les portes de la longue nuit

Voici que les nuits deviennent longues, de plus en plus longues. Cette phase de l’année, qui va de la dernière semaine d’octobre jusqu’au solstice d’hiver, est celle des longues nuits. C’est à présent que la société des humains change d’heure, que les ours, entre autres, entrent en hibernation. C’est, dans certaines traditions, le commencement d’une année nouvelle, de la même façon que la journée nouvelle peut commencer au coucher du soleil qui précède le matin. De la même façon que notre existence commence dans la nuit de la matrice maternelle.
C’est l’époque des brumes, des brames qui se termine.

Eve_lentz

Icône de Robert Lenz (source)

C’est l’époque des châtaignes, des grenades, des coings et des citrouilles, des choux et des légumes-racines : rutabaga, panais, navets, carottes, betteraves et potirons, céleri-raves et potimarrons.
C’est l’époque des chrysanthèmes, ces fleurs que fait s’épanouir l’obscurité, c’est l’époque de la purification de ton intérieur où le froid bientôt te fera te replier pour l’hiver. C’est le début de la saison des contes et de l’introspection. C’est l’époque des mystères chtoniens.
C’est l’époque des fées obscures qui gèlent et racornissent les baies sur les ronciers. Mais va vers l’or de l’arbre aux quarante écus pour le recueillir et guette les premières gelées pour ta cueillette au prunellier…

(c) Lalie Solune

Muffins pommes-cannelle à la farine de châtaigne

Au-dehors les feuilles tombent… Pour les imiter, verse doucement dans une jatte des flocons de farine de châtaignes (250g), du sucre (100g), brun lui aussi pour ne pas déparer, de la cannelle, selon ton goût, et une pincée de poudre de noix de muscade. Ajoute également un sachet de levure et une pincée de sel pour éclaircir le tout, comme le fait le givre matinal.
Mêle tranquillement ces ingrédients aux couleurs automnales, pendant que fondent 75g de beurre.
Une fois le beurre fondu, adjoins-lui 25cl de lait. Remue le tout et laisse refroidir. Profites-en pour éplucher et couper deux pommes en petits morceaux, puis rajoute deux œufs battus au mélange beurre et lait.
Comme la pluie qui va recouvrir les feuilles, verse l’appareil liquide sur le sec. Mélange le tout, ajoute les pommes et, pourquoi pas, quelques éclats de noix.
Préchauffe ton four, th6/7.
Verse la pâte dans des moules à muffins et enfourne le tout pour une petite demi-heure.

(c) Sara Strega

Raie au chou

(pour deux ou trois)

 

Saisis toi d’une tête de chou tout vert et bien frisé et prélève-lui gentiment 150 gr de sa chevelure.

Lave ces feuilles, plonge-les dans l’eau froide et porte à ébullition un bref instant pour les blanchir.

Egoutte et recommence une fois.

Une pointe de bicarbonate de soude dans l’eau sera bienvenue pour les estomacs sensibles.

 

Mets le four à chauffer et dépouille 600 gr. d’aile de raie qu’un pêcheur bien avisé t’aura rapportée à l’instant.

Beurre un plat à gratin, cela va sans dire, au beurre salé, on cuisine ainsi breton ou bien on cuisine tout autre chose… tapisse son fond en comptant une échalote grise par personne, que tu hacheras et mêleras à du persil haché.

Vert-de gris de l’hiver, nous voilà. Vert-de-gris de l’eau froide en mer…

A présent, étale le chou coupé dans le plat, pose le poisson par dessus et arrose de vin blanc. Avec générosité. Sinon, à quoi bon ?

Ajoute 15 gr. de beurre salé – faut-il encore le dire ? – coupé en petits morceaux.

Laisse cuire environ 10 minutes à 230°C.

Prélève 2 c.s. de jus de cuisson et mélange-le à de la crème fraîche.

