Kasha potiron

Pour les nuits qui s’allongent et les soleils rougeoyant aux crépuscules, prépare ce plat revigorant en cuisant d’abord des graines de sarrasin grillées dans de l’eau claire à feu tout doux sous un couvercle. Le temps de peler et découper en tranches un peu fines un morceau de potiron, si cela te prend bien une vingtaine de minutes, tu pourras sortir ta marmite du feu et la poser telle quelle, chapeautée de son couvercle. Tu peux, si tu le souhaites, faire fondre des oignons dans de la bière blonde. Ils recouvriront le fond de ton plat à gratin et peuvent même se mêler à l’ensemble selon ta fantaisie du moment. Sur une couche du sarrasin qui aura absorbé son eau de cuisson, ajoute du beurre ou, mieux encore si tu es familier d’un quelconque daemon slave, de la moelle. Sur une couche de potiron dissémine une pincée de grains de carvi et cinq pincées de graines de pavot. Termine par une couche de sarrasin et de matière grasse. Il va sans dire que chacun y met son grain de sel comme bon lui semble. Laisse gratiner dans le souffle ronronnant du dragon fernal.

(c) Lalie Solune

Confiture de courge musquée.

Alors qu’est venue la fin de l’été, il n’est pourtant pas temps, sorcière, de ranger ton confiturier. Viens, approche, laisse-moi te chuchoter comment mettre un peu de Samhain en bocaux. Alors qu’arrivent les temps sorciers, les temps les plus étranges de l’année, capture un peu de leur magie, de leur bizarrerie, pour la garder par devers toi.

Tu peux préparer cette confiture de deux façons. Il y a celle, veloutée, douce comme une confiserie qui ne contient que de la courge et de la vanille ou celle, un peu plus fruitée, dans laquelle la vanille laisse place à la cannelle et la pomme vient rejoindre la courge pour lui apporter un peu plus de saveur, voire de chaleur.

Quoi qu’il en soit, il te faudra 3kg de fruit (deux de courge musquée et un de pomme, si tu choisis la seconde version), deux citrons coupés en rondelles (si tu ne mixes pas ta confiture et qu’il te plaît de les garder entières, prends garde que les tranches soient bien épaisses. Mais si tu veux une texture plus fluide, ne prendre que le jus des citrons est aussi bien) et de 2 à 1,5 kg de sucre (la version contenant de la pomme en réclame moins).
La courge fond facilement, ne t’embête pas à faire de petits morceaux.
La vanille offre une texture plus sirupeuse à cette confiture qui renforce son goût de bonbon. Il t’en faudra une gousse fendue et grattée. La cannelle te sera plus utile si tu crains la fadeur du fruit et elle va si bien avec la pomme… Un ou deux bâtons, selon la force de leur parfum, devraient suffire pour ajouter plus de saveur à ta confiture.
Laisse les fruits et les épices macérer une nuit dans le sucre, afin qu’ils rendent leur jus et que tu n’aies pas à ajouter d’eau quand, au matin, tu mettras enfin le confiturier sur le feu.
Laisse la magie glouglouter sagement dans le chaudron, elle ne demande pas beaucoup d’attention, puis, quand la goutte se figera sur une assiette, il sera temps de la mettre en pots.

Bonne dégustation, Sorcière, et que les temps de Samhain t’apportent leur sagesse !

(c) Sara Strega.

Liqueur de cardamone

En lune fort décroissante, la sorcière des épices met deux très grosses poignées de cardamones vertes, dont elle a ouvert les gousses au mortier, à macérer dans un litre d’alcool pour fruits à 40% de volume.

A la veille de la lune cachée, de la sombrelune, l’alcool a déjà prit une belle couleur d’un vert soutenue et une fragrance marquée de cardamone.

Au tout premier croissant de lune, elle fait un sirop  en mêlant et faisant fondre 250 gr. de sucre brun en poudre, parfumé par la présence dans son pot d’une gousse de vanille fendue, avec un litre d’eau. Elle filtre l’alcool parfumé et le mélange au sirop refroidi.

