Caprinerie de Mai

Un caprice à partager sous l’aubépine en l’honneur des faunes, des dryades et des faes…

Verse en pluie dans ton chaudron printanier 200 gr. de belle et blanche farine de Demeter. Ajoute la levure et bats 4 œufs avec 8 cuillère à soupe de lait de chèvre, 70 gr. de beurre salé fondu, une cuillère à soupe d’huile d’olive et 200 gr. de fromage de chèvre humide tout frais. Mêle tout cela ensemble sans oublier la pincée de poivre, une généreuse pincée de pétales de rose moulus et une branchette d’Herbe aux Dragons ciselée.

Huile un moule d’un coup de balai miniature pendant que le four chauffe (180°c.) et laisse gonfler, monter, dorer un peu moins d’une heure…

Faut-il te dire où trouver les feuilles sur lesquelles coucher ce tendre caprice ?

 

(c) Lalie Solune

Evocations et invocations

Transformer les dons de la terre… certains le font avec tant d’art qu’on est tenté de dire « métamorphoser », c’est là une opération qui requiert le concours bienveillant des puissances naturelles en présence. La plus évidente est la terre, qui nous fournit les aliments avec l’aide de l’eau, du feu solaire et de son elfique messager, l’air. L’opération de métamorphose se fait, elle aussi, avec le concours de l’eau, de l’air et du feu.

Garder à l’esprit les origines de ce que nous manipulons pendant l’œuvre culinaire est la première évocation. Elle permet l’observation de ceux-ci, de leurs évolutions et transformations en fonction du contexte et des mélanges, ce qui permet de maîtriser peu à peu le savoir-faire. Elle permet aussi l’invocation des qualités magiques et physiques des éléments concernés, leur réactivation.

Garder à l’esprit le but de ce que nous faisons, autrement dit l’intention, permet de travailler avec les esprits présents, les faes des végétaux par exemple, en une collaboration joyeuse et efficace. Par exemple, pétrir une pâte en se concentrant sur le partage, la joie, le réconfort… tout effet que nous voulons faire passer à travers ce que nous offrons, tel est le but ultime de la cuisine magique.

Garder à l’esprit ces notions-là alors que nous vivons, pour nombre d’entre nous, des vies où il nous est difficile de se concentrer intensément et sincèrement sur les petites choses et les « petits riens » qui sont la vraie base et l’énergie primordiale de la vie, ceci est déjà un grand défi et apporte beaucoup.

Certains vont anthropomorphiser les esprits, d’autres les nommer, d’autres encore leur parler ou les représenter de façon iconographique… chacun trouvera sa méthode, qui n’est qu’un support, qui n’est qu’un moyen, jamais une fin.

 

(c) Lalie Solune

La cuisine des Nutons

La cuisine des Nutons de Jacques Sacré, aux éditions du Nuton, collection Couleur Ardenne n°4.

Un petit livre idéal pour initier les enfants à la cuisine.

De petites histoires de Nutons (lutins des Ardennes) entourent des recettes ardennaises.

Voici un exemple, pour vous donner une idée.

 

Le Pâté d’oseille

« Ce soir-là, deux jeunes nutons avaient fait mille difficultés pour terminer d’avaler leur morceau de viande. Ce marcassin, disaient-ils, était bien trop dur à manger et manquait de saveur. -Vous devriez avoir honte, leur lança Vîpapa, le plus vieux des nutons; soyez encore contents d’avoir de la viande à manger. Cela n’a pas toujours été le cas au pays des nutons. – Ah, oui, racontes ! – Quand j’étais jeune, Napoléon menait la guerre partout en Europe. Il réquisitionnait non seulement les hommes mais aussi le bétail et toute sorte de nourriture. Quand nous avons voulu nous marier, il n’y avait plus le moindre bout de viande dans la contrée, et le gibier, braconné par tous était devenu fort rare. Nous avons bien été obligés de n ous contenter d’un pâté d’oseille. Mais il nous a bien goûté, car le coeur y était.

