Tourte pommes-coing

En ce jour de nouvelle lune, il y a de cela deux soirs, j’ai préparé un dessert pour le réconfort parmi les brumes, pour qu’une flamme de douceur perdure tout l’hiver au foyer. Voici ce qui eut lieu : le coing qui parfumait la cuisine depuis l’équinoxe d’automne fut descendu de son étagère pour rejoindre cinq belles pommes de la variété elstar, bien acidulée, sucrées sans trop, juteuses et rouges. Les fruits furent lavés et séchés.

Deux disques de pâte feuilletée, à peine plus grand que le moule à tarte avaient été préparés.

Le coing fut pelé, ses pelures déposées dans un bocal et recouvertes d’alcool pour une future liqueur de coing.

Puis il fut découpé en quartiers et épépiné avant d’être déposé dans un panier pour une cuisson à la vapeur de vingt minutes.

Pendant la cuisson du fruit d’Aphrodite, les pommes furent pelées et découpées en quartiers puis les quartiers en tranches. Chaque morceau cassé ou trop petit rejoignit le fond d’une casserole, assortis d’un peu de beurre salé, d’un soupçon d’eau et d’une bonne cuillère à thé de miel de châtaignier.  La compote cuisit à découvert, le coing cuit fut coupé en tranches et la pâte disposée dans le moule beurré et fariné avant d’être piquée en spirale. Une couche de compote de pommes, une couche de tranches de pommes crues, au mitan un soleil fait des tranches de coing et le deuxième disque de pâte posé par-dessus, ourlé sur les bords et percé au centre d’un symbole, à convenance de qui le trace.

Il ne restait plus qu’à enfourner une demie heure à 240°, à regarder dorer, à humer et, surtout à laisser bien refroidir avant de découper et partager.

(c) Lalie Solune

Liqueur de cardamone

En lune fort décroissante, la sorcière des épices met deux très grosses poignées de cardamones vertes, dont elle a ouvert les gousses au mortier, à macérer dans un litre d’alcool pour fruits à 40% de volume.

A la veille de la lune cachée, de la sombrelune, l’alcool a déjà prit une belle couleur d’un vert soutenue et une fragrance marquée de cardamone.

Au tout premier croissant de lune, elle fait un sirop  en mêlant et faisant fondre 250 gr. de sucre brun en poudre, parfumé par la présence dans son pot d’une gousse de vanille fendue, avec un litre d’eau. Elle filtre l’alcool parfumé et le mélange au sirop refroidi.

Elle laisse ensuite poser jusqu’au solstice d’hiver si c’est pour faire des pâtisseries ou jusqu’à la chandeleur, voire jusqu’à l’automne suivant, si c’est pour la boire.

(c) Lalie Solune

Ronde de la fée amoureuse

L’amour ne connaît pas forcément les mêmes saisons que les fruits de la nature. Cette tarte est idéale pour fêter l’équinoxe d’automne, étant donné les ingrédients qui sont utilisés pour la confectionner, cependant, la noisette et les pommes se conservant très bien pendant l’hiver, je l’ai créée à l’occasion de l’anniversaire d’un amour hivernal. Elle peut être bienvenue également pour fêter la Saint Valentin. Il est bon de mettre de côté tout ce qui n’est pas issu du sentiment d’amour pour la façonner et de se rappeler que si elle est faite pour une personne aimée, elle n’en sera que mieux réussie…

 

Dans un récipient transparent, verse 250 grammes de farine blanche avec la légèreté enjouée du vrai baiser. Coupe en petits morceaux 125 grammes de beurre avec la patience et la tendresse que nécessite l’amour qui va durer. Mêle du bout des doigts ces deux éléments, en ressentant l’aspect le plus ludique de la sensualité. Ajoute une bonne poignée de noisettes en poudre, qui apportera la sagesse et la souplesse nécessaires à l’acceptation de soi et de l’autre. Creuse au centre de ce mélange un creux, un réceptacle, une matrice où tu verseras 80 grammes d’une eau fraîche et pure qui va lier tout ensemble lorsque tu touilleras la pâte en spirales progressives, dignes du temps qui passe, se renouvelle et se répète sans être jamais tout à fait le même. Couvre la boule obtenue par délicat pétrissage d’un linge solide et immaculé, laisse-la reposer une demie-heure. C’est qu’il faut parfois, ne l’oublions pas, laisser des choses de côté, respecter les secrets et laisser le temps œuvrer.

Coupe en petits morceaux et dans la perpendiculaire de l’axe du fruit, deux ou trois pommes, selon ton souhait… et cuis-les à feu assez doux dans une casserole, avec un morceau de beurre, un petit peu d’eau et un nuage de sucre ou une lichette de miel. Tu peux aussi rajouter à cette compote un léger nuage de cannelle. Etale la pâte dans un moule beurré et fariné, cela pour qu’elle garde sa cohérence interne sans accrocher. Etends sur la pâte la compote enchantée et coupe de fines tranches de généreuses et bonnes pommes dont tu recouvriras abondamment la tarte pendant que le four chauffe. Confie ensuite cette préparation féérique au feu du foyer, que tu auras réglé avec tempérance à 180°c. Patiente une bonne vingtaine de minutes avant de la laisser un peu refroidir et de la partager avec la personne aimée, peut-être en dégustant un thé Mag Meld.

 

(c) Lalie Solune

Thé Mag Meld

Mag Meld est la « plaine des plaisirs » de la mythologie celtique. Ce thé parfumé favorise la détente et l’amour, la sensualité. Au moment où l’inspiration de ce thé me venait, tandis que j’en notais les ingrédients, je me suis aperçue qu’il avait été en bonne partie inspiré par le thé des amoureux de Strega. Considérons-le comme ma version de sa création personnelle…

 

Pour un bocal de thé voluptueux, d’environ 250 gr. :

Verse du thé indien appelé aussi couramment thé noir, et dit par les spécialistes thé rouge, en proportion de quatre cinquième du bocal. Ajoute cinq bonnes cuillères à café de roses séchées et moulues.

Referme et secoue pour bien mélanger, ainsi que tu le feras à chaque ajout d’un nouvel ingrédient.

Ecrase dans un mortier, juste assez pour les ouvrir, neuf ou deux fois sept gousses de cardamone et ajoute-les. Mélange de nouveau.

Verse deux cuillères à soupe d’amande en poudre ou encore, ou aussi, deux ou trois gouttes d’extrait d’amandes amères.

Ajoute en quantité qu’il te plaira du gingembre séché et râpé. Fais de même avec un petit morceau d’écorce de citron. Enfin, introduis dans ce mélange la pelure d’une pomme sauvage, sous forme d’un ruban séché.

Infuse le thé à l’eau de source et sers-le avec du miel de fleurs sauvages pour une boisson passionnée, avec du miel de forêt pour un amour profond et sauvage, avec du miel de bruyère pour un amour joyeux et solide…

(c) Lalie Solune