Carpe panée

J’ai ouï dire qu’en Bohême comme à Vienne, la carpe panée accompagnée de salade de pommes de terre est le repas traditionnel de Noël, que la tradition veut, là-bas, qu’on jeûne la journée jusqu’au repas qui commence avec la nuit. Si tu souhaites pour ce solstice d’hiver voyager un peu en Mittel Europa, offrir à tes convives un banquet inhabituel et simple à cuisiner, voici comment tu peux t’y prendre :

Au matin de cette courte journée, prépares une salade de pommes de terre.

Cuis à l’eau 600 gr. de pommes de terre bonnes pour les salades, généreuses et fermes à la cuisson. Cuis aussi une bonne grosse carotte d’hiver, un morceau de céleri et un persil tubéreux dans de l’eau salée agrémentée d’un peu de vinaigre de cidre. Epluche ensuite les pommes de terre avant de les couper en morceaux. Coupe en petits morceaux les légumes cuits, une belle pomme et trois gros cornichons malosols. Emince finement un gros oignon blanc. Mêle le tout avec du vinaigre, du sel, du poivre, une pointe de moutarde douce et 150 gr. de fromage blanc très égoutté à défaut d’un fromage frais de type slave, la ricotta est aussi très bien pour ce faire. Saupoudre de cerfeuil séché. Laisse tout cela reposer au frais.

Découpe la carpe sacrifiée ou ses filets en morceaux que tu arroseras de citron et d’un peu de sel fin pour les mettre eux aussi à reposer au frais, le temps de te consacrer aux autres plaisir de ce jour bref.

Si tu redoutes ou que l’un de tes convives redoute vraiment le goût particulier de ce poisson d’étang, ami de la roussalka, tu peux préparer les morceaux de carpe la veille et les laisser poser toute la nuit arrosés de jus de citron.

Juste avant le banquet, frotte les morceaux de carpe ave ce qu’il plaira à ta fantaisie : de l’ail haché, du cumin en grain, du gingembre moulu, du paprika… puis roule les dans la farine, ensuite dans deux oeufs battus, enfin dans la chapelure et fris-les avec soin à l’huile chaude d’une poêle, jusqu’à ce que l’or de la panure se révèle à tes yeux émerveillés.

Pourquoi ne pas chantonner en disposant dans les assiettes la carpe, son solaire quartier de citron et son brin de persil accompagnés de la salade…

(c) Lalie Solune

 

Huile de Bénédiction Solaire pour Yule

Le dimanche qui précède le solstice d’hiver, choisis dans ton coffre à simples sept plantes solaires cueillies lors du solstice d’été. Écrase-les très grossièrement dans ton mortier, hume leurs fragrances pour t’imprégner de leur pouvoir. Verse dans un pot en verre ou en céramique une huile liée elle aussi à l’astre du jour. Tu peux choisir une huile de tournesoleil mais sache qu’elle rancit prestement. L’huile d’olive ou de noix pourront très bien convenir si tu en apprécies le parfum. Place ce pot au bain-marie. Ajoute à l’huile ton mélange de plantes et laisse macérer doucement pendant 7 heures. Prends soin, à chaque heure écoulée, de charger ton macérât. Pour cela, il te suffira de placer tes mains au-dessus de ton chaudron, de laisser passer l’énergie et de te concentrer sur les bienfaits du retour du soleil, sur ta gratitude envers lui. Filtre ensuite l’huile parfumée à travers un linge fin, à moins que tu ne sois envoûté par la beauté de ces herbes baignant dans cette lumineuse huile dorée. Verse-la dans ta plus jolie fiole en verre que tu placeras au centre de ton autel jusqu’au solstice d’hiver. Le jour de sa célébration, tu pourras t’en servir pour oindre et bénir les bougies d’autel ainsi que celle dédiée au sort que tu vas jeter. Mais de cela, je te parlerai une autre fois !

(c) Lune du Sidh

Chocolat chaud des dames de décembre.

Quand vient le temps de décembre, il est doux de partager un bon chocolat chaud et de se laisser réconforter par la force du cacao, la chaleur des épices et la douceur du chocolat, loin des grands froids et de leur impérieuse Reine qui toujours cherche les éclats de son miroir obscur.
A n’en pas douter, si par malheur un de ces vicieux éclats d’hiver s’est logé en ton cœur et te fait ressentir le monde à travers son filtre de givre, ce chocolat sera à même de le faire fondre et de te rendre la paix et la joie qui n’auraient jamais dû te quitter.

