ressortir humide.
Ce cake sera bien meilleur à déguster le lendemain, une fois que les épices auront langoureusement libéré tout leur parfum.
Et toi tu pourras t’en frotter les pattes, car cette année tu t’en sors bien.

(c) Sara Strega.

Sirop de clémentines.

Si, lutine fée automnale, tu as des fruits à ne plus savoir qu’en faire et que te lassent les chaudronnées de marmelade et l’interminable préparation d’écorces confites, essaie-toi au sirop.
Pour 1/4 de litre d’eau et 270g de sucre, presse quatre (ou cinq si elles sont petites) belles clémentines dont tu auras aussi prélevé un peu de zeste en très fines lamelles (plus ou moins selon la force que tu veux donner à l’arôme de ton sirop, mais attention toutefois car point trop n’en faut, sinon le sirop sera écœurant). La peau doit être belle et les fruits, évidemment, non traités.
Mêle l’eau, le jus et le sucre en poudre, ainsi qu’une cuillère à soupe de miel, puis fais chauffer à feu doux, en remuant régulièrement jusqu’à ce que le sirop épaississe.
Pour varier un peu, tu peux également y ajouter des clous de girofle ou de la cannelle, épices dont le goût se marie bien avec celui des clémentines.
Enfin, filtre-le et mets-le en bouteille.

Ce sirop parfumera délicieusement une tarte tatin ou même une tarte aux pommes classique, par exemple.

(c) Sara Strega.

Glögg

Le Glögg est un vin chaud suédois traditionnel qui se prépare et se boit à Jul, c’est-à-dire pour les fêtes du solstice d’hiver, couramment appelées Noël, autrement dit Yule, et pendant les fêtes d’hiver, par exemple pour la sainte Lucie (13 décembre). Voici une des façons de le préparer :

Coupe un morceau de gingembre en morceaux tout petits et mets-les dans ton chaudron avec un litre de vin rouge où tu ajouteras aussi, un petit bâton de cannelle, 5 ou 7 clous de girofle, une bonne pincée de grains de cardamone et un petit morceau d’écorce d’orange.

Mets le vin à chauffer très doucement en prenant soin de ne pas le laisser bouillir.

A présent, tu peux filtrer si tu le souhaites. Ajoute du bon miel d’acacia que tu dissous bien en remuant. Au besoin, remets un peu à la chaleur pour être assuré que le miel sera bien dissout. Laisse poser l’ensemble un moment et, si tu ne l’as pas fait auparavant, filtre pour servir accompagné de fruits secs, de pepparkakor et de gourmandises du solstice en attendant la visite du Bouc de Jol, qui aura, bien entendu, droit lui aussi à sa libation.

(c) Lalie Solune

Figurines en pain d’épices

Passée la sainte Barbe, fleurissent les hellebores noires et flambe la cheminée !
Lors de la Saint Nicolas, c’est aujourd’hui, de l’Alsace à la Russie, les enfants recevront les premiers cadeaux de l’hiver… ou du charbon s’ils n’ont pas été sages…

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Sors du buffet la pâte préparée au moment du passage dans la saison sombre
Pétris la gentiment, pétris la gaiement et façonne les figurines que tu souhaites : bonshommes,

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lutins, dames, chevaliers, diables, sorcières, maisons, petits cochons, oiseaux, poissons,

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ours, louveteaux, arbres de la forêt,

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étoiles, lunes, soleils,

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balais, bûches, feuilles de houx, couronnes de roi de l’hiver, que sais-je encore ? Laisse ton imaginaire guider tes mains et pétris, pétris tant que la forme viendra, imagine et fais confiance à tes doigts.
Si tu veux faire une maison, chaumine ou château fort, cabane de bûcheron ou hutte de sage femme, pense à faire chaque pan de l’habitation pour les cuire à plat. Pose tes figurines sur une plaque de cuisson bien graissée et bien farinée. Laisse reposer une à deux heures.

