Tarte Goodfellow

Pendant que la pâte à tarte pose,

Nettoies 5 ou 7 branches de rhubarbe, mais pas trop : si elle est fraîchement coupée, il importe seulement de la rincer et d’ôter peut-être deux ou trois gros fils… et encore… Coupe-les en morceaux en humant leur parfum vif et profond. Fais-les cuire avec un peu de beurre salé, une bonne cuillère à café de miel bien fleuri et un peu de fleur de sucre à la rose*

Demande aux salamandres de bien chauffer ton four.

Dispose ensuite la pâte étalée par tes mains heureuses dans un moule, picote le fond comme le moineau picore. Garni de fraîches pétales de roses de mai odorantes, de la rhubarbe cuite et de fraises des bois. Nappe l’ensemble d’un léger sirop de roses de mai. Enfourne après avoir offert aux salamandres de se nourrir du parfum pendant une vingtaine de minutes (777 slgurpiounilles en langue salamandresque) afin de modérer leurs ardeurs autour des 180°c.

Partage et réjouis-toi, puis laisse les miettes aux oiseaux…

 

*La fleur de sucre est une recette du Petit Précis de Cuisine Elfique de Laurence et Yannig Germain. C’est un mélange de sucre (roux, bien entendu…) et de pétales de roses moulues dans un bocal, sucre parfumé à la rose, suivant le même procédé que le vrai sucre vanillé.

 

(c) Lalie Solune

Encens d’une pleine lune de mai

Cet encens m’a été inspiré par une poétesse amie intime de la lune. En cette pleine lune de mai, je te le dédie et te remercie, Flidais.

Mêle dans ton mortier une part de grains de myrrhe, une part de pétales de roses séchées, une pincée de brindilles sèches de fenouil et un petit morceau de sang de dragon.

Égruge, triture, concasse et laisse un peu poser avant de brûler, mais surtout et avant tout, sache pourquoi tu le fais.

(c) Lalie Solune

Caprinerie de Mai

Un caprice à partager sous l’aubépine en l’honneur des faunes, des dryades et des faes…

Verse en pluie dans ton chaudron printanier 200 gr. de belle et blanche farine de Demeter. Ajoute la levure et bats 4 œufs avec 8 cuillère à soupe de lait de chèvre, 70 gr. de beurre salé fondu, une cuillère à soupe d’huile d’olive et 200 gr. de fromage de chèvre humide tout frais. Mêle tout cela ensemble sans oublier la pincée de poivre, une généreuse pincée de pétales de rose moulus et une branchette d’Herbe aux Dragons ciselée.

Huile un moule d’un coup de balai miniature pendant que le four chauffe (180°c.) et laisse gonfler, monter, dorer un peu moins d’une heure…

Faut-il te dire où trouver les feuilles sur lesquelles coucher ce tendre caprice ?

 

(c) Lalie Solune

Soupe des bois printaniers

De retour d’une agréable promenade dans les bois en ces fêtes de printemps, je profitais de ma cueillette pour alléger un peu les repas de retrouvailles familiales (car le Vieux, mi-ours mi-sanglier est le roi du pâté, des charcuteries et des saucisses) et retrouver un goût plus végétal et sauvage…

 

Voici un bon saladier de feuilles de pissenlit accompagnée d’une poignée de feuilles de primevères sauvages et de deux brins d’ortie mis à tremper dans de l’eau avec quelques gouttes de vinaigre.

Cueillies par temps sec et, surtout, avec modération : une feuille sur cinq uniquement, au fil du chemin afin de ne pas dépeupler les sites et transportés dans un sac de coton tissé. Les feuilles sont gentiment secouées pour faire tomber toute petite créature qui sera toujours mieux dans la forêt que dans un sac ou, pire encore, dans un évier ou une marmite… Les gouttes de vinaigre permettent d’éliminer les éventuelles pollutions, la principale étant la pisse animale (humains inclus, certains ne font pas attention…), puisque ce bois était loin de tout champ cultivé ou pâturage.

Après trempage, pour bon usage pose une grande planche de bois sur laquelle les feuilles égouttées seront hachées au couteau. Dans la marmite où un peu d’ail est posé sur fond d’huile, jette ces morceaux de feuilles avec quelques grains de sel et de poivre. Sur petit feu et sous couvercle fais transpirer. Ajoute l’eau pure lorsque les feuilles ont aspect ramolli et baignent dans leur propre jus. Laisse le feu grandir un peu et sers sitôt que porté à ébullition avec du pain ou mieux encore, des croûtons pas trop gras.

 

Et avec les fleurs des pissenlits…

 

 

Un sirop pour l’hiver…

 

(c) Lalie Solune

Risotto d’asperges vertes

Nettoie de belles asperges et découpe-les en tronçons en préservant avec respect les pointes priapiques de ce souterrain légume… Verse un peu d’huile d’olive vierge dans une sauteuse en fonte et ajoute une gousse d’ail écrasée, quelques oignons nouveaux émincés, les tronçons fins d’asperges, sauf les pointes préservées. Fais transpirer ces légumes, en les faisant sauter.

Verse du riz arborio accompagné d’eau en suffisance pour avoir un ensemble immergé, jette sel en pincée et poivre pour assaisonner. Pose couvercle et demande au feu de se faire doux. Laisse cuire et ploploter gentiment quelques dix minutes avant de rajouter 7 fois 7 brins de safran et les pointes d’asperges pour les dix dernières minutes.

