Doux consommé d’endives

Les endives sont encore là, les chicons nous invitent à ne manquer ni de vitamines ni de fibres en cette période de fin d’hiver…

J’ai toujours préféré les manger crues, question de juteuse croustillance et de fraîcheur délicieuse. Cependant, une breixe m’a convaincue, m’ayant fait goûter un potage d’endive, de deux choses : l’endive cuite n’est pas condamnée à se faire rouler dans la farine par le jambon et sa saveur si particulière n’est pas fatalement altéré en mal par la cuisson…

En les hachant menu et en les faisant transpirer en compagnie d’huile d’olive et de sel, en ajoutant de l’eau en suffisance ; en les faisant mijoter doucement et pas trop longtemps, en ajoutant une bonne poignée de mil cuit et du poivre ; en mixant le tout et en l’assaisonnant d’un peu de piment d’Espelette, tu obtiendras un consommé velouté moelleux très légèrement amer, au doux parfum discret. De quoi te réconforter et réconforter ceux que tu aimes lors des fatigues de la fin de l’hiver…

 

(c) Lalie Solune

Muffins pour la triple déesse

Avec la bénédiction des daymons du feu, allume ton four en saluant Brigit et laisse le chauffer pendant la préparation (200°c.)

Dans un cristallin chaudron, verse avec gratitude 250 gr. de belle farine blanche bénie par Demeter, 130 gr. d’amandes en poudre, 100 gr. de sucre de canne roux en saluant Erzulie, le contenu d’un sachet de levure en poudre (sans phosphate, c’est encore mieux) avec une pincée de sel protecteur en remerciant Gaïa. Mêle bien tout cela de ta main féminine.

Fais fondre 75 gr. de beurre baratté par une gaie fermière et dilue-le dans 25 cl. de lait de vache aux gros yeux doux. Ajoute ce mélange aux éléments en poudre du cristallin chaudron ainsi que deux oeufs de belle poule noire et blanche (ou rousse) en saluant Ceriduen.

Ajoute enfin

2 cuillères à soupe de sirop d’amande parfumé à la fleur d’oranger et 1 c.s. d’amande amère pour la jeune fille

5 cuillères à soupe de liqueur de lilas pour la femme mûre

Une poignée de graines de pavot pour la vieille femme

Confie ces petits gâteaux à la matrice du four pendant 20 à 25 minutes…

(c) Lalie Solune

 

Crêpes lunaires

La sorcelière ayant observé la course de la lune met à tiédir doucement trois quart de litre de ce bon liquide fortifiant béni par Brigit qu’est le lait. La sorceresse ayant contemplé la sylphe danse des flocons tamise dans un plat très creux trois cents grammes de blanche farine. La sorcière s’étant recueillie en gratitude envers la terre mère jette dedans la farine une pincée de sel.

Puis lentement, très doucement, comme le perce-neige qui pointe, elle verse le lait en remuant de son fouet. Alors elle ajoute deux beaux œufs et fouette l’onctueux liquide qu’elle laissera reposer parfois quelques heures, parfois jusqu’au lendemain, en un lieu un peu frais, recouvert d’un beau linge qui l’abrite des poussières.

Au moment du partage, elle remue une fois encore la pâte et chauffe son billig en le frottant de beurre. Elle verse un peu de liquide et l’étale finement. C’est le moyen le plus vivant qu’elle connaisse pour faire de la croustillante dentelle lunaire.

Jamais sorcelière ne manque de donner la première aux fées et aux oiseaux, aux farfadets et aux petits animaux…

(c) Lalie Solune

Tarte au citron meringuée

La tarte au citron meringuée ressemble à l’hiver, à la fois sucrée et acide, craquante à l’extérieur, mais le cœur délicieusement fondant.
Elle est l’alliance improbable des contraires, du doux et de l’acide, du tendre et du croquant. Entre deux temps de l’année, entre deux humeurs pour la pâtissière qui la prépare, c’est un parfait dessert de janvier.
Pour la sorcière qui tisse des sortilèges dans sa cuisine, cette tarte est réconfortante les jours de mauvais temps, au propre comme au figuré, ou quand on a un choix difficile à faire.
Mais comme tout choix important demande du temps et de la patience, il en faut aussi pour préparer ce dessert.

La crème d’abord, car il faudra la laisser reposer au frais une bonne douzaine d’heures.
Dans ton chaudron, verse le jus de trois citrons et leurs zestes râpés finement, ajoute 300g de sucre en poudre et 200g de beurre en petits morceaux.
Fais chauffer le tout à feu très doux et mêle soigneusement ces ingrédients.
Retire-les du feu avant qu’ils ne commencent à caraméliser et ajoute six œufs entiers. Fouette le tout vigoureusement, avant de remettre le chaudron sur le feu pour faire épaissir la crème.

