Tartines ibériques

Lors des étés torrides, dans la pénombre de la cuisine, la abuela procédait souvent à ce rituel d’après-midi : elle coupait quelques larges tranches de pain, découpait la moitié d’une gousse d’ail pour en frotter le pain, puis une moitié de tomate pour parfaire l’onction de la tartine, avant de faire couler dessus un filet d’huile d’olive et de déposer une tranche de jambon serrano. Pour les enfants, elle en faisait toujours deux qu’elle plaçait en sandwich, pour qu’ils puissent s’en retourner avec leur goûter construire châteaux et villes, lancer voiturettes le plus fort possible et faire cavaler leurs personnages en hululant. En grandissant, certains ont appris à faire pousser le basilic. Ils ajoutent aujourd’hui quelques feuilles au présent qu’ils se font parfois lors des torrides journées d’été…

(c) Lalie Solune

Crème anglaise et langues de chats…

…pour faire taire les bavards, pour que soient bien gardés les secrets qui seront partagés…

Oui, je sais, c’est un grand classique… Mais ça n’en est pas moins délicieux et l‘habile sorcière qui saura invoquer les bons esprits en préparant ce goûter, puis qui n’oubliera pas l’offrande aux rusés félins, saura tirer parti de cette petite magie.

Pour les langues de chats :

Il te faudra 125g de beurre, de sucre et de farine, quatre blancs d’œufs (les jaunes serviront pour préparer la crème anglaise) et une gousse de vanille (gratte les graines pour l’ajouter à ta pâte, garde la gousse pour parfumer la crème).

C’est tout simple, mais il vaut mieux le faire au batteur électrique pour que ta pâte soit parfaitement homogène et légère. Bats ensemble le sucre et le beurre, puis ajoute les blancs. La farine vient ensuite, petit à petit. Étape délicate car la pâte pourrait devenir caoutchouteuse. Or nous voulons des langues de chats croquantes, bien entendu, donc il faut de la patience. Pour finir ajoute la vanille aux nombreuses vertus, reine parmi les épices pâtissorcières.

Pour former tes langues de chats il te faut une poche, avec ou sans douille, même si c’est plus facile avec. On peut facilement confectionner une poche en roulant du papier sulfurisé en cornet. Dépose la pâte sur la plaque avec ta poche, la langue de chat doit avoir la taille et l’épaisseur de ton petit doigt. Ne l’étale pas, elle se débrouillera très bien toute seule, donc il vaut mieux bien espacer les biscuits.

Place tes plaques dans un four déjà chaud à 180°, ça cuit très vite alors surveilles-les bien. Tu verras que les langues de chats sont cuites à la couleur de leurs rebords. Laisse-les refroidir sur leur grille pour qu’elles sèchent et ne se déforment pas.

Pour la crème anglaise :

Pendant que chauffent doucement 500ml de lait entier et une gousse de vanille, bats tes quatre jaunes d’œufs avec 100g de sucre. Quand le lait est proche de l’ébullition rajoute-le très lentement, en continuant de battre, au mélange sucre et œufs. Remets le tout directement sur le feu, ou alors au bain-marie pour mieux contrôler la chaleur et donc la cuisson de ta crème. Prends garde à ce qu’elle ne fasse pas de grumeaux en la mélangeant soigneusement. Elle ne doit surtout pas bouillir. Pour voir si elle est cuite, plonge dans ta crème une spatule et passe le doigt dessus, si la crème ne coule pas sur la trace qu’il aura laissée, c’est qu’elle est prête.

(c)Sara Strega.

Bretzels

Il faut d’abord pour le cœur le ferment. Active 15 gr de levure sèche de boulanger avec une petite part de 2 dl d’eau tiède et une petite pincée de sucre. Laisser le temps au ferment, comme il se doit, de mousser et monter.

Pendant ce temps, fais une pâte ferme mais souple avec 300 gr. de farine et le reste de l’eau tiède, puis ajoute la levure.

Laisse lever en recouvrant d’un beau linge, à l’abri des courants d’air, jusqu’à ce que la pâte ait doublé de volume. Mets à chauffer une grande marmite d’eau dans laquelle tu versera 65 gr. de bicarbonate de soude afin que la chaleur cuise la pâte sans la dissoudre.