 

(c) Lalie Solune

Cycle des floraisons – Avril

Avril prolonge le temps de l’équinoxe.

Pour les chrétiens, c’est Pâques et les œufs en chocolat sont prétexte à des jeux aux jardins… Les asperges poignent et sont bonnes à manger, les oignons « verts » nouveaux prennent leurs aises dans la terre et étirent leur verdure vers le ciel, les feuilles se déploient et grandissent, les fleurs de la fin mars sont toujours là mais bourgeonnent déjà celles de l’aubépine de mai et s’épanouissent les premières du fraisier, tandis que les tulipes étalent leurs couleurs. L’ail de printemps commence à se montrer dodu, encore un tout petit peu de patience… Les fèves débutantes et les cosses de petits pois vert tendre font les fiers et ont de quoi. L’ail des ours va bientôt fleurir, il est temps de finir ta récolte. L’oseille fait la belle et exhibe ses jeunes feuilles. La cive est là, profites-en. Le thym et le romarin sont en fleurs dans la garrigue, la petits artichauts de Provence commencent à être récoltés. Dans les Pyrénées, c’est bientôt le temps des morilles.

Les pousses de basilic, de bourrache, d’aneth se montrent déjà, coquettes et bientôt assez grande pour pouvoir être généreuses…

 

(c) Lalie Solune

Omelette au cresson

Lave et trie une petite botte de cresson en privilégiant les feuilles, les tiges peuvent aller dans la soupe. Hache-les brièvement au couteau ou découpe-les en tout petits morceaux à la main. Choisis cinq ou six œufs de gaie poulette rousses et casse-en deux dans un saladier. Ajoute les jaunes des autres aux deux premiers, en prenant soin de garder leurs blancs dans une assiette creuse. Fouette les œufs entiers mélangés aux jaunes. Ajoutes-leur le cresson et un peu de poivre si tu veux, ou encore un peu de sel (moi pas, mais fais ce que voudras). Fouette les blancs mis de côté en les faisant bien mousser. Mêle tout ensemble en souriant. Cuis cette omelette en la faisant saisir à souhait de croustillance, à la poêle et dans une huile végétale. Sers avec une salade de jeunes feuilles printanières.

Petit « truc » pour retourner l’omelette : pose sur la poêle un couvercle plat ou une assiette plate assez grande pour tout recouvrir, pose ta main à plat dessus et maintiens fermement, saisis la queue de la poêle et retourne d’un seul coup, fais ensuite glisser l’omelette dans la poêle…

 

(c) Lalie Solune

Infusion de purification printanière

Pour un demi litre d’une eau de source que tu auras recueillie en échange d’un bout de ruban, d’une chansonnette, d’une pensée aimante ou d’une confiserie en offrande, jette dans ton pot à thé une petite poignée de feuilles d’ortie, une pincée de thé vert de Chine, cinq feuilles de Gingko biloba et une pincée de feuilles de vitis vinifera. Laisse infuser dans l’eau chaude au moins cinq minutes et bois le matin à jeun et autant qu’il te plaira au cours de la journée. Ton corps de lui-même se nettoiera, ton sang vif et guilleret circulera, ton teint de nouveau s’éclaircira…

(c) Lalie Solune

Cycle des bourgeonnements – Mars

De l’équinoxe de printemps aux premiers jours d’avril, tandis que les bouleaux et les aubépines bourgeonnent, que les saules et les peupliers portent leurs chatons comme des bijoux précieux, que les abeilles sortent d’hibernation, tu pourras recueillir l’eau de source enchantée, la purificatrice sève de bouleau; tu pourras récolter avec gratitude et discernement :

cresson, pousses d’orties, pousses et feuilles précoces d’épinards, primes roquettes, fleurs et feuilles de primevères, nouvelle ciboulette, romarin fleuri, jeune chicorée, brins de doucette, premières feuilles de lierre terrestre, violettes, pâquerettes et pissenlits. Le peuple des mousses pourra sans doute t’accorder : agarics à deux spores, pleurottes en huître, mousserons, marasmes des oréades, truffes du Périgord…

 

(c) Lalie Solune

 

Potage lutin de cresson

Chatouille une botte de cresson pour faire tomber ses mauvaises feuilles aigries. Profites-en, elle ne peut pas bouger… Fais chauffer un peu d’huile d’olive, ou du beurre si tu est un(e) incorrigible nordique, tu es chez toi, fais ce qu’il te plaira. Pendant que le cresson se marre, profites-en pour le passer à l’eau courante et le jeter sournoisement dans la marmite ; bouche-toi les oreilles quand il entre en contact avec la matière grasse brûlante. Au passage, colle-lui un couvercle aussi, on ne sait jamais. Avant, pendant ou après, ça te regarde, jette là-dedans une pincée de sel (du marin, du vrai, pas de bêtise, hein ?) et un peu de poivre. Laisse tout ça sur le feu un petit moment. Noie ensuite la mixture avec de l’eau pure et laisse la soupe cuire à couvert sur un feu très doux.

Utilise ton flair pour savoir quand c’est prêt et mixe avant de manger proprement et avec des croûtons.

*si le mixer te répugne ou fait trop de bruit dans ton immeuble à l’heure indue à laquelle tu manges, hache donc le cresson au couteau après l’avoir chatouillé… ça lui apprendra.

 

(c) Lalie Solune