Le jour même ou le lendemain, occupe-toi de la pâte.
250g de farine, un œuf, 100g de sucre et 125g de beurre, à pétrir patiemment avec un peu de miel ou d’extrait de vanille pour parfumer le tout, te donneront un délicieux fond de tarte.
Quand viendra le moment de faire cuire la pâte, prends garde à ne pas l’étaler trop finement, il ne faut surtout pas qu’elle casse au démoulage. Choisis aussi un moule à tarte au rebord assez haut.
Sagement lesté dans son moule, fais d’abord cuire le fond de tarte à blanc (Th5). La coloration d’un brun léger t’indiquera qu’il est prêt.
Laisse-le refroidir avant d’y ajouter la crème et pendant ce temps prépare la meringue.

Fouette énergiquement quatre blancs d’œufs et quand ceux-ci seront assez mousseux ajoute en pluie leur double en sucre (dans les 200g) tout en continuant à les battre. Il n’y a pas plus simple que cela…

Préchauffe le four à feu moyen.
Et sur la tarte étale la douce mixture blanche, uniformément, comme de la neige fraîche, pour clarifier tes idées, ou à la cuillère, façon carapace de tortue, pour ajouter à ton sortilège une pointe de réconfort et de protection, mais tu peux aussi en faire des vagues pour l’apaisement, une ou des spirales avec une poche à douille pour favoriser l’harmonie, la réflexion ou en hommage à la Déesse… C’est selon l’humeur, selon l’envie, selon la magie désirée.
Cela fait, glisse la tarte au four sur la plaque du haut, en augmentant le feu, et surveille bien car la cuisson de la meringue est très rapide. C’est normal qu’elle roussisse. Pour garder sa couleur claire il faudrait la faire cuire longtemps et à feu très doux, ce qui n’est pas possible pour cette tarte, cependant la meringue y gagne en moelleux.
Bien cuite, elle sera un peu brune et croquante à l’extérieur, blanche et fondante à l’intérieur.
Laisse la tarte reposer au frais avant de la servir. Ce n’est pas un dessert qui se consomme tiède, mais très froid au contraire. Par contre si le cœur t’en dit et que tu veux ajouter à ton sortilège douceur et fluidité, prépare une crème anglaise épaisse et citronnée, puisqu’il te reste des jaunes d’œufs, pour la servir tiède avec ta tarte.

(c) Sara Strega

Risotto hivernal.

Laisse infuser, dans de l’eau qui vient tout juste de bouillir, feuilles de curry, marjolaine, romarin et thym sauvage, savoureuses herbes adjointes d’un peu de sel. Garde ce bouillon au chaud, pendant que tu feras revenir les oignons dans l’huile d’olive, avec encore un peu de sel.
Une fois les oignons suffisamment fondus, ajoute le riz arborio, ce riz rond très riche en amidon qui est la base de tout bon risotto crémeux qui se respecte. Remue, remue sans cesse, jusqu’à ce qu’il devienne transparent. A ce moment tu pourras le recouvrir d’eau, mais à peine moins le remuer…
Et petit à petit, à mesure que le riz absorbe les épices, rajoute assez de bouillon (bien chaud, évidemment) pour qu’il en soit toujours à peine recouvert. N’oublie pas que de la dernière dose de bouillon il ne devra quasiment rien rester en fin de cuisson, il faut savoir s’arrêter à temps.
A mi-cuisson verse dans ton chaudron une bonne rasade de vin blanc (on peut faire ça aussi avec, ou même juste avant, le premier bouillon, selon l’importance que l’on veut donner au goût du vin) et les tomates séchées. Et presque à la toute fin, quand le riz est assez cuit et qu’il a bu presque à satiété, ajoute le jus d’un ou deux citrons.
Quand le riz aura absorbé le peu d’eau qu’il reste, ajoute une cuillère de crème fraîche pour l’onctuosité et une pluie de parmesan, avant de savamment mêler le tout une dernière fois et de laisser le plat reposer un peu.

(c) Sara Strega

Mamma mia !

« La cuisine. La cucina, notre vraie mère patrie, la grotte chaude de la bonne sorcière au fin fond du pays désolé de la solitude, ses chaudrons pleins de délicieuses potions qui mijotent sur le feu, une caverne d’herbes magiques, le thym et le romarin, la sauge et l’origan, le baume du lotus qui rend la raison aux aliénés, la paix aux angoissés, la joie aux affligés, cet univers exigu et clos, les fourneaux en guise d’autel, le cercle magique de la nappe à carreaux où les enfants se nourrissaient, ces vieux enfants ramenés à leurs débuts, car le goût du lait maternel hantait toujours leur mémoire, son parfum s’attardaient dans leurs narines, leurs yeux se mettaient à briller, et la méchanceté du monde s’évanouissait quand la vieille sorcière maternelle protégeait sa progéniture contre les loups qui rôdaient au-dehors. »

John Fante Les Compagnons de la grappe, traduit par Brice Mathieussent, éd. 1018.