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Met ton four à chauffer entre 150 et 180 °C. Bats un oeuf et, avec un pinceau, badigeonne-en les pains d’épices. Pour de petites figurines, laisse cuire 4 à 5 minutes, si elles sont plus grandes, autour des dix centimètres, la cuisson sera de 6 à 8 minutes. Pour de grandes figurines, cuis à une température un peu inférieure (130 à 150 °C.) pendant 10 à 15 minutes. Puis laisse chaque figurine refroidir dans son coin, tranquillement…

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(c) Lalie Solune

Mélange d’herbes pour Yule

Les ombres se sont avancées, déployées, installées, mais le début de l’hiver réserve aux promeneurs avisés de beaux moments illuminés où les fées du givre jouent de scintillements, où la brume danse à l’air que l’on respire et les sylphes paraissent moins transparentes, où les vertes aiguilles royales couronnent les sentiers et les feuilles luisantes du houx rappellent que n’est pas si loin le moment de la nuit la plus longue qui annonce déjà le retour lent mais assuré des lueurs solaires. C’est l’occasion offerte d’aller demander à un genévrier de se laisser cueillir quelques baies, de récolter avec permission des aiguilles de sapins que tu rapporteras en gratitude près de ton âtre. Les aiguilles et les baies mêlées à un peu de girofle écrasé et un soupçon de cannelle seront déposées dans un bocal et recouvertes d’huile ; le bocal fermé, déposé, de préférence dans la pièce où brûle le feu, près de la fenêtre la plus lumineuse au moins une lune durant, jusqu’au moment où en préparation du solstice, rapportant le houx chez toi, tu pourras oindre les bougies de la fête, disposer quelques feuilles de lierre à leurs pieds dans des coupelles pour souhaiter la bienvenue aux visiteurs de Yule.

 

(c) Lalie Solune

Marmite de Rübezhal

(Pour deux à trois personnes)

Avant que Maître Johannes n’en ait vraiment assez de compter les betteraves, régale-le de ce nourrissant et fortifiant frichti 

pèle un gros oignon jaune ou bien deux petits que tu éminceras. Lave et pèle deux ou trois belles carottes et deux jolis navets d’automne. Lave et pèle une pomme de terre assez grosse si la viande est bienvenue, sinon trois grosses pommes de terre par personne. Lave et pèle une belle betterave crue et tu pourras garder sa peau pour les teintures. Coupe tous ces légumes en morceaux pas trop petits pas trop gros. Si tu as la chance de pouvoir rajouter un persil tubéreux, c’est encore plus fantastique…

Mets-les à fondre dans un peu d’huile végétale au fond d’une cocotte en fonte avec trois feuilles de céleri, cinq grains de poivre, trois baies de genièvre, une feuille de laurier, une pincée de carvi, une petite pincée de sel et du paprika autant que tu voudras. Pose le couvercle, garde le feu assez doux. Tu as alors vingt minutes pour chanter une chanson vertumnale ou conter une histoire de Rübenzahl…

Les légumes auront bien transpiré, tu pourras alors rajouter deux ou trois petites saucisses fumées et 1,5 litre de bonne eau de source sacrée. Couvre de nouveau et laisse les bonnes et toutes petites salamandres lécher le fond du chaudron et faire mijoter tout cela pendant une heure et demie de temps.

Tu pourras ensuite servir avec amour et avec du raifort râpé.

 

(c)Lalie Solune

Pâte à pains d’épices

Et à présent qu’est arrivé la fête des défunts, il est temps de préparer la base pour les figurines en pain d’épices de décembre.

Dans ton mortier broie les épices : badiane, cannelle, girofle, poivre de la Jamaïque, macis, cardamone… à toi de mélanger ce que ton Brownie te soufflera à l’oreille… Mélange et pétris en parts égales miel et farine épicée. Ajoute de la levure en poudre. Mets ensuite la pâte dans un sac ou un récipient hermétique qui ne la laissera pas dessécher. Cache-la dans un coin, un placard ou un buffet où elle reposera jusqu’après la sainte Barbe…

 

(c) Lalie Solune

Doigts de Baba Yaga

Les pommes de terre* de la sombre terre tirées seront cuites à l’eau, pelées et râpées.

La farine*, blancheur surgie des profondeurs, sera dessus déversée.

La semoule fine de blé* qui garde les solaires reflets leur sera mêlée.

Un oeuf de poule noire sera cassé.

Une pincée de sel pour tout protéger.

Alors ce sera à tes mains de pétrir, pétrir et repétrir.

Au creux de ta paume (gauche ou droite? à toi de choisir) un peu de pâte déposée que l’autre main, n’ignorant pas ce qu’elle fait, roulera en forme de petits doigts mignons.