 

Recette :

pommes de terre, beurre, oseille, pâte feuilletée, sel poivre

Faire une purée de pommes de terre bien sèche. En garnir les parois et le fond d’un moule beurré. Étuver l’oseille et bien l’égoutter. Y ajouter un peu de beurre et la tasser au centre de la purée. Recouvrir le tout avec un couvercle de pâte feuilletée badigeonnée de beurre fondu. Cuire au four jusqu’à l’obtention d’une pâte dorée. »

(c) Lalie Solune (c) Jacques sacré pour l’extrait du livre

Soupe des bois printaniers

De retour d’une agréable promenade dans les bois en ces fêtes de printemps, je profitais de ma cueillette pour alléger un peu les repas de retrouvailles familiales (car le Vieux, mi-ours mi-sanglier est le roi du pâté, des charcuteries et des saucisses) et retrouver un goût plus végétal et sauvage…

 

Voici un bon saladier de feuilles de pissenlit accompagnée d’une poignée de feuilles de primevères sauvages et de deux brins d’ortie mis à tremper dans de l’eau avec quelques gouttes de vinaigre.

Cueillies par temps sec et, surtout, avec modération : une feuille sur cinq uniquement, au fil du chemin afin de ne pas dépeupler les sites et transportés dans un sac de coton tissé. Les feuilles sont gentiment secouées pour faire tomber toute petite créature qui sera toujours mieux dans la forêt que dans un sac ou, pire encore, dans un évier ou une marmite… Les gouttes de vinaigre permettent d’éliminer les éventuelles pollutions, la principale étant la pisse animale (humains inclus, certains ne font pas attention…), puisque ce bois était loin de tout champ cultivé ou pâturage.

Après trempage, pour bon usage pose une grande planche de bois sur laquelle les feuilles égouttées seront hachées au couteau. Dans la marmite où un peu d’ail est posé sur fond d’huile, jette ces morceaux de feuilles avec quelques grains de sel et de poivre. Sur petit feu et sous couvercle fais transpirer. Ajoute l’eau pure lorsque les feuilles ont aspect ramolli et baignent dans leur propre jus. Laisse le feu grandir un peu et sers sitôt que porté à ébullition avec du pain ou mieux encore, des croûtons pas trop gras.

 

Et avec les fleurs des pissenlits…

 

 

Un sirop pour l’hiver…

 

(c) Lalie Solune

Risotto d’asperges vertes

Nettoie de belles asperges et découpe-les en tronçons en préservant avec respect les pointes priapiques de ce souterrain légume… Verse un peu d’huile d’olive vierge dans une sauteuse en fonte et ajoute une gousse d’ail écrasée, quelques oignons nouveaux émincés, les tronçons fins d’asperges, sauf les pointes préservées. Fais transpirer ces légumes, en les faisant sauter.

Verse du riz arborio accompagné d’eau en suffisance pour avoir un ensemble immergé, jette sel en pincée et poivre pour assaisonner. Pose couvercle et demande au feu de se faire doux. Laisse cuire et ploploter gentiment quelques dix minutes avant de rajouter 7 fois 7 brins de safran et les pointes d’asperges pour les dix dernières minutes.

 

(c) Lalie Solune

Cycle des floraisons – Avril

Avril prolonge le temps de l’équinoxe.

Pour les chrétiens, c’est Pâques et les œufs en chocolat sont prétexte à des jeux aux jardins… Les asperges poignent et sont bonnes à manger, les oignons « verts » nouveaux prennent leurs aises dans la terre et étirent leur verdure vers le ciel, les feuilles se déploient et grandissent, les fleurs de la fin mars sont toujours là mais bourgeonnent déjà celles de l’aubépine de mai et s’épanouissent les premières du fraisier, tandis que les tulipes étalent leurs couleurs. L’ail de printemps commence à se montrer dodu, encore un tout petit peu de patience… Les fèves débutantes et les cosses de petits pois vert tendre font les fiers et ont de quoi. L’ail des ours va bientôt fleurir, il est temps de finir ta récolte. L’oseille fait la belle et exhibe ses jeunes feuilles. La cive est là, profites-en. Le thym et le romarin sont en fleurs dans la garrigue, la petits artichauts de Provence commencent à être récoltés. Dans les Pyrénées, c’est bientôt le temps des morilles.

