Crêpes de sarrasin levées

Un peu à la façon éthiopienne, mais seulement un peu, puisqu’il est difficile de trouver sous nos latitudes du teff, la céréale utilisée en Ethiopie pour faire l’Injera, la galette traditionnelle qui tient là-bas un peu le rôle que le pain tient en Europe dans la tradition culinaire (et le riz en Asie). En revanche pousse dans nos contrées le sarrasin, qui demande peu à la terre et a nourri bien du monde pendant de nombreuses générations.

Mélange de la farine sarrasin à de la levure en poudre, ajoute une pincée de sel et de l’eau tiède. Laisse un peu poser au chaud. Cuis tes galettes sur une grande plaque d’un seul côté.

C’est tout simple, c’est donc de saison…

(c) Lalie Solune avec remerciements à Carabosse pour la précision concernant le Teff

Azifa

Verse dans ton chaudron des lentilles vertes et trois fois leur volume d’eau froide. Porte à ébullition et laisse cuire à feu moyen pendant trente minutes. Egoutte-les (garde leur eau de cuisson pour raviver du linge noir, si tu le souhaites et que ça peut t’être utile).

Lorsqu’elles sont encore tièdes, ajoute le jus d’un citron vert, du piment vert frais coupé en morceaux, du cumin (très peu) ou du gingembre, voire les deux, une échalotte hachée, un peu d’ail haché, du sel, de l’huile végétale. Ecrase un peu à la fourchette. Tu obtiendras ainsi une bonne purée de lentilles éthiopienne.

Tu peux la déguster avec des crêpes de sarrasin, à défaut de véritable injera.

(c) Lalie Solune

Pancakes de la lande

Dans un chaudron blanc comme perce-neige, comme l’écume des vagues ou le ciel de fin d’hiver au-dessus de la lande, verse autant de farine de blé que de farine de sarrasin pour faire bonne mesure. Un peu de blanc et un peu de noir… Ajoute de la levure, une poignée de poudre de noisettes, du lait de soja au lithothamnium calcareum (lait de soja « calcium » à l’algue), assez pour obtenir une pâte d’aspect liquide et fluide, bien qu’encore épaisse. Si tu la trouves un peu trop liquide et que tu parviens à te procurer un oeuf en cette fin d’hiver, ajoute-le à la pâte, sinon tu peux aussi ajouter du yaourt ou un peu plus de farine

Fouette bien la pâte et laisse la retomber. Cuis dans une poêle chaude avec du beurre salé.

Une fois dorés et cuits, saupoudre ces pancakes de pollen de fleurs et de miel de bruyère de la lande…

 

(c) Lalie Solune

Salade d’avant les crocus

Emince du chou blanc très fin, mélange-le à des cornichons malossols coupés en tout petits morceaux, ajoute du vinaigre de cidre dans lequel tu auras dilué au choix : de la moutarde, du raifort, du miel, de la gelée de safran…
Laisse mariner à couvert un jour ou deux, plus longtemps le chou va macérer, plus il va faire de jus, il se conserve plusieurs jours avec le vinaigre.
Ajoute les morceaux d’une pomme bien ferme et acidulée (Grise du Canada, Clochard, Patte de loup…) et, si tu le peux, quelques pignons, noisettes ou noix, un trait d’huile de ces deux-là ou encore d’huile de lin, de chanvre, de sésame…

(c) Lalie Solune

Boeuf bourguignon pour la Saint Vincent

Pour fêter le saint patron des vignerons, quel que soit le nom que tu lui donnes, Bacchus ou Vincent le bon… mais toujours et obligatoirement avec du vin de Bourgogne.

Commence ta préparation la veille ou le matin pour le soir, c’est meilleur réchauffé, comme beaucoup de mijotés à base de viande

Vas te promener dans une champignonnière afin de récolter une demie livre de champignons de Paris et passe à ton retour chez un boucher honnête qui pourra te fournir 800gr de boeuf à braiser (macreuse, gîte, paleron) et 100gr de lard fumé. A ton retour, puise dans ta cave une bouteille de vin rouge de Bourgogne parmi les millésimes honorables, 200gr d’oignons grelots et deux grosses carottes.

