Liqueur de verveine

En prévision des hivers les plus longs et rigoureux, n’oublie pas, soeurcière, de mettre un peu d’été en bouteille.
Quand tu iras récolter la délicieuse verveine citronnelle pour tes tisanes, tes sorbets, tes biscuits et autres délices, garde quelques feuilles fraîches (toujours un nombre impair, bien entendu) pour en remplir au moins le tiers d’une grande bouteille en verre. Recouvre le tout d’un bon litre d’eau-de-vie de fruits, mélange très légèrement et cache soigneusement à l’abri des lutins trop curieux et plus encore gourmands.
Pendant quarante jours laisse infuser les feuilles loin des rayons du soleil, mais remue de temps en temps, toujours avec délicatesse, et surtout apprécie la très belle couleur verte et si vive que prendra l’alcool.

Une fois ce temps magique écoulé, laisse infuser d’autres feuilles de verveine dans le demi litre d’eau qui te servira à faire ton sirop. Sauf si tu as été plus prévoyante que moi l’hiver dernier et que tu as dans ta réserve un sirop de citron suffisamment sucré et épais qui puisse faire l’affaire. Si ce n’est pas le cas, tu te contenteras de sirop vanillé, ce qui n’est pas plus mal.
A ton infusion de verveine ajoute 400g de sucre roux et une gousse de vanille fendue en deux. Laisse épaissir à feu doux plus que pour un sirop ordinaire. Qu’il soit presque du caramel; parfumé, délicieux, enivrant…

Filtre l’alcool pour le débarrasser des feuilles qui lui ont laissé tout leur parfum et adjoins-lui le sirop une fois que celui-ci aura refroidi.
Brasse soigneusement le tout.
Remplis tes bouteilles, oublie-les encore une fois loin du soleil et des pillards (remue-les quand même un peu de temps en temps) pendant au moins quarante jours et si tu as de la patience et que tu attends plus encore tu en seras plus largement récompensée.

Et l’hiver prochain tu auras en bouteille un peu d’été à partager avec tes amis pour chasser la grisaille, les vilaines bronchites et oublier parfois que le temps, comme la nuit, s’étire infiniment.

(c) Sara Strega

Boisson « Fin d’hiver »

Quand les jours et les nuits redeviennent presque égaux, même si le soleil n’étend encore sur la terre que de frileux rayons, il est bon de sortir de la torpeur hivernale pour de longues promenades. La marche est pourvoyeuse d’harmonie, elle aide l’âme à construire son cheminement intérieur. Marcher met l’imagination en branle et, pour qui sait observer, offre de belles découvertes. Au mois de mars, quand la nature s’éveille langoureusement comme un chat qui s’étire sous le soleil, j’aime aller par les chemins à la recherche de ma propre vitalité. Une infusion à la fois bienfaisante et tonique est alors une douce compagne quand je m’arrête pour méditer à l’abri des roches de granit.
Pour deux tasses d’eau, mêle dans ton chaudron bouillonnant une cuillère à café de menthe poivrée séchée, une autre de citronnelle, une de verveine citronnelle (ou cinq feuilles si elles sont entières), un peu de tilleul et du jus de citron selon ton goût (j’en mets personnellement deux cuillères à soupe).
Si tu souhaites remplacer un de ces ingrédients, fais confiance à la douce mélisse…
Et si de cette infusion tu préfères faire un thé, choisis soit du long jing, soit du matcha pour l’accompagner.
Cette boisson, suave et tonifiante, est toujours la bienvenue après une longue marche, à la fois pour se désaltérer et s’apaiser. En la sirotant doucement en pleine nature, on profite plus pleinement encore de la quiétude harmonieuse que peut offrir la méditation.

(c) Sara Strega