Arrose le plat de ce jus, ajoute encore 15 gr. de beurre car on ne s’en lasse pas au bout des terres…

Poivre et remets encore au four pour 6 à 7 minutes.

 

(c) Lalie Solune

 

Huile d’énergie solaire

Cette huile est un mélange en synergie d’huile d’olive et d’huiles essentielles. Une fois le mélange accompli, laisse la synergie se faire quelques jours. Tu pourras la conserver dans un flacon (j’ai une préférence pour les flacons teintés). Elle est énergétisante et s’applique légèrement à l’intérieur des poignets en cas de coup de fatigue…

Pour 10 ml d’une huile d’olive d’excellente qualité, ajoute 3 gouttes d’HE de laurier noble, 5 gouttes d’HE de basilicum occinum, 5 gouttes d’HE de romarin officinal.

Tu pourras la conserver longtemps, ce qui est appréciable, grâce à l’huile d’olive qui ne rancit pas. Elle pourra donc être secourable l’hiver durant.

 

Il est également possible de faire, à la saison claire, une version culinaire de la même huile en laissant macérer quelques temps les herbes fraîches dans l’huile, avec ou sans piment…

 

(c) Lalie Solune

 

Des fluctuations de saisons… Eté indien et début d’automne

Cette année est relativement inhabituelle, l’été indien a été l’un des plus long que nous ayons eu depuis longtemps, le dragon des pluies n’a que très peu daigné parcourir nos cieux et sans doute cette bascule tardive dans l’automne est-elle aussi pour quelque chose, entre autres raisons personnelles, dans mon absence de disponibilité à poster les articles du calendrier des récoltes.

Il n’empêche qu’après les fruits de passage entre fin d’été et début d’automne, figues, noisettes et baies de sureau, mûres et premières noix, une fois les graines de pavot récoltées,

les fruits de l’automne étaient bien là:

les raisins à l’équinoxe (et les vendanges « classiques » sont bel et bien finies et, semble-t-il prometteuses, on a bel et bien bu le vert-jus et tué le cochon en Bourgogne au mois de septembre) et les poires que je trouve cette année particulièrement succulentes, les pommes sont moins nombreuses que d’autres années peut-être. Les aubépines sont couvertes de leur bijoux rouge cramoisi que sont les cenelles. L’année est particulièrement bonne pour les prunes, il reste d’ailleurs encore des quetsches et il reste encore des noix çà et là, ce qui n’est pas toujours le cas si tard dans la saison. Les premiers coloquintes et citrouilles commencent à être mûrs, mais n’anticipons pas trop…

Les betteraves rouges sont présentes dans leurs régions de prédilection depuis la fin de juillet cette année, les chou-fleurs se sont épanouis, les premiers choux verts et premiers céleri-raves peuvent parfois être dénichés mais le temps lumineux nous a prodigué poivrons et aubergines, ainsi que des courgettes jusque tout récemment, ce qui est aussi assez rare…

Il est temps, à présent que la pluie a bien voulu nous faire honneur de sa visite, de flairer dans les sous-bois les champignons d’automne : cèpes et bolets, girolles et agarics, psathyrelles et tricholomes, pleurotes et russules, lactaires et pieds-de-mouton, trompettes des morts et morilles noires…

A présent que les cerfs brament et annoncent les froides brumes, les écureuils s’activent pour finir leurs provisions… Laissons-nous charmer par les couleurs profondes, les puissants contrastes d’ombres et lumières, et la générosité vertumnéenne.

