Le sel de mer

J’ai une grande affection pour le sel marin avec ses cristaux blancs ombrés de gris, tiré des glauques profondeurs. Il est une véritable et vénérable bénédiction. C’est le minéral purificateur par excellence. Chargé de l’énergie des entrailles de la vaste mer, de l’océan, il est rejeté sur les plages par les flots et/ou extrait par évaporation dans les salins. En France, les plus réputés sont : Noirmoutier, Guérande et Giraud en Camargue. Je ne saurais trop recommander d’utiliser un sel aussi peu raffiné que possible, bien sûr il est grisâtre mais ce n’est pas plus mal, bien au contraire… Ses usages sont nombreux, tant en cuisine qu’en magie, pour le nettoyage matériel et immatériel.

* En cuisine : Il relève le goût des aliments mais ne pas en abuser, c’est le respecter. OU du moins l’adapter à vos besoins, c’est vous respecter vous-même… De plus, lié à l’élément eau, il favorise la rétention d’eau (et donc la cellulite) et son abus provoque l’élévation de la tension artérielle. Pour ma part, je sale le moins possible à la cuisson, sauf accident… Certaines personnes, elles ont un plus grand besoin de sel. Gnoti se auton, comme disait l’autre, « Connais-toi »… 🙂 On dit d’ailleurs dans ma région d’origine, et je crois que c’est partagé dans de nombreuses régions, de ceux ou celles qui ont trop salé un plat, qu’ils sont amoureux. Je préfère laisser chacun doser à sa convenance.Car le sel est comme la parole : il est toujours possible d’en rajouter, mais jamais de le retirer.

Il est à noter cependant que les sportifs et les gens qui ont une activité physique soutenue et qui transpirent beaucoup ont un besoin plus élevé en sel. Il est inégalable pour la conservation de certains aliments, en particulier les chairs animales (charcuteries, anchois…) mais aussi les conserves de légumes. Il aide à faire lever la pâte également (merci de m’avoir signalé mon étourderie, Strega !)

En signe de respect pour lui, je le garde dans un bocal en verre et j’ai consacré au service du sel chez moi une petite cuillère en bois d’olivier.

*En magie : il absorbe les énergies néfastes, c’est pourquoi on l’utilise comme élément de bannissement ou de purification. Place un bol de sel au centre du lieu que tu veux purifier ou un sachet dans un endroit où circulent de mauvaises énergies. Le sel de bannissement est mêlé d’autres éléments. Une fois utilisé, chargé des mauvaises ondes, on peut soit l’enterrer (cependant, attention, bien qu’on n’ait en magie jamais besoin d’en utiliser de grandes quantités, il stérilise la terre) ou le jeter dans une eau courante capable de le disperser. On l’utilise pour former un cercle protecteur lors des travaux magiques. On peut également l’utiliser sur soi, que ce soit dans le bain ou en friction (douce) mélangé à d’autres éléments pour se purifier.

Pour un exemple de bénédiction Asatruar du sel de protection, vous pouvez consulter le blog de Hagel.

*Dans l’habitation : Les fourmis ne franchiront pas une ligne de sel, en tout cas pas jusqu’au bout, j’ai ouï dire que « ça les brûle » et quelqu’un m’a affirmé un jour que cela était du à une réaction chimique avec l’acide formique contenu dans le corps des fourmis. Il est donc souvent conseillé d’en mettre sur leurs lieux de passage lorsque tu veux les empêcher d’entrer dans la maison.Sache que mon expérience m’a prouvé qu’il faisait office de véritable arme chimique, il affole donc les fourmi et provoque un signal d’alerte. Ce qui explique que, si elles ont déjà leurs voies habituelles tracées chez toi, jeter du sel aura pour conséquence de toutes les faire sortir pour le combat. La craie semble être un repoussoir plus pacifiste et efficace (merci pour ce conseil efficace et amusant, Charlotte Dubois !), mais de courte durée, en tout cas chez moi. Pour repousser les fourmis je n’ai à ce jour pas trouvé mieux que l’HE de cannelle. Mais c’est là un autre chapitre…

Le sel a la réputation d’absorber le vin rouge renversé sur les tissus, cependant, d’après une grand-mère à qui je fais confiance, il « cuit » en même temps le vin qui devient alors plus difficile à faire partir au lavage. On s’en sert d’ailleurs pour fixer les couleurs sur les tissus. Il sert aussi à la confection d’un liquide nettoyant pour les surfaces domestiques, notamment les surfaces carrelées.

