Chaudronnée de Mabon…

..ou doux ragoût pour ces temps incertains qui nous font lentement glisser vers la saison sombre.

Entre les temps et les saisons, entre le jour et la nuit, dans les lueurs rougeoyantes du crépuscule, j’errais sans bruit dans le bois. Et je suis arrivée, alléchée par un délicieux fumet miellé, dans une minuscule clairière.
Deux femmes s’y trouvaient. La Vieille, assise sur un banc près de l’entrée de sa demeure, me fixa de son regard perçant et m’invita d’un geste à m’avancer. Je m’arrêtai près des flammes et de la Mère qui s’affairait près du chaudron. Elle me sourit et tendit sa cuillère avant de s’assoir à mes côtés, posant la main sur son ventre arrondit.
C’est là, pendant que je touillais pour elles le contenu du chaudron, qu’elles m’apprirent cette recette.
Et c’est en leur honneur qu’aujourd’hui je te la transmets à mon tour.

Fais revenir un oignon rouge et un morceau de gingembre finement émincé dans de l’huile d’olive. Quand ils seront devenus translucides ajoute une cuillère à soupe de miel (choisis-en un au goût très prononcé). Mêle bien le tout, laisse le miel enrober l’oignon et le gingembre, puis ajoute des tomates (fraîches ou alors du coulis).
Laisse ta sauce épaissir un peu, ajoutes-y de l’origan, du sel, du poivre et du curcuma en poudre (si tu veux l’utiliser frais, ce qui est mieux, attends alors que la cuisson soit sur la fin et préfère-le râpé.)

Quand la sauce aura suffisamment mijoté, plonges-y tes légumes, du potiron (ça marche aussi avec le potimarron,) des carottes, des pommes de terre, des navets, mais également des cèpes si Mabon se montre généreux.
Mêle bien le tout pendant une bonne minute avant de rajouter un peu d’eau bouillante, puis laisse ton ragoût mijoter sagement.

le Noisetier

[Corus Avelana] Coudrier, Avelane…

Arbuste de sagesse, il fournit aussi, par ses rameaux souples, de quoi cingler ceux qui l’auront bien cherché…
Arbre amical pour les personnes de bonne volonté, guide fiable lorsqu’on souhaite ajuster son propre comportement à un niveau de valeurs plus élevé. Petit arbre d’amitié et de sobre générosité.
Son ogham est Coll et la mythologie celte l’associe au saumon, sage parmi les animaux et qui sait toujours remonter à la source. Peut-être est-il parfois aussi ambigu que l’écureuil, souvent associé à la récolte de noisettes et qui, cependant, tout joli qu’il soit, sait se montrer un redoutable prédateur pour les œufs des oiseaux. Ce qui est sûr, c’est qu’il chasse un certain nombre de mauvais esprits et de penchants asservissants pour l’individu, tels l’avidité. Si tu sais maintenir le rameau de noisetier sans le contraindre, il te mènera aux sources. Le bois mou du noisetier, frotté à un bois dur tel le chêne, permet de faire partir un feu. Il peut donc aussi, au prix de certains efforts et de certaines collaborations, t’apporter l’étincelle.

Son bois souple et clair, résistant, est parfois utilisé en vannerie. La racine est recherchée pour la marqueterie. Le noisetier fait une très belle haie à traverser, propice aux oiseaux. On peut faire pousser un noisetier un peu à la façon d’un écureuil, en enterrant une noisette, ou en le bouturant, autrement il se reproduit par marcottage. Ses racines abritent parfois des truffes.

Arbuste « hermaphrodite » (en langage botanique : monoïque), ses fleurs, distinguées en mâles et femelles, sont toutes deux sur le même pied : des chatons mâles, de couleur jaune d’or, qui commencent à paraître en septembre, des fleurs  femelles, très petites et rouges, en février. La venue de la noisette est longuement préparée, comme c’est souvent le cas pour les fruits à coque…
Moment de fructification : fin d’été-début d’automne (août -septembre) ou « automne celtique ».

Le noisetier supporte mal les sols trop riches, peut-être est-ce pour cette raison qu’il est aussi le symbole de la frugalité, encore que son fruit, petit mais très nourrissant, déjà consommé au paléolithique, soit certainement pour beaucoup dans cette symbolique. Les noisettes apportent réconfort, endurance et tendresse.
Propriétés nutritives et médicinales :

*La noisette est riche en calcium, phosphore, magnésium, potassium, soufre, chlore, sodium, fer, cuivre, vitamines A et B. Son huile contient 85 à 90 % d’acides gras insaturés. C’est le plus digeste de tous les fruits oléagineux. Il est très recommandé aux végétariens et végétaliens. Il est très bon pour les diabétiques. Enfin, il est vermifuge (1 c.s. d’huile à jeun le matin pendant 15 jours contre le ténia). La feuille est un tonifiant veineux, un vaso-constricteur, son extrait fluide agit contre les varices et œdèmes des jambes.*

L’huile de noisette rancit vite, elle doit être conservée au frais et à l’abri de la lumière.

**Contre les saignements de nez : un verre de vin de noisetier (5 gr. de fleurs mâles pour 1/4 de litre de vin chaud à infuser 10 minutes).

Pour soigner les paupières boursouflées : 20 gr de feuilles infusé 10 heures dans 1 litre d’eau bouillante puis filtré en compresses.

Contre les phlébites : 10 gr. de feuilles séchées pour 1/2 litre d’eau en décoction (5 minutes de bouillon, 5 minutes d’infusion) à boire par demi-verres au cours de la journée.**

En tant que tonifiant du sang (sédatif des hémorroïdes, cicatrisant des ulcères variqueux), la Vieille Mulot*, le préconise ainsi :

« 2 à 3 tasses par jour de feuilles à raison d’une cuillère à soupe pour une tasse d’eau bouillante. Laisser infuser 10 minutes. Il serait bon de prendre la première tasse le matin, à jeun. Votre café, 10 minutes après. »

 

SOURCES

*Dr Valnet « Se soigner par les légumes, les fruits, les céréales », éd.Le livre de poche.

**Daniel Babo « Les secrets thérapeutiques des arbres », éd.Médicis.

* Marie-Antoinette Mulot « Secrets d’une herboriste », éd. du Dauphin.

puis des palabres entre amis et des observations personnelles…

 

(c) Lalie Solune