La sorcelière ayant observé la course de la lune met à tiédir doucement trois quart de litre de ce bon liquide fortifiant béni par Brigit qu’est le lait. La sorceresse ayant contemplé la sylphe danse des flocons tamise dans un plat très creux trois cents grammes de blanche farine. La sorcière s’étant recueillie en gratitude envers la terre mère jette dedans la farine une pincée de sel.
Puis lentement, très doucement, comme le perce-neige qui pointe, elle verse le lait en remuant de son fouet. Alors elle ajoute deux beaux œufs et fouette l’onctueux liquide qu’elle laissera reposer parfois quelques heures, parfois jusqu’au lendemain, en un lieu un peu frais, recouvert d’un beau linge qui l’abrite des poussières.
Au moment du partage, elle remue une fois encore la pâte et chauffe son billig en le frottant de beurre. Elle verse un peu de liquide et l’étale finement. C’est le moyen le plus vivant qu’elle connaisse pour faire de la croustillante dentelle lunaire.
Jamais sorcelière ne manque de donner la première aux fées et aux oiseaux, aux farfadets et aux petits animaux…
(c) Lalie Solune
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