Elle laisse ensuite poser jusqu’au solstice d’hiver si c’est pour faire des pâtisseries ou jusqu’à la chandeleur, voire jusqu’à l’automne suivant, si c’est pour la boire.

(c) Lalie Solune

Chaudronnée de fin d’été

Dans ton chaudron, fais roussir une ou deux cuillères à café de graines de cumin et une pincée de carvi dans deux ou trois cuillères à soupe d’huile d’olive. Coupe un oignon et une échalote en rondelle. Fais-les revenir doucement dans l’huile épicée, puis ajoute quatre ou cinq belles tomates bien mûres de ton jardin, pelées et coupées en gros morceaux, une ou deux gousses d’ail et un verre d’eau. Touille-bien le tout, jette dans ton chaudron une feuille de laurier, un brin de thym, un brin de sarriette et un peu de curcuma. Coupe en gros carrés la courgette verte et la courgette jaune de taille moyenne dont tu auras épluché une bande de peau sur deux. Ajoute-les au reste des ingrédients puis parsème un peu de gingembre en poudre et de curry. Sale et laisse mijoter à feu doux ta chaudronnée pendant une demi-heure à une heure. Surveille bien la cuisson, les courgettes doivent se tenir et rester légèrement croquantes. Tu peux manger ce plat avec du riz blanc ou du pain de la bien-aimée. Et si tu le prépares la veille, tu laisseras aux épices le temps de parfumer délicieusement tes légumes fraîchement récoltés.

Poêlée de coques aux poivrons rouges

Si la marée t’a offert des coques en suffisance pour cette poêlée, voici comment faire. Laisse tremper les coques pour les désabler, de préférence dans l’eau de mer pendant au moins une journée. Change l’eau une ou deux fois. Pour cela, soulève les coquillages plutôt que de retourner le récipient, ainsi le sable tombé au fond ne viendra pas se remettre dedans.

Brûle la peau des poivrons rouges à la flamme ou passe les au four, épépine, pèle et retire des lamelles de chair.

Fais fondre à couvert et dans de l’huile d’olive de l’ail en petite quantité avec du persil.

Passe les coques à la sauteuse dans la persillade, à découvert. Lorsqu’elles sont ouvertes et donc cuites, ajoute les lamelles de poivrons. Partage et déguste dans la lumière flamboyante de ce début d’automne.

(c)Lalie Solune

 

 

Pain de la Bien-Aimée

Pour préparer le pain de la Shumalite, tu auras besoin de ces ingrédients là :

  • 250 grammes de semoule fine (et non pas du couscous)
  • 100 grammes de farine
  • 200 ml de lait
  • 1 cuillère à soupe d’huile
  • 1 ½ cuillère à café de sel fin
  • 1 carré de levure de boulanger

Dans une jolie et large terrine, répand la semoule fine et la farine. Fais un puits et verses-y le lait, l’huile et le sel. Ajoute la levure que tu auras émietté. Le secret c’est le lait des chèvres de la belle bergère, la Bien-Aimée. Le divin breuvage devra être ajouté encore tiède, tout juste sorti du pis.

Mélange à la main. Prends ton temps, pendant 10 minutes au moins, pétris cette pâte énergiquement. Choisis tes pensées avec attention car c’est dans la pâte qu’elles entreront. Médite ou concentre-toi sur les bénédictions de ton choix. Bientôt c’est dans une légère transe que tu tomberas.

Ce sera alors le moment de laisser lever ta pâte dans un endroit chaud, à l’abri des courants d’air. Pour cela, tu couvriras la terrine d’un linge propre et brodé de symboles d’amour et d’abondance.