Dans ton chaudron d’eau bouillante salée, sans un soupir, sans un regret, ces petits doigts tu jetteras afin de les ébouillanter*.

Puis égouttés, dans une grasse poêle beurrée seront dorés.

Pleuvront alors les graines de pavot que tu auras auparavant comptées.

Un fromage frais très égoutté viendra tout compléter.

Du sucre glace pour les petites fées

qui ne craignent ni le froid ni la Baba Yaga.

 

*1 kg de pommes de terre : choisis une variété qui rend le moins d’eau possible, du type de celle que j’entendais nommer lorsque j’étais enfant « vieilles », ce sont les plus appropriées. Quelles qu’elles soient, à moins d’être assuré de ton résultat, prends soin de les égoutter une fois râpées.

*120 gr. de farine

* 100 gr. de semoule de blé fine

* environ 8 minutes de cuisson à l’eau

(c) Lalie Solune

 

 

Jus de citrouille contre la trouille

Avant la nuit où sortiront toutes les sorcières de l’ombre, les unseelies et les korriks, prépare un breuvage bénéfique pour qui doit traverser les ténèbres, affronter les premiers souffles gelés et les créatures de la nuit.

Ainsi, rassemble en ton antre 150 à 200 gr. de chair de citrouille, ou à défaut, de potiron, la chair et la peau d’une pomme et un morceau de gingembre de la taille que tu souhaites.
Râpe bien fin ces cadeaux de l’automne au-dessus de ton chaudron qui recueillera chairs et jus.
Puis recouvre d’eau de source, un peu moins d’un litre, et pose couvercle là-dessus.
Laisse le chaudron de cuivre et le temps opérer la synergie. Le temps de lancer une flambée dans la cheminée, de préparer autre chose à offrir ou de danser la polka tout autour de la maison en déposant sur les portes de petites protections…
Passe alors dans l’étamine, ajoute une bonne cuillère à soupe de miel d’acacia et un peu de jus de citron. Si, et seulement si, le Duende te le souffle à l’oreille, alors soit… rajoute la plante séchée de ton choix. Mets enfin en bouteille ventrue ou en flasque biscornue.
Te voilà prête, sœurcière,  à affronter la grande nuit des esprits…

(c) Lalie Solune

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Fricot de légumes-racines aux herbes

Voici la saison sombre qui s’installe, les feuilles tombées des mains de la déesse couvrent, bienveillantes, racines fines et chenues, glands et graines chus.

Le repli au chaud commence et c’est près du feu intérieur que chaque être vivant se réfugie.

Voici que pour certains arrive l’hibernation.

Pour d’autres, le chaud pelage a enflé, doux et épais.

Le scintillement du givre va s’installer.

Voici que s’annonce le temps des féeries hiémales.

Voici le temps du chaudron, le temps de l’imagination, le temps de la veillée…

Honneur aux racines, honneur à la chaleur dedans la terre, honneur aux partages près du feu.

Les légumes-racines sont entreposés, les herbes et champignons séchées, l’eau de la source se fait mordante, il faut vouloir la capturer.

Lumignons, chandelles et lanternes sont allumés.

Oignons pelés et émincés, betteraves crues tranchées, conserve leurs pelures pour teinturlurer.

Carottes et pommes de terre en morceaux débitées, rutabagas en cubes coupés, garde leurs épluchures pour aux animaux les donner.

Dans ton chaudron, ces légumes-racines tu vas poser, avec un peu de gras, de ton choix le préféré…

Un léger flot de vin blanc de l’année et trois flots d’eau avec gratitude récoltée dans ce chaudron tu vas verser. Trois ou cinq grains de poivre, une pincée de sel marin tu peux alors ajouter. D’une feuille de sauge, d’une pincée de sarriette et d’une autre d’armoise tu vas ce mélange saupoudrer en honorant la terre de tes pensées.

Puis ton chaudron tu dois entre’fermer, une heure ou deux laisser mijoter.

Dans les fumets de ce bouillon viendra l’heure des paroles, des contes et des chansons, des réjouissances dans la maison.

Que les unseelies vous épargnent et que les ombres sorcières vous enseignent le chemin des lueurs féériques voilées et dévoilées !

 

(c) Lalie Solune