Potée de rutabagas et soupe de saison

Voici enfin le froid qui nous rassemble autour de la marmite à la nuit tombée…

Au premier jour, il me restait quatre feuilles de chou vert, je les ai découpées en lanières et jetées dans la marmite avec un gros oignon émincé et deux rutabagas moyens râpés, une feuille de laurier, trois gousses d’ail, trois baies de laurier, une généreuse pincée de carvi, quelques grains de poivre noir et beaucoup d’eau convenablement salée…

Quel plaisir de vaquer à ses occupations au chant sautillant de la cocotte minute, de laisser la cuisine nous réchauffer comme le souffle aimable d’un dragon, l’hiver à la nuit tombée. C’est une chance, il faut le reconnaître…

Au deuxième jour, il restait un fond de cette soupe qui fut agrémentée de cinq autres gousses d’ail, d’un morceau de lard demi-sel, de romarin et marjolaine en quantité, de deux autres rutabagas râpés et arrosée de nouveau d’un peu d’eau, suffisamment pour qu’elle mijote tranquillement pendant que le four opérait sa magie sur la tarte aux poires du dessert…

(c) Lalie Solune

 

Fricot de légumes-racines aux herbes

Voici la saison sombre qui s’installe, les feuilles tombées des mains de la déesse couvrent, bienveillantes, racines fines et chenues, glands et graines chus.

Le repli au chaud commence et c’est près du feu intérieur que chaque être vivant se réfugie.

Voici que pour certains arrive l’hibernation.

Pour d’autres, le chaud pelage a enflé, doux et épais.

Le scintillement du givre va s’installer.

Voici que s’annonce le temps des féeries hiémales.

Voici le temps du chaudron, le temps de l’imagination, le temps de la veillée…

Honneur aux racines, honneur à la chaleur dedans la terre, honneur aux partages près du feu.

Les légumes-racines sont entreposés, les herbes et champignons séchées, l’eau de la source se fait mordante, il faut vouloir la capturer.

Lumignons, chandelles et lanternes sont allumés.

Oignons pelés et émincés, betteraves crues tranchées, conserve leurs pelures pour teinturlurer.

Carottes et pommes de terre en morceaux débitées, rutabagas en cubes coupés, garde leurs épluchures pour aux animaux les donner.

Dans ton chaudron, ces légumes-racines tu vas poser, avec un peu de gras, de ton choix le préféré…

Un léger flot de vin blanc de l’année et trois flots d’eau avec gratitude récoltée dans ce chaudron tu vas verser. Trois ou cinq grains de poivre, une pincée de sel marin tu peux alors ajouter. D’une feuille de sauge, d’une pincée de sarriette et d’une autre d’armoise tu vas ce mélange saupoudrer en honorant la terre de tes pensées.

Puis ton chaudron tu dois entre’fermer, une heure ou deux laisser mijoter.

Dans les fumets de ce bouillon viendra l’heure des paroles, des contes et des chansons, des réjouissances dans la maison.

Que les unseelies vous épargnent et que les ombres sorcières vous enseignent le chemin des lueurs féériques voilées et dévoilées !

 

(c) Lalie Solune