Nids d’abondance

Lorsqu’arrive l’automne et que les prunes violettes sont mûres, cueilles-en une vingtaine si elles sont grosses ou, mieux encore, si tu as des questches petites et acidulées, cueilles-en une petite trentaine.

Rince les soigneusement si besoin t’en ressens et va-t-en chauffer 250 ml de bon lait tout frais de sorte à le faire gentiment tiédir.

Choisi ton récipient à levure et dépose dedans un lit fait d’une cuillère à soupe de farine et d’autant de sucre afin d’y coucher ta levure vive, de boulanger sèche ou fraîche à quantité de 20gr. Verse lui délicatement 100 ml du lait tiède, touille affectueusement et laisse mousser en paix, pétiller en silence.

Fais fondre 100 gr de saindoux avec 100gr de beurre salé, si tu n’as pas peur des vieilles traditions fermières du coeur de l’Europe tu peux même opter pour le seul saindoux. Libre à toi, autrement de remplacer ces ingrédients par une matière grasse végétale, mais ce sera alors à toi d’adapter ton résultat selon tes choix. Sépare ensuite la matière grasse en deux parts égales.

Au creux du récipient à pâte pétrie que tu affectionnes le plus, verse 500 gr de farine, idéalement un mélange de fluide et semi-fluide, mais la plus courante convient très bien. L’automne est une saison d’ajustements avant les fêtes de mémoire et de préparation à la renaissance. Ajoute 80 à 100 gr. de sucre en poudre, une cuillère à café de sel fin, le reste du lait tiède (150 ml), la moitié du mélange beurre-saindoux, un oeuf et enfin, la levure mousseuse.

 

Pétris au moins 15 minutes jusqu’à ce que tu puisses décoller la pâte et jouer en l’air avec elle entre tes mains.

Recouvre la ensuite d’un tissu aux couleurs des feuilles mortes et laisse lever au chaud 45 à 60 minutes.

Avant de reprendre, dénoyaute les prunes.

Etale tendrement en abaissant un peu, pas à moins de 5 mm, elle doit encore pouvoir être travaillée sans craquer. Si elle est assez souple, tout sera facile.

Découpe des carrés de pâte. Pour ma part, je dépose ma main pour prendre la mesure.

Patte sur pâte, de jolis petits carrés seront ornés d’une moitié de grosse prune ou d’une petite questche sans noyau, saupoudrée d’un peu de sucre, puis refermés le temps d’un sourire et roulés en boules entre les mimines. Il ne reste qu’à déposer chaque boule sur une plaque ou bien dans un plat rectangulaire, beurré et fariné et badigeonner du reste de saindoux-beurre. S’ils sont u peu serrés et se tiennent chaud c’est bien comme ça.

Confie aux bons soins du four pendant 30 minutes (170°C.)

Sitôt sortis tout chauds dorés, saupoudre généreusement de sucre glace.

Ainsi seront ces nids moelleux : dorés comme soleil d’automne, saupoudrés des givres à venir, aux coeurs sombre et violet comme l’amorce des longues nuits.

Abondance de joies et de réconforts à vous !

Joyeux Mabon !

 

(c) Lalie Solune

 

Caramel de Mabon

En fait de caramel, il s’agit plutôt d’une sorte de butterscotch. Mon père le nomme caramel mendiant à cause des fruits secs, cependant je préfère quant à moi l’apparenter à Mabon car il m’évoque l’abondance et le début d’automne.

mendiant

Dans une casserole qui ne craint plus grand-chose, fais caraméliser 500g de sucre fin (juste le temps qu’il fonde, attention, ça brûle vite), ajoute ensuite le même poids en beurre (on n’a jamais prétendu que c’était une recette légère). Mélange bien ce beau caramel blond et enfin verse dedans 250ml de crème liquide.

Pour agrémenter ton caramel, pioche dans cette liste de fruits (plus il y en a de diverses sortes, mieux c’est) :
– Pignons de pin
– Noix
– Noisettes
– Amandes
– Raisins secs
– Pruneaux
– Abricots secs
Ou d’autres fruits qui te feront envie…

Il est d’usage de servir ce caramel chaud avec de la glace à la vanille, c’est idéal pour les soirées encore douces de septembre ; mais si tu n’aimes pas le contraste entre le chaud et le froid, tu peux remplacer la glace par une banane coupée en morceaux. Tu peux aussi en garnir des tartelettes de pâte sablée que tu auras fait cuire à blanc. Il vaut mieux alors les servir tièdes.
Ce caramel peut se conserver quelques jours. Il est normal qu’une pellicule de beurre se forme à la surface et qu’il épaississe. Il suffit de le réchauffer et de bien le mélanger.

Sara Strega

Chaudronnée de Mabon…

..ou doux ragoût pour ces temps incertains qui nous font lentement glisser vers la saison sombre.

Entre les temps et les saisons, entre le jour et la nuit, dans les lueurs rougeoyantes du crépuscule, j’errais sans bruit dans le bois. Et je suis arrivée, alléchée par un délicieux fumet miellé, dans une minuscule clairière.
Deux femmes s’y trouvaient. La Vieille, assise sur un banc près de l’entrée de sa demeure, me fixa de son regard perçant et m’invita d’un geste à m’avancer. Je m’arrêtai près des flammes et de la Mère qui s’affairait près du chaudron. Elle me sourit et tendit sa cuillère avant de s’assoir à mes côtés, posant la main sur son ventre arrondit.
C’est là, pendant que je touillais pour elles le contenu du chaudron, qu’elles m’apprirent cette recette.
Et c’est en leur honneur qu’aujourd’hui je te la transmets à mon tour.

Fais revenir un oignon rouge et un morceau de gingembre finement émincé dans de l’huile d’olive. Quand ils seront devenus translucides ajoute une cuillère à soupe de miel (choisis-en un au goût très prononcé). Mêle bien le tout, laisse le miel enrober l’oignon et le gingembre, puis ajoute des tomates (fraîches ou alors du coulis).
Laisse ta sauce épaissir un peu, ajoutes-y de l’origan, du sel, du poivre et du curcuma en poudre (si tu veux l’utiliser frais, ce qui est mieux, attends alors que la cuisson soit sur la fin et préfère-le râpé.)

Quand la sauce aura suffisamment mijoté, plonges-y tes légumes, du potiron (ça marche aussi avec le potimarron,) des carottes, des pommes de terre, des navets, mais également des cèpes si Mabon se montre généreux.
Mêle bien le tout pendant une bonne minute avant de rajouter un peu d’eau bouillante, puis laisse ton ragoût mijoter sagement.

Gâteau des feuilles mortes

La mesure se prend avec un pot de yaourt (généralement d’une contenance de 125 gr.)
Un pot de yaourt nature ou de faisselle bien égouttée
Un pot de liqueur de lilas bien sucrée
Un pot de miel
Cinq pots de farine
Deux pots de beurre demi-sel fondu
Trois oeufs frais
de la levure
Des graines de pavot à volonté
Des pignons de pin à volonté
La pâte doit être fluide sans être complètement liquide
Il suffit ensuite de la verser dans un moule beurré et fariné (pas trop haut et relativement large de préférence) de se lécher les doigts et d’enfourner à four préchauffé
Puis de laisser cuire à 140°C (275°F) pendant une bonne heure sans ouvrir le four
Lorsque vous êtes enchanté par l’odeur, que la chose est dorée comme la Lorien à l’automne et que la pointe fine du couteau vous montre que l’intérieur en est moelleux et sec,
vous pouvez le sortir le laisser refroidir en déposer un bout en offrande
et déguster entre amis les plaisirs de l’automne.

(c) Lalie Solune