L’eau salé gèle moins facilement (quand la mer est gelée, tu peux vraiment t’inquiéter) et bout à plus haute température que l’eau douce, ce qui explique qu’on mette une pincée de sel pour avoir un bouillon plus vif lorsqu’on fait cuire des pâtes sèches.

*Bienfaits pour le corps : Une lotion salée en friction sur le cuir chevelu aide grandement à lutter contre les pellicules (la preuve : a-t-on déjà vu un surfeur avec des pellicules ? Et à plus forte raison un mari-morgan ? Mais je m’égare encore…) Un bain salé détend et purifie, nous l’avons vu, mais aussi relaxe les pieds fourbus.

*Coutumes et symbolique : Chez les Slaves, dans la société paysanne ancienne, lorsqu’on recevait de la visite, on offrait traditionnellement « le pain et le sel », les plus hauts symboles de l’hospitalité. On présentait la miche de pain, que l’invité devait alors se trancher en signe d’acceptation et de reconnaissance, accompagnée d’une coupe ou d’un petit bol de sel dont le visiteur prenait une pincée dont il saupoudrait (c’est la cas de le dire) son pain avant de le manger. Cependant, historiquement les Slaves éloignés des rivages utilisaient plus fréquemment du sel gemme (issu de mines terrestres) que du sel marin. Une coutume similaire existe en Corse.

(c) Lalie Solune

Infusion de purification printanière

Pour un demi litre d’une eau de source que tu auras recueillie en échange d’un bout de ruban, d’une chansonnette, d’une pensée aimante ou d’une confiserie en offrande, jette dans ton pot à thé une petite poignée de feuilles d’ortie, une pincée de thé vert de Chine, cinq feuilles de Gingko biloba et une pincée de feuilles de vitis vinifera. Laisse infuser dans l’eau chaude au moins cinq minutes et bois le matin à jeun et autant qu’il te plaira au cours de la journée. Ton corps de lui-même se nettoiera, ton sang vif et guilleret circulera, ton teint de nouveau s’éclaircira…

(c) Lalie Solune

L’Ortie

Urtica dioica

Urticante en surface et purificatrice en usage interne, l’ortie permet, au printemps, de nettoyer l’organisme. Elle chasse le « mal » – que je mets entre guillemets car le mot est à prendre dans tous les sens du terme, puisqu’elle chasse aussi les esprits mauvais-, mais elle est, son nom l’indique, urticante : il faut donc savoir l’approcher pour ne pas s’y piquer… c’est l’une des raisons, sinon la raison pour laquelle cette « mauvaise herbe » est souvent, à tort, perçue négativement. Sache tout de même que lorsqu’elle est mouillée, elle pique peu ou pas ou bien beaucoup moins; et que ses poils urticants ont un sens dans lequel ils piquent, l’autre pas.

Pline la mentionne comme un « aliment qui n’est pas désagréable » et qui « est l’objet d’une superstition pour beaucoup, qui pensent par là se préserver de maladies pendant toute l’année ». L’ortie, de fait, préparée en décoction ou en macération dans un vin, purifie le sang, nettoie le système digestif et les reins, est antidiabétique, hémostatique, antianémique et fortifiante. Elle est efficace également contre les affections de la peau, particulièrement l’acné et l’eczéma. Elle renforce le cuir chevelu, l’assainit et aide à éliminer les pellicules, elle ralentit la chute des cheveux.

Elle est excellente en cure de printemps.

On la récolte à la saison claire, du début du printemps à la fin de l’été, avant la montée en graines. Attention cependant à laisser les graines qui ont la réputation d’être, à forte dose, toxiques, mais qui surtout (à mon sens) permettent aux oiseaux de se nourrir à l’automne.

Il y a cependant là un choix à faire : cette mauvaise herbe est considérée comme telle car elle se reproduit très bien et peut devenir envahissante, il est tout aussi possible de la considérer comme généreuse car foisonnante et fournissant un engrais végétal précieux pour la culture : le purin d’ortie.

