Risotto automnal.

La sorcière se glisse subrepticement dans sa cuisine et aussi vite que deux et deux font quatre, elle remplit d’eau un chaudron (deux à trois litres, selon la quantité de riz), y jette du basilic (avant que l’automne ne lui vole ce plaisir), de l’origan, du thym et un peu de sel. Pendant que sa décoction chauffe doucement, elle coupe deux oignons, deux ou trois carottes, quelques cèpes, écrase un peu d’ail et jette le tout dans un autre chaudron, avec une bonne dose d’huile d’olive.
Elle mêle, touille et laisse cuire ses ingrédients, ajoute un peu de poivre, un peu de sel aussi, mais pas trop (car il ne faut pas oublier que le bouillon est déjà salé), Et quand elle voit que les champignons sont quasiment cuits, elle ajoute dans son chaudron deux belles mesures de riz tout rond.
Pendant deux bonnes minutes elle ne laisse pas en repos ces capricieux grains de riz et les fait rouler sans relâche, jusqu’à ce qu’ils deviennent transparents. Ensuite seulement elle verse sur eux quelques louches de bouillon, pas tout d’un coup, juste de quoi les recouvrir.
Alors elle n’aura de cesse de surveiller et de mêler tout ce beau monde car le sieur risotto est capricieux et il aime la compagnie, il ne faut jamais le laisser seul, sinon ce fainéant fait des bêtises. Aussi, pour l’en empêcher, mieux vaut le mélanger souvent et veiller à ce que jamais ce perpétuel assoiffé ne manque d’eau, ni d’ailleurs n’en ait trop.
Mais la sorcière est patiente, elle a tout le temps, elle peut bien accorder vingt minutes à ce met savoureux. Pour s’occuper elle y ajoute quelques morceaux de châtaignes et, à mi-cuisson, une rasade de vin blanc.
Quand les vingt minutes approchent de leur terme, elle cesse de rajouter de l’eau, laisse boire le riz tout son content et le reste de l’eau s’évaporer. Puis, cela fait, elle ajoute, presque à la toute fin, une cuillère de crème fraîche (si le cœur lui en dit, la crème c’est une question de goût) et surtout une pluie de parmesan (à cela par contre pas moyen d’échapper).
Elle mêle le tout une dernière fois et laisse le risotto se reposer un moment avant d’être dégusté, parce qu’après tout il l’a bien mérité.

(c) Sara Strega

Omelette ambre rouge

Pour 2 personnes et un automne flamboyant

Émince une cive ou un frais bouquet de ciboulette pour faire fondre et dorer cette herbe aromatique dans un peu d’huile d’olive. Ajoute deux figues coupées chacune en sept quartiers, dans la poêle où tu verseras quelques larmes de miel d’acacia et un dé à coudre de Whisky un peu iodé, de la taille d’un bonnet de Brownie… Jette dessus une étincelle afin que la mixture rougeoyante soit un instant flamboyante. Mets-la de côté le temps de battre 4 œufs avec du poivre, du paprika doux et 3 cuillères à soupe de lait qu’il soit de vache, de brebis ou de chèvre. Mélange tout ensemble en chantonnant « Je te bats, je te bats petite omelette… » et poêle à feu bien vif avant de lancer : « Petite table, couvre-toi ! »

(c) Lalie Solune

Gâteau des feuilles mortes

La mesure se prend avec un pot de yaourt (généralement d’une contenance de 125 gr.)
Un pot de yaourt nature ou de faisselle bien égouttée
Un pot de liqueur de lilas bien sucrée
Un pot de miel
Cinq pots de farine
Deux pots de beurre demi-sel fondu
Trois oeufs frais
de la levure
Des graines de pavot à volonté
Des pignons de pin à volonté
La pâte doit être fluide sans être complètement liquide
Il suffit ensuite de la verser dans un moule beurré et fariné (pas trop haut et relativement large de préférence) de se lécher les doigts et d’enfourner à four préchauffé
Puis de laisser cuire à 140°C (275°F) pendant une bonne heure sans ouvrir le four
Lorsque vous êtes enchanté par l’odeur, que la chose est dorée comme la Lorien à l’automne et que la pointe fine du couteau vous montre que l’intérieur en est moelleux et sec,
vous pouvez le sortir le laisser refroidir en déposer un bout en offrande
et déguster entre amis les plaisirs de l’automne.