 

(c) Lalie Solune

Soupe aux carottes d’entre deux saisons…

Dans ton chaudron fais roussir deux oignons, dans l’huile d’olive, cela va sans dire. Il faut du soleil quand l’automne s’installe.
Quand leur couleur se fait satisfaisante, ajoute un peu de poudre de curry et vite, très vite, mélange bien. Prends garde de ne laisser les épices brûler, rajoute de l’eau, très chaude, presque aussitôt.
Ouf, tu peux souffler et ajouter tranquillement d’autres épices dans l’eau de cuisson. Du curry, encore, sois toujours généreuse avec le curry, de l’origan séché et de la coriandre, un peu de paprika ou de piment fort ou doux. Puis sel et poivre, bien entendu…
Viennent ensuite les légumes, carottes d’abord et pommes de terre, un poivron rouge et des tomates. Mais cette soupe évolue avec la saison… Quand l’automne est bien installé, le poivron disparaît, on rajoute une pomme de terre, les tomates, elles, sont en conserves, à moins que tu n’aies pris la peine de préparer du concentré maison pendant l’été, sinon tu peux bien sûr les oublier aussi.
Si le cœur t’en dit, ajoute des champignons en tout début de cuisson, avec les oignons.
Laisse ta soupe cuire lentement, à feu doux. Si, quand tu la goûtes en fin de cuisson, elle te paraît trop acide, ne grommelle pas après les tomates ou le poivron, ajoute plutôt deux sucres ou une cuillère de crème.
Pendant que ta soupe mijote, fais légèrement griller au four des tranches de pain, sors-les, tartines-les, très légèrement, de miel, ajoute du fromage de chèvre et remets-les à griller. Rien de mieux avec la soupe au curry.

Bon appétit !

(c) Sara Strega.

Thé pour les longues soirées d’hiver.

Ce mélange doit être préparé à l’avance pour que le thé s’imprègne des épices comme il se doit.

Dans le pot à thé tu dois verser six belles cuillères à soupe de thé noir et parfumé ; le thé du Népal est excellent pour ce mélange.
Ajoutes-y une gousse de vanille fendue et coupée en morceaux, deux cuillerées à café, voire trois, de cannelle moulue, une autre de gingembre, de l’écorce d’orange en petits morceaux et deux ou trois clous de girofle broyés.
Quand dans l’eau frémissante tu jetteras ton sachet de thé parfumé, adjoins-lui quelques éclats de caramels pilés (une cuillère à café par tasse).

Ce thé est délicieux en accompagnement de pain d’épices ou de tarte aux pommes. Si on souhaite le sucrer, mieux vaut alors utiliser du miel.

(c) Sara Strega

Salade de pommes de terre

Les récoltes de pommes de terre sont finies et ici, la pluie s’est invitée juste après… les savoureux tubercules nourrissant qui ont sauvé nombre de régions d’Europe des famines récurrentes lorsqu’ils ont été importés et acclimatés font partie des légumes-racines les plus faciles à conserver pour l’hiver et permettent les préparations les plus variées.

Choisis 600 gr de pommes de terre, de celles qui restent fermes et fondantes après avoir été cuites à l’eau (des charlottes par exemple, ou des rosevals…). Rince-les à l’eau claire et plonge-les dans de l’eau froide où tes doigts agiles jetterons quelques grains de sel. Pose ce chaudron sur le feu et laisse cuire tranquillement en prenant soin de garder le nez réceptif aux évolutions du parfum. L’expérience montre que vingt minutes environ après que l’eau ait commencé à frétiller sauvagement suffisent à les cuire, mais n’oublie pas que ce temps varie en fonction de leur taille et de leur quantité.

Ayant laissé le feu et l’eau faire leur oeuvre commune avec la matrice de cuivre, saisi toi d’un morceau de raifort long comme un poucet que tu vas peler et râper dans un grand récipient creux, et transparent, c’est plus joli. Verse dessus deux grosses cuillères de vinaigre de cidre et cinq d’huile de colza accompagnés de quelques grains de sel.

Nettoie deux grosses carottes (tu peux peser ces autres racines pour t’assurer d’en avoir quelque 150 ou 200 grammes) et coupe-les en tout petits morceaux. Une petite casserole à couvercle suffira à les recevoir avec un peu d’eau, trois grains de sel, une petite feuille de laurier et deux baies de genièvre. Laisse-les cuire tranquillement à leur tour.