Sources : La Pharmacie du bon dieu Fabrice Bardeau, éd. Stock

          Mes Bonnes plantes et mes bonnes herbes Pierette Nardo, éd. Rustica

des observations personnelles…

(c) Lalie Solune

 

 

Cycle des bourgeonnements – Mars

De l’équinoxe de printemps aux premiers jours d’avril, tandis que les bouleaux et les aubépines bourgeonnent, que les saules et les peupliers portent leurs chatons comme des bijoux précieux, que les abeilles sortent d’hibernation, tu pourras recueillir l’eau de source enchantée, la purificatrice sève de bouleau; tu pourras récolter avec gratitude et discernement :

cresson, pousses d’orties, pousses et feuilles précoces d’épinards, primes roquettes, fleurs et feuilles de primevères, nouvelle ciboulette, romarin fleuri, jeune chicorée, brins de doucette, premières feuilles de lierre terrestre, violettes, pâquerettes et pissenlits. Le peuple des mousses pourra sans doute t’accorder : agarics à deux spores, pleurottes en huître, mousserons, marasmes des oréades, truffes du Périgord…

 

(c) Lalie Solune

 

Potage lutin de cresson

Chatouille une botte de cresson pour faire tomber ses mauvaises feuilles aigries. Profites-en, elle ne peut pas bouger… Fais chauffer un peu d’huile d’olive, ou du beurre si tu est un(e) incorrigible nordique, tu es chez toi, fais ce qu’il te plaira. Pendant que le cresson se marre, profites-en pour le passer à l’eau courante et le jeter sournoisement dans la marmite ; bouche-toi les oreilles quand il entre en contact avec la matière grasse brûlante. Au passage, colle-lui un couvercle aussi, on ne sait jamais. Avant, pendant ou après, ça te regarde, jette là-dedans une pincée de sel (du marin, du vrai, pas de bêtise, hein ?) et un peu de poivre. Laisse tout ça sur le feu un petit moment. Noie ensuite la mixture avec de l’eau pure et laisse la soupe cuire à couvert sur un feu très doux.

Utilise ton flair pour savoir quand c’est prêt et mixe avant de manger proprement et avec des croûtons.

*si le mixer te répugne ou fait trop de bruit dans ton immeuble à l’heure indue à laquelle tu manges, hache donc le cresson au couteau après l’avoir chatouillé… ça lui apprendra.

 

(c) Lalie Solune

Velouté de radifeuilles

Et avec les fanes des radis dégustés en accompagnement des muffins…

Triées et rincés, les vertes feuilles seront jetées sur une huile d’olive chaude où aura rissolé de l’ail pressé.
A couvert et doux petit feu, on les aura laissé fondre avant de les arroser d’eau de source et sel et poivre et sourire.
Tout cela ensuite va ploploter bien gentiment sous le couvercle, frémir tout doucement à l’abri, comme dans sa coquille d’œuf, celui d’avant la poule.
Puis, avec l’instrument qui te conviendra le mieux, tu mixeras le tout pour obtenir un velouté clairet et l’agrémenter de deux bonnes grosses cuillerées (mesurées chez moi à la spatule en bois)
de mascarpone diluées à feu moyen…

(c) Lalie Solune

Tarte aux vertes feuilles du printemps

Coupe trois oignons verts nouveaux en petits morceaux et hache grossièrement au couteau deux bonnes poignées de feuilles de radis bien lavées. Fais-les transpirer dans une huile végétale neutre (arachide ou tournesol) avec un peu de poivre noir. Fouette un œuf dans un grand verre de lait et mêle les légumes au liquide. Verse la garniture dans une pâte à tarte. 

Saupoudre d’un peu de fromage sec râpé (tomme de brebis, Parmesan…) et de trois généreuses pincées de safran. Confie cette tarte à ton four chauffé et réglé à 200° c. pendant une demie heure, en prenant soin de la couvrir au début de la cuisson afin que le safran ne sèche pas, mais en laissant l’air circuler pour ne pas qu’elle mollisse.

(c) Lalie Solune

Muffins au pollen

Muffins au pollen de fleur accompagnés de radis roses frais*

Effeuille dans un bol des pétales de soucis, la fleur qui suit le soleil.
Tamise 100 gr. de blanche farine mêle-la à 5gr. de poudre à lever.
N’oublie pas qu’il peut encore neiger…

Ajoute 125 gr. de ricotta et saisis-toi de deux œufs de poules qui ont gambadé gaiement à la percée des pissenlits.
Prends une épingle à grosse tête avec laquelle tu perceras un trou en haut de l’œuf et en bas, agite-le bien
et, maintenant, souffle pour en faire sortir le contenu. Patientes, le blanc est un peu difficile à faire sortir au début mais ça viendra et tu pourras ensuite garder les coquilles pour les décorer et les suspendre avec un fil.