Quand la moitié d’une heure, voire une heure entière, aura passé, pétris à nouveau ta pâte puis forme ton un grand pain rond à la taille de la poêle ou plusieurs petits. Saupoudre-le de semoule fine. Laisse-le reposer encore 10 minutes, recouvert à nouveau du même linge. Puis fais-le cuire dans une poêle bien chaude, à feu moyen pendant 10 à 15 minutes, retourne-le et fais-le cuire jusqu’à ce que l’autre face soit également bien dorée.

Mange-le chaud, avec du beurre et du miel, c’est là qu’il est le meilleur.

Crème patissière pour lutins affamés

Cette recette est conçue pour 8 lutins, tu devras en diviser les ingrédients par deux afin d’obtenir la garniture d’une tarte.

Verse un litre de lait frais dans ton chaudron et fais le bouillir avec une belle gousse de vanille fendue.

Pendant ce temps, casse deux œufs entiers dans une terrine, auxquels tu ajouteras quatre jaunes et 150 grammes de sucre en poudre.

Travaille le tout au fouet en prenant garde de toujours tourner dans le sens du soleil. Lorsque ton mélange aura blanchi, tu pourras verser sans te presser 130 grammes de farine, puis le lait bouillant. Mais attention ! Il te faudra prendre ton temps, tout doucement, lentement. Ainsi, pendant que ta crème se formera, tu incanteras quelques sortilèges de ton choix.

Ensuite il te faudra verser le tout dans ton chaudron. Veille à ce que le feu soit très doux. Sans cesse, avec ta cuillère en bois, tourne, racle, fond et parois. Ta crème est en train de prendre !

Quand le premier bouillon apparaît, c’est qu’il est temps de retirer ton chaudron du feu. Ôte la gousse de vanille qui a pleinement rempli son office et n’oublie pas de gratter ses dernières graines dans la crème.

Réserve-la au frais et si tu ne souhaites pas qu’une peau se forme, pose sur le dessus une fine couche de beurre !

(c) Lune

Tortilla de la Tiabuela

La Tiabuela m’a montré ce secret, qui n’en est pas un, tout doré un beau jour d’été.

Je l’ai vu de mes yeux peler des pommes de terre, les rincer et les couper en rondelles un peu épaisses avec son grand couteau pointu…

Je l’ai observée les faire revenir dans de l’huile d’olive : elle a versé avec générosité l’huile d’olive dans une sauteuse, s’est passé sur le visage ce qui lui restait sur les mains en me disant que c’était bon pour sa vieille peau, a jeté les pommes de terre dedans avec un peu d’ail haché une fois qu’elle était chaude et les a fait sauter, littéralement… hop ! Hop ! Jusqu’à ce qu’elles soient dorées. Elle a baissé un peu le feu pour la fin de la cuisson des patatas et s’est mis à battre vigoureusement des œufs avec un fouet. Parce qu’ils doivent bien mousser pour la tortilla, m’a-t-elle dit.

Lorsque les patatas furent cuites, elle a remis la flamme du gaz plus fort et je l’ai vu et entendu verser l’œuf mousseux par-dessus. Il a crépité et chuinté alors elle a bien bordé de sa cuillère en bois la tortilla, pour être sûre d’avoir un bon équilibre réparti entre les rondelles de pommes de terre et l’œuf battu. Quand seul le dessus fut resté baveux, elle a posé une assiette sur la poêle pour retourner d’un coup l’omelette et la faire de nouveau glisser dans la poêle. Après quelques minutes, la tortilla était cuite, glissée sur une assiette et posée dans le four fermé pour la laisser un peu refroidir à l’abri de la poussière et des insectes estivaux.

Certains se la partage en quartiers, d’autres en font de petits rectangles-tapas à picorer pour l’apéro, les maraudeurs de chemins grands et petits les fourrent entre deux tranches de pain pour les manger lors de leurs pérégrinations. Quand à toi, fait comme il te plaira, mais fais-le avec joie.