Emince très fin un oignon moyen ou plutôt gros et ajoute les morceaux dans la sauce au raifort afin qu’ils sympathisent avec elle.

Laisse à présent les pommes de terre refroidir.

S’il te reste ne serait-ce qu’une poignée ou deux de haricots verts frais qui auraient été cultivés sous abris ou encore bien conservés (que ce soit en cave ou en bocal), coupe-les aussi en tout petits morceaux pour les ajouter.

La sauce maintenant, va recevoir les morceaux de légumes cuits ainsi que les morceaux d’une belle pomme. Tout cela bien mélangé ne sera au mieux assaisonné que de simple yaourt nature et de cerfeuil ciselé.

 


Brament les cerfs, tombe la pluie, fais goûter les cadeaux de la terre à tes amis

(c) Lalie Solune

Caresse d’écureuil

Breuvage à la noisette, pour la tendresse, la souplesse d’âme et la sagesse…

Pile dans ton mortier des noisettes en chantonnant.

Verse la poudre dans un beau récipient et observe le miel couler dans un de ces rayons de soleil obliques que sait nous offrir le généreux automne.

Instille gentiment lait de vache ou de brebis ou de chèvre ou d’amandes ou de soja…

et remue en prononçant les mots magiques.

Offre avec un sourire à qui tu veux réconforter.

 

(c) Lalie Solune

Risotto automnal.

La sorcière se glisse subrepticement dans sa cuisine et aussi vite que deux et deux font quatre, elle remplit d’eau un chaudron (deux à trois litres, selon la quantité de riz), y jette du basilic (avant que l’automne ne lui vole ce plaisir), de l’origan, du thym et un peu de sel. Pendant que sa décoction chauffe doucement, elle coupe deux oignons, deux ou trois carottes, quelques cèpes, écrase un peu d’ail et jette le tout dans un autre chaudron, avec une bonne dose d’huile d’olive.
Elle mêle, touille et laisse cuire ses ingrédients, ajoute un peu de poivre, un peu de sel aussi, mais pas trop (car il ne faut pas oublier que le bouillon est déjà salé), Et quand elle voit que les champignons sont quasiment cuits, elle ajoute dans son chaudron deux belles mesures de riz tout rond.
Pendant deux bonnes minutes elle ne laisse pas en repos ces capricieux grains de riz et les fait rouler sans relâche, jusqu’à ce qu’ils deviennent transparents. Ensuite seulement elle verse sur eux quelques louches de bouillon, pas tout d’un coup, juste de quoi les recouvrir.
Alors elle n’aura de cesse de surveiller et de mêler tout ce beau monde car le sieur risotto est capricieux et il aime la compagnie, il ne faut jamais le laisser seul, sinon ce fainéant fait des bêtises. Aussi, pour l’en empêcher, mieux vaut le mélanger souvent et veiller à ce que jamais ce perpétuel assoiffé ne manque d’eau, ni d’ailleurs n’en ait trop.
Mais la sorcière est patiente, elle a tout le temps, elle peut bien accorder vingt minutes à ce met savoureux. Pour s’occuper elle y ajoute quelques morceaux de châtaignes et, à mi-cuisson, une rasade de vin blanc.
Quand les vingt minutes approchent de leur terme, elle cesse de rajouter de l’eau, laisse boire le riz tout son content et le reste de l’eau s’évaporer. Puis, cela fait, elle ajoute, presque à la toute fin, une cuillère de crème fraîche (si le cœur lui en dit, la crème c’est une question de goût) et surtout une pluie de parmesan (à cela par contre pas moyen d’échapper).
Elle mêle le tout une dernière fois et laisse le risotto se reposer un moment avant d’être dégusté, parce qu’après tout il l’a bien mérité.

(c) Sara Strega