Forme ensuite des rubans de pâte en roulant des morceaux prélevés. Attrape le ruban à chaque bout et croise-le en un tour de main. Un nœud souple et libre pour le cœur…

Plonge les cœurs par deux dans la grande marmite d’eau bouillante qui frémit.

Lorsqu’ils remontent à la surface, égoutte-les. Dispose-les sur une plaque huilée. Badigeonne du blanc de deux oeufs et saupoudre de gros sel, de cumin, de graines de nigelle de l’été passé, de grains de sésame…

Passe au four de sorte qu’il soient bien dorés.

Enfile les cœurs sur des rubans colorés pour offrir et partager lorsqu’ils sont encore bien frais, pour accrocher au branches de l’aubépine …

 

 

(c) Lalie Solune

Lasagnes aux épinards

Lorsque tu auras récolté et lavé une bonne livre et demie de feuilles d’épinards, verse dans ta marmite un filet d’huile d’olive gorgée de soleil. Déshabille trois gousses d’ail et écrase les d’un tendre coup de patte avant de les poser dans l’huile et de les recouvrir des vertes feuilles. Ajoute une bonne pincée de sel marin et demande au feu de se faire petit, que ses flammes lèches très doucement le fond de la marmite. Pose là-dessus le couvercle et laisse cuire à l’étouffade, de sorte à avoir du jus, le temps que se passent cinq ou dix minutes.

Alors tu pourras soulever le couvercle et touiller avec ta cuillère en bois, ajouter une demie livre d’un bocal de tomates au jus, un petit piment « bec d’oiseau » rouge comme le tour de l’œil du merle et moqueur comme lui, des olives niçoises autant qu’il te plaira, une cuillère à café de câpres et admirer les fleurs du romarin en prélevant une pincée de ses feuilles que tu ajouteras à cette mixture juteuse.

Un plat à lasagne entre en scène : habille son fond d’huile d’olive, pose dessus la pâte à lasagnes en recouvrant bien tout, ajoute une couche de sauce aux épinards et recommence jusqu’en haut du plat en finissant par la pâte aux œufs surmontée d’une couche de fromage frais et de fromage râpé. Confie aux salamandres du four accordées vers les 220° C. pendant quelques vingt minutes. Ces lasagnes bien gratinées seront fièrement accompagnées de petites feuilles en salade : roquette, jeunes feuilles de pissenlit, mouron des oiseaux… et d’un vin blanc sec et frais, en toute convivialité.

 

(c) Lalie Solune

Sauce tomate

De son rouge vif et parfumée, la sauce tomate peut accompagner beaucoup d’aliments. Le plus courant, celui qui nous viendrait en premier à l’esprit, ce sont les pâtes. Mais elle accompagne aussi les légumes, dans l’éminement estivale ratatouille par exemple, les fruits de mers, comme les calamars à l’armoricaine, les viandes, dans l’osso-buco entre autres, la polenta ou encore les céréales les plus diverses et variées. La sauce de « pommes d’or » est d’excellente compagnie aussi pour les Storzapretti aux épinards.

Il existe mille façons de la cuisiner, plus ou moins épicée, aromatisée d’herbes, plus ou moins aigrelette, acidulée ou sucrée…

Lors de la saison des tomates, de juillet à septembre, on peut la préparer avec des tomates fraîches qu’on peut épépiner* et peler selon son goût. Le reste de l’année, on peut utiliser des bocaux de tomates au jus. Il existe des milliers de variétés de ce fruit de la famille des solanacées, réputé toxique jusqu’à la fin du XIXe siècle. Les Olivettes et les Roma font partie des plus réputées pour la sauce. Explorons et testons ce que nous trouverons…

Voici une recette parmi d’autres, celle que j’ai concoctée justement pour gratiner les storzapretti de Strega.

