Pour cette préparation, il te faudra fréquenter les haies de prunelliers, les épines noires, les plus infranchissables qui soient parmi les haies, refuges des oiseaux et leur garde manger hivernal, refuge de petits animaux, gardienne contre les chasseurs et les prédateurs.
A l’automne, ses jolies baies d’un noir bleuté légèrement pruinées luisent et égayent les débuts de la saison sombre. Le mois noir est celui de ces fruits, parmi les derniers qui se cueillent avant la bascule de l’année vers le plus sombre… Juteux et frais, encore pimpants, ils sont d’une âpreté à faire fuir les amours qui ne seraient pas assez purs et solides… Puis, la saison avançant, ils se confisent sur la haie, se flétrissent joliment, se ratatinent et sèchent, s’ils ne sont pas dévorés par les oiseaux ou cueillis de ta main.
Le prunellier, ainsi, étend les portes de la saison claires, les étirent comme peut parfois s’étirer le feu du crépuscule du soir à l’ouest sur la mer. L’épine noire, ainsi, est la première à fleurir et la dernière à nourrir.
Quand tu auras cueilli des prunelles en suffisance, disons une livre, en prenant garde de ne pas te piquer, remercie le joli prunelier de la haie.
Si les fruits n’ont pas gelé, mais que tu veux les cueillir encore bien gorgés et pas ratatinés, avant que les oiseaux n’aient tout picoré, tu peux les passer une demie journée ou plus, au congélateur.
Une fois dégelés, pique chacune des prunelles huit fois d’une aiguille en chantonnant ce qui te chante et pose dans un récipient qui te convient, bouteille ou bocal.
Ajoute une demie livre de sucre et verse dessus 1 litre de gin.
Remue bien et beaucoup.
Remue encore ardemment.
Pose dans le noir dans un lieu tempéré et va rendre visite chaque jour aux petites baies qui macèrent pour les agiter. Au bout de deux lunes, tu pourras les agiter une fois par semaine, choisis ton jour ou demande leur. Après une lune, tu pourras les agiter à chaque lune, selon ta préférence la noire ou la blanche. C’est le minimum de maturation qu’il leur faut. Goûte si tu le souhaite, mais attention… attention à toi…