Nectar solaire de la Chandeleur

Au-dessus de ton chaudron purifié, tranche par le milieu de belles oranges amères car tu sais que montera bientôt le soleil. Que ton chaudron récolte la pulpe et le jus et tu y ajouteras du miel de fleurs sauvages du printemps dernier avec une pensée pour les abeilles qui continuent leur repos bien mérité. Pincée de fleurs séchées comme il plaira à ton âme, lavande, soucis, armoise, aspérule de mai ou celle qui te plaît. Pour moi, ce fut l’an dernier la lavande et cette année ce sera l’aspérule. Dans ce chaudron réservé et fermé, laisse les sept derniers jours de janvier tous ces ingrédients se mêler et chaque jour vient doucement l’agiter en préparation de la fête des chandelles, de l’hommage à Griàn et Brigit. Il viendra agrémenter crêpes et caillebottes préparées.

(c) Lalie Solune

 

Faunesque poêlée de fenouil

Merci au Faune qui m’a délectée de ce met et m’a généreusement autorisé à l’écrire « à ma sauce »…

Dans une sauteuse, le faune bondissant verse un peu d’huile d’olive et il se met en devoir de laver et couper un fenouil, d’émincer un oignon et de hacher de l’ail. Avec ce sourire en coin si particulier aux Faunes, il attrape tout cela dans ses mains et le lâche dans la sauteuse en agitant le bout des doigts pour faire rire les nymphes, c’est toujours quelque chose de gagné… et le tintement des rires de dryades lui indique à coup sûr le moment idéal pour verser là-dessus un trait de jus de citron. A son tour de rire… Comme il est farceur mais très aimable, il sait trouver sans difficulté aucune une petite brindille d’estragon séché, pour l’émietter dans la préparation et les nymphes en soupirant la parsème à leur tour de ciboulette séchée secrètement rassemblée dans leur temple au printemps…

(c) Lalie Solune

 

Pommes d’or hivernales

Verse dans ton chaudron un peu d’huile d’arachide ou de sésame. Émince de l’oignon et dépose-le là, bien au chaud. Hache de l’ail pour l’accompagner. Pèle et découpe de la pomme de terre pour la déposer de même. Ajoute quelques grains de poivre du Sechuan. Cisaille du persil sur le dessus. Pèle et découpe un morceau de curcuma frais en prenant soin de ne le laisser colorer que ce que tu veux bien. Plonge le itou dans ton chaudron d’hiver. Ajoute une petite pincée de methi, autrement dit de fenugrec, et quelques feuilles broyées de curry. Confie ton chaudron fermé au feu qui nous soutient l’hiver. Surveille et, s’il le faut, ajoute un peu d’eau par moments, jusqu’à ce que l’ensemble soit cuit, bien mêlé et chaudement odorant. Nul besoin de moi pour saler comme tu le voudras.

(c) Lalie Solune

 

Au coeur de l’hiver

C’est que l’hibernation agit en période froide et sombre… vous avez donc, chers curieux et gourmands qui lisez ce blog, beaucoup moins de messages qu’à d’autre périodes de l’année… Emmitouflée dans mon poil hivernal, le geste déjà quelque peu ralenti, voilà que j’ai oublié lors du dernier message posté dans la rubrique de mentionner les kakis. Ai-je une bonne excuse à cela ? Nul besoin, mais j’ai une raison valable : je n’ai jamais réussi à apprécier un kaki.

Cependant un événement assez attendu mais tout de même surprenant à chaque fois (l’hibernation, je vous dis!) m’a donné le goût de secouer ma pelisse et d’étirer mes pattes pour signaler à quiconque serait intéressé que les oranges sanguines, les oranges amères et les oranges maltaises (d’ici une semaine, disons ) sont là. A vos chaudrons de cuivre ! A vos écorces confites ! A vos vitamines !

Bien entendu, il ne faut pas oublier les citrons de la région de Menton que j’ai eu l’honneur de goûter peu après le solstice et qui, il faut bien le dire, sont délicieux.

Si la méditerranée nous offre ses sphères dorées, la Bourgogne à sont tour offre à qui saura les déterrer les sphères d’or noir de la terre que sont les truffes, princesses noires parmi les champignons…

Sur ce, je m’en retourne à ma caverne ronfler avec les ours…

(c) Lalie Solune