Une fois parée dans ta cuisine, épluche les oignons grelots et les carottes. Fais revenir dans ton chaudron de fonte les morceaux de viande, de sorte que leur suc nappe la cocotte puis réserve les. Découpe le petit salé en lardons que tu passeras une petite minute dans l’eau bouillante d’une casserole pour les blanchir. Fais fondre les oignons avec les carottes en petits morceaux dans le suc de la viande et lorsqu’ils sont bien tendres et moelleux, ajoute les lardons et la viande, un peu d’ail, et un bouquet garni de tes étagères à herbes. Un brin de laurier, une branche de thym et un peu de persil de ta jardinière de cuisine feront un bouquet enchanteur.

Laisse transpirer tout ce beau monde avant de l’arroser d’assez de vin rouge pour recouvrir la viande. Pose un couvercle sur ton chaudron et laisse cuire tout doucement pendant deux heures.

Lorsque viendra le temps du banquet, tu pourras faire réduire la sauce à feu très très doux et ajouter à la fin du rite les champignons brossés découpés en lamelles. Sers avec de bonnes pommes de terre à l’eau, du vin et une compagnie de bonne humeur et de bon aloi.

(c) Lalie Solune

Soupe Jah magique

Jah rastafari ensoleille ton hiver !

Vert est l’avocat, gorgé de soleil et bon pour le sang des habitants des pays froids, fruit nourrissant et doux au palais. Tu peux réduire la chair de celui-ci en purée et l’arroser du jus d’un demi citron vert, ajouter une toute petite pincée de cumin moulu, une petite pincée de piment séché et réduit en poudre, une petite pincée de curcuma et un demi litre de lait animal ou végétal (avoine ou riz, peut-être amande si ton goût t’y porte). Touille le mélange en purée en versant le lait progressivement. Avant de servir cette soupe froide, décore-la de quelques vertes feuilles de coriandre, d’un trait jaune de curcuma, d’un trait rouge de paprika.

(c) Lalie Solune

 

Couronne pour le roi de l’hiver

Mets à prendre un sachet (5 gr) de levure de boulanger dans deux cuillères à soupe de lait tiède avec une pincée de sucre.

Mélange 250 gr de farine à 60 gr de sucre ajoute une pincée de sel et une cuillère à café de sucre vanillé. bats 3 œufs dans un bol.
Creuse un puits où tu verses la levure, 1 cuillère à soupe d’eau de fleur d’oranger, et les trois œufs battus.
Pétris jusqu’à ce que la pâte soit homogène.

Ajoute peu à peu, en pétrissant, 125 gr de beurre ramolli  et pétris 10 m pour aérer la pâte qui doit se décoller des bords. Couvre d’un linge et laisse lever au chaud, entre 24 et 35 °c, pendant une heure.
Pétris encore 2 minutes. Fais de petites boules que tu peux fourrer avec ce qui te chante : morceaux de pommes, noisettes, noix, chocolat… Mets dans l’une d’elle une fève, vraie fève séchée ou objet d’art en porcelaine, terre cuite, verre, à moins que comme Peau d’Âne tu n’y dépose ta bague…. Pose dans un moule beurré et fariné en forme de couronne chaque boule l’une à côté de l’autre et laisse au chaud une heure, jusqu’à ce que la pâte atteigne le bord du moule. Préchauffe le four à 180°c, badigeonne le dessus de la brioche avec du lait qui aura servi à rincer le bols des œufs. Laisse cuire pendant la moitié d’une heure.

(c) Lalie Solune

Sanglier à l’eau de vie.

Il était un comte qui voulait vivre éternellement et une devineresse lui avait dit que le sanglier des sorcières viendrait à bout de lui. Alors il avait engagé un chasseur pour l’en débarrasser mais quand la proie lui fut amenée, ce fou qui se croyait plus fort que le temps lui donna un coup de pied, se blessa et mourut d’un empoisonnement du sang.
Respecte le sanglier, seigneur de la nuit et des ténèbres, du chaos et de la force primordiale, respecte le sanglier qui se nourrit des fruits de la terre et en obtient la sagesse, respecte le sanglier qui figure la course du soleil, la vie et la mort, le visible et l’invisible.
Et si tu as vaincu un de ces vénérables anciens sans malice ni rage, dans la loyauté d’un combat à armes égales, rend-lui hommage avant de cuisiner sa chair et puisse celle-ci t’apporter sa force, mais surtout sa sagesse.