Les pousses de basilic, de bourrache, d’aneth se montrent déjà, coquettes et bientôt assez grande pour pouvoir être généreuses…

 

(c) Lalie Solune

Omelette au cresson

Lave et trie une petite botte de cresson en privilégiant les feuilles, les tiges peuvent aller dans la soupe. Hache-les brièvement au couteau ou découpe-les en tout petits morceaux à la main. Choisis cinq ou six œufs de gaie poulette rousses et casse-en deux dans un saladier. Ajoute les jaunes des autres aux deux premiers, en prenant soin de garder leurs blancs dans une assiette creuse. Fouette les œufs entiers mélangés aux jaunes. Ajoutes-leur le cresson et un peu de poivre si tu veux, ou encore un peu de sel (moi pas, mais fais ce que voudras). Fouette les blancs mis de côté en les faisant bien mousser. Mêle tout ensemble en souriant. Cuis cette omelette en la faisant saisir à souhait de croustillance, à la poêle et dans une huile végétale. Sers avec une salade de jeunes feuilles printanières.

Petit « truc » pour retourner l’omelette : pose sur la poêle un couvercle plat ou une assiette plate assez grande pour tout recouvrir, pose ta main à plat dessus et maintiens fermement, saisis la queue de la poêle et retourne d’un seul coup, fais ensuite glisser l’omelette dans la poêle…

 

(c) Lalie Solune

Petit précis de cuisine elfique

Un très beau livre édité dans la collection « Avis de tempête » par Au Bord des Continents

Les textes et recettes sont de Laurence Germain, les calligraphies et peintures sont de Yannick Germain

 

« Il fut dit que lorsque humanerie tiendrait nourrissement en grand oubliement le livre des mangeries un des leurs découvrit »

Tout commence par la découverte d’un grimoire : le Petit Précis de cuisine elfique, légué dans une cachette par un « lutin gourmet et marmouset de grande renommée », car les hommes « sont en péril de malevie » et « perdent le goût »…

Chaque recoin de page de ce livre est une véritable oeuvre d’art et les recettes qu’il contient, si l’elfique fantaisie guide leur écriture et si l’admiration des pages peut vous envoûter au point de n’avoir plus le temps que de vous faire deux tartines, n’en sont pas moins de vraies recettes, données dans l’ordre saisonnier, même s’il faut n’être point craintif du sable pour essayer la recette des moules façon Tud-Gommon (ce que je suis prête à essayer à la première occasion venue, et si elle se présente, je vous dirai ce qu’il en est) ou si la recette d’escargots du Droug Speret (mi loup-garou, mi surmulot) me semble fort facétieuse… Vous y trouverez, entre autres : Flastrennée de fèves fraîches des fées follettes pour le printemps, délices de souperise pour l’été, sandre aux cèpes pour l’automne et le fameux Croquenfarce de Maît Jean pour l’hiver…

 

(c) Lalie Solune

 

En ce début du mois d’avril, ce blog s’enrichit de la présence d’une personne que j’estime et tiens pour fine truffe et patte habile en bien des domaines.

 

Merci d’avoir accepté de te joindre à cet almanach, Sara Strega !

Le Pissenlit

Taraxacum Officinal

Saison : pendant la saison claire, de l’équinoxe de printemps à l’équinoxe d’automne, on commence par récolter feuilles et fleurs et on finit par les racines, à l’automne.

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Excellent pour le foie, la vésicule biliaire, dépuratif sanguin, le pissenlit aide à lutter contre les troubles du foie, la paresse rénale, les troubles circulatoires (varices), les rhumatismes et la goutte. C’est un bon remède contre la jaunisse. Il est aussi efficace contre certains eczémas, fait significativement baisser le taux de cholestérol et éclaircit le teint.

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Les feuilles se mangent crues, en salade, lorsqu’elles sont jeunes et cuites lorsqu’elles sont plus coriaces, les boutons de fleurs se mangent cuits à l’eau ou à l’étuvé, les fleurs épanouies se mangent telles quelles, en confitures, cuite ou macérées dans du vin. Les racines, souvent fines et très longues, allant profondément sous la terre, servent à faire boisson ou décoctions.

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C’est une plante très mellifère (en d’autres termes : les abeilles adorent les butiner) et hermaphrodite, dont la fleur évoque le soleil et à laquelle la forme de ses feuilles a donné le nom « dent de lion ». Les « graines » (en fait les akènes) forment une boule blanche sur laquelle on souffle soit pour savoir « quand on se mariera » soit, ainsi que je l’ai pratiqué enfant pour faire un voeu : si toutes les graines s’envolent il se réalisera, à condition de la garder pour soi…

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(c) Lalie Solune