Dans un fond d’huile d’olive disposée en sauteuse, une petite carotte de printemps a été râpée. La carotte orange adoucit l’acidité de la tomate. Trois bonnes gousses d’ail frais d’avril ont été écrasées. Une pincée de thym a été froissée, une belle feuille de laurier lâchée, quelques grains de sel lancés. Puis un grand bocal de tomates au jus, d’une livre et demie. Le tout a mijoté longtemps à feu moyen, jusqu’à ce que consistance plaise aux sens…

L’aurais-je cuisiné l’été ou au début de l’automne, j’aurais coupé les tomates fraîches en quartier, dont j’aurai retiré la partie dure reliée à la tige, que j’aurais fait mitonner doucement au lieu d’utiliser un bocal… mais je ne l’aurais pas concoctée pour accompagner les storzapretti…

(c) Lalie Solune

 

* Les pépins de tomates peuvent parfois se récupérer pour être semés… sait-on jamais… Dans ce cas, lave-les dans un chinois et fais-les sécher sur un plan bien aéré afin qu’ils ne moisissent pas.

Deux ans…

Deux ans déjà, deux ans seulement que ce blog existe…
Le temps semble pour moi n’avoir aucune prise sur cet espace. Familier et pourtant toujours renouvelé, je me sens ici chez moi et pourtant j’y découvre toujours de quoi m’enthousiasmer.
Il y a le plaisir de partager avec vous mes recettes et l’immense joie de découvrir les vôtres puis de les tester ensuite.
Il y a mille surprises aux détours des pages.
Il y a des commentaires, des retours, des impressions et suggestions…
Merci à tous et toutes de faire vivre ce blog.
Merci Solune de m’avoir invitée à y participer.
Merci Lune de nous y avoir rejointes.
Puisse ce partage perdurer et s’enrichir avec le temps.
Et que le printemps vous soit doux.

Sara Strega.

Storzapretti

Jette dans l’eau bouillante, pour deux minutes environ, 300g d’épinards ou de blettes (la partie verte).

Plonge-les ensuite dans l’eau froide avant de les égoutter. Hache-les grossièrement et mélange-les à la moitié d’un brocciu (de trois ou quatre jours pour qu’il soit assez ferme), avec deux jaunes d’œufs battus, puis un peu d’origan et de thym, ou du persil, ainsi que du sel et du poivre.

Si ta pâte te paraît un peu trop fluide, tu peux arranger cela en ajoutant un peu de fromage râpé, du parmesan par exemple.

Une fois le tout mélangé comme il se doit, commence à façonner des boulettes de la taille d’un creux de paume. Passe-les dans la farine, avant de les jeter dans l’eau bouillante (une à une afin de ne pas trop la refroidir). Quand elles remontent à la surface, c’est qu’elles sont prêtes.

Tu peux alors les disposer dans un plat dans le fond duquel tu auras étalé un peu de sauce et les en napper légèrement, avant d’ajouter un peu de parmesan et de passer le tout sous le grill du four.

On utilise le plus souvent la sauce d’une viande mijotée, par exemple du cabri que l’on servira avec, mais moi qui suis végétarienne je préfère prendre de la sauce tomate assez liquide. Ce qui traditionnellement se fait plus avec la version aux épinards.

Les storzapretti sont un plat que l’on peut préparer en hiver comme au printemps, mais pas en été ni pendant la première moitié de l’automne.

(c) Sara Strega pour la recette, Solune pour la photo.

Chou-fleur au cidre

Les perce-neige ont effleuré le bout du nez de la vieille sorcière hiver, les salamandres et les grenouilles qui migraient vers leurs amourettes ont passé sur ses pieds noueux, qui se sont dénoués, les oiseaux revigorés ont piaillé et tournoyé autour de sa tête… la voilà métamorphosée, la voici rajeunie !

Bientôt, sorcière hiver sera devenue fée printanière. Mais quelque chose de blanc comme neige en son jardin luit, dans un écrin de vertes feuilles… Elle le cueille, le tourne en tous sens, c’est un chou comme ceux de l’hiver, une fleur comme celles du printemps.

Mi-fée mi-sorcière, elle l’emporte dans sa chaumière et en défait les feuilles qui nourriront les bêtes. Chaque part de la pomme est un petit bouquet à détacher, ce que fait la sorcière. Elle les plonge dans l’eau froide du chaudron qu’elle pose sur le feu pour les cuire jusqu’à ce que tendreté côtoie fermeté.

La fée fouine dans son panier à échalotes et en retire une bonne quantité, la sorcière sort son grand couteau pour les peler et les émincer. Si elle s’y prend tranquillement, pour les trouver et les apprêter, la vingtaine de minutes utiles à la cuisson du chou-fleur y suffira… Plat du four, rend-lui service en ce jour ! Accueille les échalottes et quelques copeaux de beurre, une bonne pincée de sarriette séchée de l’été passé et le chou-fleur égoutté.