(c) Lalie Solune

Chou-Fleur en sauce raifort

Il s’agit de se saisir d’un chou-fleur tout ce qu’il y a de plus naturel et de le déshabiller de ses feuilles avant de le plonger dans l’eau froide contenue par une marmite afin de le porter à ébullition puis de l’y laisser bouillonner vingt minutes pendant lesquelles on peut faire autre chose, ce qui vous amuse, que sais-je, moi ?

Il convient ensuite de l’égoutter et de renouveler l’opération, la même, celle que vous avez effectuée juste avant, rappelez-vous…à quelques grains de sel marin près…

Vaquez donc pendant un quart d’heure, il vous faudra cinq minutes pour faire la sauce avec du raifort râpé et du lait ribot (du lait un peu fermenté, mais surtout battu), en ajoutant une bonne pincée d’aneth, du poivre et de la marjolaine. Quand vous aurez découpé le chou-fleur chaud (passez à l’eau froide, c’est plus sûr pour les terminaisons digitales), vous pourrez le faire mijoter à couvert dans une cocotte avec cette sauce pendant vingt minutes.

 

(c) Lalie Solune

Salade de lentilles

Trie des lentilles vertes en prenant soin de ne pas le faire près de l’âtre. Verse-les dans une marmite avec trois fois leur volume d’eau froide, allume un feu tempéré là-dessous et laisse-les tranquilles pendant 20 minutes. Tu peux aussi les regarder bouillonner pendant ce temps-là en respirant le plus calmement possible, même avec la vapeur. Je le déconseille si tu es enrhumé…

Egoutte les lentilles cuites en gardant l’eau de cuisson pour faire une soupe, passe-les à l’eau froide.
Dans un grand saladier, mélange de l’échalote émincée ou encore de la cive, du raifort, du vinaigre de cidre, de l’huile de sésame ou de lin, de l’aneth, de la marjolaine, du sel, du poivre et des cornichons marinés aux herbes dits malosols coupés en tout petits morceaux. Ajoute les lentilles et touille bien.
Laisse mariner un petit moment avant de l’emporter dehors pour le partager au soleil…

(c) Lalie Solune

Cycle de fin d’été

Le temps, toujours, ne fait que ce qu’il veut, s’étire, s’allonge, l’espiègle… Les blogs ont l’avantage d’avoir une fonction qui permet de programmer la date de publication.

Lorsque août a roussi les champs, les fruits et les baies se sont faits noirs, sombres, figues et prunes violettes pour rafraîchir nos corps réchauffés, sureaux et ronces nous offrant leurs bijoux, à nous et aux oiseaux ; les noisettes et les noix saluent l’automne qui s’avance drapé d’or tandis que les poires et les pommes mûrissent sur les arbres, les aubépines offrent leurs cenelles, déjà, par endroits. Et si la pluie le permet, si le soleil le veut bien, les cèpes et les bolets commencent à embaumer les sous-bois.

Les derniers fruits de l’été, tomates, poivrons, aubergines ne demandent qu’à être cueillis, les fleurs de soucis s’épanouissent et les graines de tournesol nous fournissent des réserves pour les temps à venir.

Saluons les Dalhias et préparons nous aux raisins et aux châtaignes douces, préparons nous à entrer dans l’automne flamboyant aux feuilles tourbillonnantes et aux dignes murmures des arbres…

 

(c) Lalie Solune

Entre une mauvaise cuisinière et une empoisonneuse, il n’y a qu’une différence d’intention.

Pierre Desproges