Dans ton chaudron fais tiédir deux bonnes tasses de lait.
Dans un sachet à infusion, verse deux cuillères à café de camomille (un peu moins si les fleurs sont entières), une demi cuillère à café de mélange quatre épices et une cuillère, toujours à café, de cacao dégraissé non sucré.
Retire le lait du feu et jettes-y le sachet, couvre le tout et laisse sagement infuser quelques minutes.
Une fois le lait gentiment mélangé et le sachet enlevé, remets sur le feu ton chaudron et ajoute à ta boisson quatre carreaux de chocolat praliné coupés en petits morceaux.
Laisse fondre doucement le chocolat en mélangeant toujours, ajoute une cuillère café de sucre roux en poudre avant de servir et de déguster ton chocolat en bonne compagnie.

(c) Sara Strega

Les Boules du Cornu

La veille de Yule, dans un saladier, mélange poudre d’amandes, sucre et liqueur d’écorces d’oranges douces et amères (à 40°) jusqu’à l’obtention d’une pâte d’amandes sympathique. Forme des boules de la grosseur d’une belle noix et laisse-les sécher à l’air libre jusqu’au lendemain. L’alcool aura eu le temps de s’évaporer un peu, rendant cette mignardise plus douce. Le jour de Yule, prépare une plaque huilée. Verse le sucre dans une casserole et fais chauffer doucement jusqu’à l’obtention d’un beau caramel bien roux. Ajoute un filet de jus de citron si le cœur t’en dit. Avec précaution et deux fourchettes, enrobe de caramel les boules de pâte d’amandes, pose aussitôt sur la plaque huilée et place de chaque côté un cerneau de noix, ainsi c’est bien plus pratique à saisir ! Laisse refroidir et déguste rapidement.

(c) Lune du Sidh

Solstice d’hiver

Cette année 2010, le solstice d’hiver aura lieu le 21 décembre au soir,

 

soir culminant de la pleine lune et d’une éclipse partiellement visible en Europe et totale au Canada.

 

Puissent vos agapes et danses sous l’arbre encore vert vous être bénéfiques !

Bonshommes et maisons de pain d’épices

Que tu souhaites construire ta chaumière en pains d’épices, créer un château fort de décembre pour de petits chevaliers, de jolies princesses, de sages dragons ou de rusés ménestrels, donner son regard et son sourire à un bonhomme de pain d’épices, illuminer une étoile de Noël comestible ou autoriser un diablotin à tirer la langue avant d’être mangé, il te faudra pour cela une matière collante, comestible et décorative. La magie est entre tes mains, dans l’attention que tu porteras à la création et ta liberté d’imagination…

Fouette un blanc d’oeuf avec 140 à 200 gr de sucre glace tamisé jusqu’à ce que la substance soit lisse, ferme et luisante. Trempe une paille dedans et dessine des lignes courbes ou des points sur une assiette pour tester la texture. Si le dessin est fin et que le mortier à chaumines sèche en quelques minutes, c’est que tu es sur la très bonne voie.

Fais un cornet avec un papier solide ou utilise une poche à douille spéciale pour dessiner les motifs sur les figurines. Pour les constructions, la préparation sert de « colle » pour les pans de la chaumière en pain d’épices…

Conserve ces petits êtres et paysages quelques 15 jours, dans une boîte en métal ou en carton. Tu peux aussi ajouter une pomme saine dans le lieu de conservation afin de les aider à bien se conserver, mais garde-les bien de tout contact avec les oignons, l’ail, les champignons, les aromates, les épices et le chauffage. Cette période de repos permettra aux pains d’épices décoratifs de se reposer, de se relâcher et d’être bien plus moelleux à manger.

 

(c) Lalie Solune

Bol de senteurs hivernales

Choisis un petit récipient creux dont la forme et les couleurs siéront à ton âme et mêle dedans

Quelques écorces de clémentines sèches, une poignée d’aiguilles de sapin, de pin ou d’épicéa, deux ou trois ou cinq clous de girofle. Saupoudre de cannelle en poudre, mélange bellement et dépose une étoile de badiane en son coeur.