Pour une tablée de six chasseurs…
Laisse toute une nuit mariner deux kilos de sanglier dans un demi litre de vin rouge. Le rouge et le noir, le noir et le rouge se mêlant, la brûlure de la vie, la dignité de la mort, la fugacité de chaque chose, car tout n’est que passage.
Le lendemain, sous la belle lumière du soleil, loin de la douceur du sommeil, fais chauffer de l’huile d’olive, quatre cuillères à soupe, dans lesquelles tu jetteras cinq oignons pas trop finement émincés. Coupe la viande en morceaux pendant qu’ils roussiront. Puis qu’elle rejoigne le chaudron, accompagnée de sept têtes d’ail et de quelques aromates comme l’origan, la myrte, le laurier et le poivre, ainsi qu’évidemment un peu de sel.
A feu très doux, fais revenir le tout. Mêle, mêle et mêle encore, puis laisse mijoter en ajoutant régulièrement de l’eau très chaude dans laquelle auront infusé les aromates que ton bon goût aura choisis.
Quand la cuisson approchera de son terme, ajoute 500g de cèpes et laisse l’eau s’évaporer. Cela fait, tu verseras dans le chaudron une tasse d’eau de vie que tu laisseras s’évaporer à son tour, part des follets, part des esprits de l’air qui hantent ta cuisine.
Couvre ton chaudron et laisse encore un peu mijoter le sanglier à feu très doux en remuant de temps en temps et en ajoutant encore quelques cuillères d’eau épicée pour ne pas qu’il brûle ou s’attache.
Sers-le avec des pommes de terre cuites au four à l’huile d’olive et aux épices ou avec ce qu’il te plaira.

(c)Sara Strega.

Borszc aux pierozki

Ainsi que le moment le plus sombre de la nuit annonce la première lueur du crépuscule matinal, la longue nuit porte en elle son propre sacrifice et son terme marque le progressif retour de la lumière qui nous précéda et nous succèdera, de même que la nuit nous précéda, de même que la nuit nous succèdera. A tout petits pas dans le froid s’avancera le soleil. Avant cela il nous faudra passer la plus longue nuit de l’année. La passer en bonne compagnie, dans le partage, à la lumière du feu de l’âtre et des chandelles, à la chaleur des paroles n’est-ce pas là une sage façon de s’assurer protection contre le gel mordant, contre le froid du corps et de l’âme ?
Quiconque a connu le mugissement vent du Nord l’hiver sait qu’il est sage alors de trouver refuge auprès de ses semblables, en les choisissant parmi les plus bienveillants.
Un potage rouge comme la braise dans la nuit, rouge du sang de la terre pourrait marquer ce moment de passage. Un potage venu d’un pays où le gel et la neige règnent sans partage chaque hiver. Un potage agrémenté de raviolis slaves, de pierozki, comme disent les Polonais. Si tu choisis cette recette comme entrée, tu en auras suffisamment pour six, cinq d’entre vous et le voyageur égaré, fatigué par le froid et affamé. Si tu choisis cette recette comme plat principal, le voyageur égaré sera le troisième convive, à moins que tu ne multiplie les doses ci données.
Si tu fais tes pierozki avec des champignons séchés, mets les à tremper la veille.
Dans une cocotte en fonte ou quelque chaudron épais à couvercle, mets à revenir 200 gr de lard frais et fais-le transpirer à feu modéré pendant que tu découpes les légumes.
A moins que tu ne souhaites nulle viande pour ce solstice hivernal, auquel cas apprête juste le fond de ton chaudron d’une matière grasse qui te conviendra et coupe, bien sûr, les légumes de la même façon : 200 gr d’oignon en lamelles fines, 150 gr de carottes et 200 gr de céleri-rave (à défaut de persil tubéreux) en julienne, 450 gr de betteraves en morceaux.
Ajoute les légumes dans le chaudron avec une feuille de laurier, 2 ou 3 baies de genièvre, et laisse les transpirer un peu à couvert avant de verser 1 litre et demi d’eau pure et une cuillères à soupe de vinaigre, un peu de poivre, un peu de sel et deux bonnes pincées de marjolaine. Laisse ceci mijoter à feu doux sous couvercle une heure environ, pendant que tu fais les pierozki.
Commence par pétrir 125 gr de farine avec un œuf et les mains humides. Pour cela, choisi un joli bol qui plaira à tes yeux et contiendra de l’eau tiède, disponible à côté de toi pendant que tu pétriras jusqu’à ce que la pâte soit lisse.
Hache au couteau 25 gr d’oignon, choisis 90 à 100 gr de champignons des bois (bolets, pholiotes, lactaires délicieux, cèpes…) tirés d’un bocal, que tu égoutteras et rinceras, puis couperas en tout petits bouts. Fais les revenir ensemble à la poêle.
Mélange les à 50 gr de choucroute artisanale, ou un peu plus, peut-être même 100 gr, si tu souhaites mixer la farce.
Après avoir abaissé la pâte sur une planche farinée, découpe des ronds grands comme ta paume de main avec un verre.
Tu obtiendras ainsi une dizaine de pierozki.
Dépose la farce au centre de ces cercles, et continue à travailler des deux mains. Humidifie les bords des pierozki avec les doigts, ton bol d’eau renouvelée toujours près de toi, tasse délicatement la farce au milieu un peu selon une ligne horizontale et replie les raviolis pour les fermer en pinçant les bords.
Pose-les sur un plan fariné pour qu’ils sèchent en attendant la cuisson.
Laisse le chaudron de Borscz refroidir. Au moment opportun, retire la feuille de laurier et (s’il le faut) la viande de ton chaudron et mixe les légumes. Passe ensuite le tout au chinois ou dans une étamine* avant de réchauffer.
Tu peux, si tu le souhaites, découper le morceau de viande en tout petits morceaux et le laisser dans le bouillon.
Cuis les pierozki onze minutes durant dans une bonne quantité d’eau bouillante salée et, au moment de servir, ajoute ces petits croissants de lune dans le Borscz rouge comme un ciel crépusculaire.
Mets à disposition de tes commensaux de la crème fraîche, un peu de persil et s’ils peuvent le souhaiter du raifort râpé.
(c) Lalie Solune
*la purée de légumes qui reste peut se servir plus tard en croquettes, ajoute juste de la farine ou de la kasha de sarrasin et un oeuf ou bien du fromage frais et cuis-les à la  poêle, tu peux servir ces croquettes avec la viande réchauffée…