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Mélange bien avec trois cuillère à café d’huile de ton choix, pour moi c’était un mélange arachide-olive.
Ajoute les pétales de fleur, râpe une bonne carotte avec une râpe à gros trous, mélange encore.
Saupoudre d’une cuillère à café de pollen de fleur.

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Répartis la pâte dans les six emplacements de ton moule à muffins et cuis à 180°c. pendant 20 minutes.
Sers tiède ou froid avec de la salade de jeunes feuilles, des radis et un vin blanc à caractère minéral, un aligoté par exemple.

Que le printemps déploie ses pétales !

(c) Lalie Solune

* Pour une utilisation des fanes de radis voir ici ou ici

Chair et chère

La question animale demeure : Tuer ? Ne pas tuer ? Manger ? Ne pas manger ?

 

À chacun selon sa conscience.

Reste à être clair sur les définitions : un végétarien est quelqu’un qui ne mange pas d’animal mort, quel que soit cet animal et quelle que soit la façon dont il est mort. Ceux qui ne mangent pas de produits issus des corps animaux du tout sont des végétaliens, ceux qui n’utilisent jamais aucun produit issu de l’exploitation des animaux sont des végans.

Pour ce qui me concerne, je ne suis pas végétarienne. Il m’est arrivé d’avoir des périodes plus ou moins longues de végétarianisme tout à fait assumé, ni plus ni moins, et ça m’arrivera sans doute de nouveau. J’aurais horreur d’un monde où règnent en maître absolus les végétariens, comme j’ai horreur d’un monde où règnent en maîtres absolus les viandards. Un juste milieu serait bienvenu, je trouve. Ne pas gaspiller, surtout quand il s’agit de la vie d’un être me paraît fondamental. Garder à l’esprit qu’un bout de viande a forcément été partie d’un être vivant me semble être le moindre des respects. Respecter cette vie de son vivant et au moment où on lui donne la mort par besoin ou nécessité en évitant le plus possible le faire souffrir, respecter cette vie en faisant en sorte qu’elle ne soit pas sacrifiée pour rien ou si peu, cela me paraît fondamental. Une pensée de gratitude pour l’animal qui a donné sa vie pour nous nourrir me semble être la moindre des choses.

L’Almanach se concentre principalement sur les divers végétaux cependant je n’exclue nullement la présence de la chair animale ni dans les indications saisonnières, ni dans les recettes.

À chacun selon sa conscience.

 

« Qui veut carnasser en conscience apaisée, doit avant tout remercier l’animal qu’il s’apprête à goûter ; une oraison pour son âme sera appréciée car vivant son esprit pourra rester et de ses ancêtres rejoindra la grande assemblée. »

Yannick et Laurence Germain Petit précis de cuisine elfique

Terroirs

Le but est ici de répertorier quand se récolte ce que nous donne la terre, ce dont nous nous nourrissons. Reste l’évidence suivante : un terrain familier vaut toujours mieux que de longs discours, et même que de brefs discours. Or, je ne suis pas à la campagne, je ne peux pas prétendre observer de façon suivie la vie des produits de la terre. Je me rapporte donc aux terrains que je peux côtoyer occasionnellement : la Bourgogne et la Bretagne, ce qui donne un ensemble climatique assez cohérent, ainsi que le sud-ouest et la méditerranée. Je tâcherai, chaque fois que c’est possible, d’indiquer le type de climat concerné.

Je n’exclus en aucun cas la cuisine d’autres régions du monde, mais si quelques recettes slaves, scandinaves, irlandaises, maghrébines, balkaniques, antillaises, moyen-orientales, et j’en passe… peuvent éventuellement pointer dans cet almanach, ma priorité quand aux récoltes restera axée sur ces régions.

À ceci s’ajoute cette réalité heureuse : les saisons ne sont pas des mécanismes d’horlogerie et la nature fait ce qu’elle veut (et ce qu’elle peut, aussi…) Un décalage plus ou moins important de une voire trois semaines peut toujours avoir lieu et peut aussi exister pour certains végétaux et pas d’autres au même moment. Mon choix est de donner les périodes d' »apogée » pour la récolte, tant mieux si c’est plus long parfois ou en certains lieux.

 (c) Lalie Solune