(c) Lalie Solune

Ratatouille

Au mitan de l’été, les légumes ont enflé. Quand les rondes cucurbitacées seront mûres à craquer et les aubergines auront revêtu leurs robes d’un beau violet, que les tomates près de la tige commenceront à craqueler, tu pourras préparer cette marmite de méditerranée…

Pèle de bons gros oignons jaunes pour commencer et coupe les en quartier. Dans l’huile d’olive parfumée tu les feras dorer avec de l’ail pour les accompagner. Touille, touille, la base de la ratatouille.

Coupe les aubergines en morceaux de la taille qui te plaît. Plus gros ils seront, plus il leur faudra de temps pour fondre. Ôte de ta marmite les oignons bien dorés et rajoute de l’huile d’olive pour laisser place aux aubergines un peu salées. Touille, touille, touille, puis laisse fondre doucement et patiemment sous le couvercle.

Quand les aubergines seront fondantes, pas non plus en purée, laisse place dans le chaudron pour faire légèrement sauter et joliment dorer les morceaux de courgette plus ou moins pelés. Touille, touille, touille les courgettes sans les écraser. Courgettes dorées seront à leur tour mises de côté.

Si tu as récolté des poivrons cet été, coupe-les en lanières épépinées et fais les revenir dans l’huile. Laisse-les un peu crépiter, laisse-les fondre à souhait et, toujours, touille, touille, touille en humant leurs senteurs chaleureuses. Mets-les aussi de côté, pour peu de temps car tu vas à présent verser dans la marmite ou le chaudron enchanté encore de l’huile d’olive et des petites olives noires niçoises avant de rajouter l’oignon fondu de l’ail accompagné, l’aubergine et les poivrons assortis de tomates coupées en quartiers. Touille, touille, touille et n’oublie pas d’aromatiser avec pincée de sel, poivre, romarin, thym ou origan et laurier.

Laisse ensuite doucement, patiemment, transpirer sous le couvercle pas complètement fermé. C’est au tour de la vapeur exhalée par eux-mêmes à présent de touiller et mêler les parfums de l’été. Lorsque chantonneront les bulles de la tomate devenue sauce où baignent les légumes et les olives, ajoute les courgettes en dernier, pour qu’elles ne soient pas écrasées. Touille, touille, touille ta belle ratatouille. Elle cuira encore une vingtaine de minutes.

Tu peux ensuite déguster, partager, en garnir une tarte ou des chaussons de pâte fourrés, agrémenter des pâtes al dente, réchauffer et recommencer ou bien mettre en bocaux et stériliser.

(c)Lalie Solune

Pains au lait

De juin à septembre, il y a de nombreuses fêtes populaires, teintées ou non de religion, qui mettent à l’honneur cette denrée à laquelle nous sommes si habitués qu’elle passe souvent inaperçue, mais manque beaucoup quand on l’oublie : le pain.
Pour ces fêtes qui célèbrent les récoltes, il est d’usage dans ma famille de préparer le pain avec du lait et non de l’eau. Pour autant, ce n’est pas non plus un pain réellement sucré et on le déguste aussi avec des mets salés.
De manière générale, le pain est fait pour être partagé, mais c’est d’autant plus vrai pour celui-ci.

Pour six à huit petits pains (ronds de préférence car ils restent ainsi plus moelleux), il te faudra 500g de farine, à laquelle tu mélangeras une cuillère à café de sel fin, 40g de sucre roux pour que la pâte soit bien souple et 40g de beurre fondu.
Dans 250ml de lait tiède, dilue de la levure de boulanger (il t’en faut 25g si tu veux l’utiliser fraîche, une cuillère à café, voire une et demi, pour de la levure sèche), puis verse le tout sur ta farine.
Il ne te reste alors qu’à pétrir longtemps, de préférence en chantonnant, puis à laisser lever ta pâte au chaud.
Il te faudra ensuite façonner les pains en les roulant, les déposer sur une plaque bien éloignés les uns des autres et les laisser encore lever avant de pouvoir les enfourner dans un four préchauffé à 200° (Th6-7).
Je ne le fais jamais, mais pour qu’ils soient plus jolis il est courant de les dorer à l’œuf.

Sara Strega.