Tison de Yule

Pars au poulailler et surveille les rares œufs que les poules pondent en cette froide et sombre saison. Quand tu en auras trouvé trois, tu pourras préparer le tison de Yule.

Casse ces œufs, sépare les blancs et les jaunes. Ajoute une pincée de sel à tes blancs et monte-les en une neige bien ferme. Laisse-les de côté le temps de battre tes jaunes avec 115 grammes de sucre jusqu’à ce que tu obtiennes un mélange bien clair. Ajoute alors peu à peu 75 grammes de belle farine blanche, puis tes blancs en neige en « soulevant » avec ta cuillère en bois.

Verse alors ta pâte sur une grande plaque rectangulaire recouverte de papier (sulfurisé) beurré. Place ta préparation dans un four chaud (200°) pendant 5 à 10 minutes en surveillant bien. Quand la pâte est cuite, pose-la, toujours collée à son papier, sur un torchon mouillé. Enroule prestement ta génoise afin qu’elle prenne la forme d’une spirale. Prends garde, ne l’enroule pas trop serrée car tu pourrais bien la « briser ». Déroule aussitôt, verse de ta meilleure liqueur de coings puis ta gelée du même fruit, le tout très généreusement. Tu pourras si tu préfères utiliser la liqueur et la confiture de tout autre fruit au parfum puissant, comme la framboise par exemple. Tout à la fois, décolle-la délicatement du papier et enroule-la pour former ta bûche de Yule. Décore-la selon ton inspiration… Peut-être pourras-tu saupoudrer un peu de sucre glace, ou réaliser un glaçage blanc pour représenter la neige et quelques feuilles de houx pour célébrer une dernière fois le Roi Houx…

Adapte en fonction de ce que tu trouveras dans tes placards. Privilégie les gelées et confitures très parfumées comme la framboises par exemple.  Un sirop agrémenté de rhum remplacera parfaitement la liqueur également.

Coupé en tranches, ce gâteau dévoile sa spirale, symbole idéale pour cette célébration du retour du soleil.

(c) Lune du Sidh