La sorcière tire de derrière les fagots un beau flacon de cidre. Les pommes de Samhain ont bien fermenté, la boisson est prête à déguster. Tout de même, la fée encore un peu sorcière goûte le breuvage, on ne sait jamais… S’il est parfait, elle en arrose généreusement le plat, de sorte que les légumes baignent. La gueule ouverte du four accueille cette offrande pour la transfigurer. Petites bulles de bouillon, fonte douce des échalottes… c’est trois fois dix minutes à consacrer la table avec les premières fleurs et les premiers chatons avant l’arrivée des ses amis, eux aussi transformés par le seuil de la saison.

 

(c) Lalie Solune

Cigares aux Amandes

Voici les ingrédients pour réaliser une trentaine de ces irrésistibles douceurs.

Les ingrédients pour confectionner la pâte à cigare

  • 250 gr de farine
  • ½ verre (à 1 verre, au jugé) d’huile
  • ½ verre (à 1 verre, au jugé) d’eau
  • 1 pincée de sel
  • un peu de sucre (2 à 3 cuillères à soupe)
  • 1 sachet de sucre vanillé

Bats l’huile et l’eau, mélange le sel, le sucre et ajoute la farine au fur à mesure, jusqu’à ce qu’elle « rentre ». Sache que la pâte ne doit pas être dure. Elle doit rester souple et ne pas coller.

Pétris une première fois, étale la pâte assez finement au rouleau à pâtisserie, puis avec la main étale de l’huile et replie cette pâte.

Lorsque tu pétris la pâte, n’oublie pas de prononcer quelques charmes d’amour et d’abondance.

Couvre-la d’un linge propre et laisse-la reposer 15 à 30 minutes. Refais la même chose trois fois : étale, huile, plie. Trois est le nombre magique que toute bonne sorcière utilise lorsqu’elle lance un sort !

Les ingrédients pour confectionner la pâte d’amandes

  • 4 tasses d’amandes en poudre
  • 1 tasse et demi de sucre
  • 2 œufs
  • râpure de citron

Mélange tous les ingrédients à la main. Mets de côté.

Étale la pâte finement et découpe des rectangles 7 ou 8 cm de long.

Forme des boudins de pâte d’amandes et poser-les sur la pâte à cigare. Enveloppe-les et referme correctement la pâte pour éviter que l’huile ne pénètre à l’intérieur des cigares.

Fais chauffer l’huile et passer les cigares à la friture jusqu’à ce qu’ils soient dorés. Éponge-les rapidement sur un linge propre qui ne craint rien, puis passe-les dans le sirop.

Les ingrédients pour confectionner le sirop

  • 1 verre d’eau 2 verres de sucre
  • 3 à 4 cuillères à soupe de miel
  • 1 cuillère à soupe de rhum

Dans une casserole, verse l’eau et le sucre, place le tout sur un feu moyen à vif, jusqu’à l’obtention d’un sirop pas trop épais. Ajoute le miel, laisse-le fondre. Ajoute le rhum.

Prends garde à ce que le sirop ne soit pas épais. Les cigares colleraient aux dents, ce qui est fort désagréable et il ne serait plus possible de les décoller les uns des autres sans les casser.

Crêpes de sarrasin levées

Un peu à la façon éthiopienne, mais seulement un peu, puisqu’il est difficile de trouver sous nos latitudes du teff, la céréale utilisée en Ethiopie pour faire l’Injera, la galette traditionnelle qui tient là-bas un peu le rôle que le pain tient en Europe dans la tradition culinaire (et le riz en Asie). En revanche pousse dans nos contrées le sarrasin, qui demande peu à la terre et a nourri bien du monde pendant de nombreuses générations.

Mélange de la farine sarrasin à de la levure en poudre, ajoute une pincée de sel et de l’eau tiède. Laisse un peu poser au chaud. Cuis tes galettes sur une grande plaque d’un seul côté.

C’est tout simple, c’est donc de saison…

(c) Lalie Solune avec remerciements à Carabosse pour la précision concernant le Teff