C’est simple comme l’hiver et chaleureux comme un foyer de sorcière…

 

(c) Lalie Solune

Potée de rutabagas et soupe de saison

Voici enfin le froid qui nous rassemble autour de la marmite à la nuit tombée…

Au premier jour, il me restait quatre feuilles de chou vert, je les ai découpées en lanières et jetées dans la marmite avec un gros oignon émincé et deux rutabagas moyens râpés, une feuille de laurier, trois gousses d’ail, trois baies de laurier, une généreuse pincée de carvi, quelques grains de poivre noir et beaucoup d’eau convenablement salée…

Quel plaisir de vaquer à ses occupations au chant sautillant de la cocotte minute, de laisser la cuisine nous réchauffer comme le souffle aimable d’un dragon, l’hiver à la nuit tombée. C’est une chance, il faut le reconnaître…

Au deuxième jour, il restait un fond de cette soupe qui fut agrémentée de cinq autres gousses d’ail, d’un morceau de lard demi-sel, de romarin et marjolaine en quantité, de deux autres rutabagas râpés et arrosée de nouveau d’un peu d’eau, suffisamment pour qu’elle mijote tranquillement pendant que le four opérait sa magie sur la tarte aux poires du dessert…

(c) Lalie Solune

 

Tchaï massala

Le Tchaï Massala n’est plus à présenter. Thé indien aux épices, il se boit chaud, sucré avec du lait, ce qui fait de lui une boisson réconfortante durant l’hiver et rafraîchissante durant l’été. Voici comment je prépare le mien.

 

Dans un pot opaque, de contenance à peu près équivalente à celle d’un bocal de confiture, verse du thé rouge dit couramment thé noir indien, Ceylan ou Assam, des gousses de cardamone en bonne quantité, juste écrasées au mortier pour qu’elles soient ouvertes, de la cannelle en poudre à volonté, trois ou cinq clous de girofle entiers. Ce mélange se conserve facilement et longtemps. Il faut songer à laisser le temps aux ingrédients de reposer, pour que les épices et le thé se mêlent bien.

Au moment de faire le thé, rajoute de la racine fraîche de gingembre râpée, du sucre vanillé – mais du vrai : du sucre roux qui aura séjourné dans un bocal où se trouve une gousse de vanille fendue- ou encore du miel de châtaignier, d’acacia, de montagne, au fond de la théière. Verse deux bonne cuillères du thé épicé dans une passoire à thé en mousseline…

Dans la casserole, de l’eau de source et du lait (végétal ou animal) mélangés tu porteras à frémissement intense, vers les 80 ou 90°c. Verse dans la théière, sur le thé. Laisse infuser sept à dix minutes.

Les Indiens servent ce thé dans des timbales en métal.

(c) Lalie Solune

 

Sablés miroirs.

Tout le monde connaît ces sablés fourrés à la confiture que l’on nomme lunettes quand ils sont de forme allongée et que le sablé du dessus est percé de deux cercles…
Quant à moi, je les préfère de forme ronde, comme des miroirs et je découpe dans celui du haut ce que je veux y voir…

Dans un saladier mêle 250g de farine tamisée, une pincée de sel et une petite cuillère à café de bicarbonate de soude, 100g de sucre, 125g de beurre, un œuf entier battu (ou bien deux jaunes).

Et c’est là que les chemins des pâtissorcières se séparent car c’est le moment d’ajouter le parfum…
La tradition voudrait que grains de vanille et miel viennent apporter leur douceur à la pâte, mais si tu préfères l’amertume du cacao (qu’il vaut mieux alors ajouter au début, avec la farine, tout comme les épices moulues), deux cuillères à soupe de cacao non sucré adjointes de deux cuillères à café de gingembre te donneront un mélange délectable. A moins que tu ne choisisses la force du citron ou la chaleur du café, l’exquise amande amère ou la sensuelle cannelle… A toi de voir pâtissorcière !

Dans ta pâte soigneusement pétrie et étalée au rouleau afin qu’elle ait une épaisseur convenable (n’oublie pas que celle-ci ne lève que peu.) découpe des cercles à ta convenance. Au cœur d’un sur deux de ces jolis miroirs, découpe à l’importe-pièce le désir qui hante tes pensées.
Laisse Brighid et les salamandres dorer le tout à feu doux (150°) et une fois tes sablés cuits, puis refroidis, nappe-les de confiture. L’orange va bien avec le cacao, amertume pour amertume, afin de chasser celle des larmes. Mais la poire c’est bon aussi, pour ajouter de la douceur, de l’espoir et de la compassion.
La framboise, c’est pour l’amour et la sensualité, avec des sablés à la vanille ou au cacao.
Et la gelée de kiwi est excellente avec les sablés au citron marqués d’un soleil pour donner de l’énergie.
Avec le café qui réchauffe l’âme en douceur, la confiture de lait est d’un grand réconfort.
Laisse parler ton imagination.

Une fois tes sablés assemblés, saupoudre-les ou non d’un mélange de sucre glace et de cannelle.

Bon appétit et jolis rêves, pâtissorcière !

(c)Sara Strega