Doigts de Baba Yaga

Les pommes de terre* de la sombre terre tirées seront cuites à l’eau, pelées et râpées.

La farine*, blancheur surgie des profondeurs, sera dessus déversée.

La semoule fine de blé* qui garde les solaires reflets leur sera mêlée.

Un oeuf de poule noire sera cassé.

Une pincée de sel pour tout protéger.

Alors ce sera à tes mains de pétrir, pétrir et repétrir.

Au creux de ta paume (gauche ou droite? à toi de choisir) un peu de pâte déposée que l’autre main, n’ignorant pas ce qu’elle fait, roulera en forme de petits doigts mignons.

Dans ton chaudron d’eau bouillante salée, sans un soupir, sans un regret, ces petits doigts tu jetteras afin de les ébouillanter*.

Puis égouttés, dans une grasse poêle beurrée seront dorés.

Pleuvront alors les graines de pavot que tu auras auparavant comptées.

Un fromage frais très égoutté viendra tout compléter.

Du sucre glace pour les petites fées

qui ne craignent ni le froid ni la Baba Yaga.

 

*1 kg de pommes de terre : choisis une variété qui rend le moins d’eau possible, du type de celle que j’entendais nommer lorsque j’étais enfant « vieilles », ce sont les plus appropriées. Quelles qu’elles soient, à moins d’être assuré de ton résultat, prends soin de les égoutter une fois râpées.

*120 gr. de farine

* 100 gr. de semoule de blé fine

* environ 8 minutes de cuisson à l’eau

(c) Lalie Solune

 

 

Salade de pommes de terre

Les récoltes de pommes de terre sont finies et ici, la pluie s’est invitée juste après… les savoureux tubercules nourrissant qui ont sauvé nombre de régions d’Europe des famines récurrentes lorsqu’ils ont été importés et acclimatés font partie des légumes-racines les plus faciles à conserver pour l’hiver et permettent les préparations les plus variées.

Choisis 600 gr de pommes de terre, de celles qui restent fermes et fondantes après avoir été cuites à l’eau (des charlottes par exemple, ou des rosevals…). Rince-les à l’eau claire et plonge-les dans de l’eau froide où tes doigts agiles jetterons quelques grains de sel. Pose ce chaudron sur le feu et laisse cuire tranquillement en prenant soin de garder le nez réceptif aux évolutions du parfum. L’expérience montre que vingt minutes environ après que l’eau ait commencé à frétiller sauvagement suffisent à les cuire, mais n’oublie pas que ce temps varie en fonction de leur taille et de leur quantité.

Ayant laissé le feu et l’eau faire leur oeuvre commune avec la matrice de cuivre, saisi toi d’un morceau de raifort long comme un poucet que tu vas peler et râper dans un grand récipient creux, et transparent, c’est plus joli. Verse dessus deux grosses cuillères de vinaigre de cidre et cinq d’huile de colza accompagnés de quelques grains de sel.

Nettoie deux grosses carottes (tu peux peser ces autres racines pour t’assurer d’en avoir quelque 150 ou 200 grammes) et coupe-les en tout petits morceaux. Une petite casserole à couvercle suffira à les recevoir avec un peu d’eau, trois grains de sel, une petite feuille de laurier et deux baies de genièvre. Laisse-les cuire tranquillement à leur tour.

Emince très fin un oignon moyen ou plutôt gros et ajoute les morceaux dans la sauce au raifort afin qu’ils sympathisent avec elle.

Laisse à présent les pommes de terre refroidir.

S’il te reste ne serait-ce qu’une poignée ou deux de haricots verts frais qui auraient été cultivés sous abris ou encore bien conservés (que ce soit en cave ou en bocal), coupe-les aussi en tout petits morceaux pour les ajouter.

La sauce maintenant, va recevoir les morceaux de légumes cuits ainsi que les morceaux d’une belle pomme. Tout cela bien mélangé ne sera au mieux assaisonné que de simple yaourt nature et de cerfeuil ciselé.

 


Brament les cerfs, tombe la pluie, fais goûter les cadeaux de la terre à tes amis

(c) Lalie Solune

Chou-Fleur en sauce raifort

Il s’agit de se saisir d’un chou-fleur tout ce qu’il y a de plus naturel et de le déshabiller de ses feuilles avant de le plonger dans l’eau froide contenue par une marmite afin de le porter à ébullition puis de l’y laisser bouillonner vingt minutes pendant lesquelles on peut faire autre chose, ce qui vous amuse, que sais-je, moi ?

Il convient ensuite de l’égoutter et de renouveler l’opération, la même, celle que vous avez effectuée juste avant, rappelez-vous…à quelques grains de sel marin près…

Vaquez donc pendant un quart d’heure, il vous faudra cinq minutes pour faire la sauce avec du raifort râpé et du lait ribot (du lait un peu fermenté, mais surtout battu), en ajoutant une bonne pincée d’aneth, du poivre et de la marjolaine. Quand vous aurez découpé le chou-fleur chaud (passez à l’eau froide, c’est plus sûr pour les terminaisons digitales), vous pourrez le faire mijoter à couvert dans une cocotte avec cette sauce pendant vingt minutes.

 

(c) Lalie Solune

Salade de lentilles

Trie des lentilles vertes en prenant soin de ne pas le faire près de l’âtre. Verse-les dans une marmite avec trois fois leur volume d’eau froide, allume un feu tempéré là-dessous et laisse-les tranquilles pendant 20 minutes. Tu peux aussi les regarder bouillonner pendant ce temps-là en respirant le plus calmement possible, même avec la vapeur. Je le déconseille si tu es enrhumé…

Egoutte les lentilles cuites en gardant l’eau de cuisson pour faire une soupe, passe-les à l’eau froide.
Dans un grand saladier, mélange de l’échalote émincée ou encore de la cive, du raifort, du vinaigre de cidre, de l’huile de sésame ou de lin, de l’aneth, de la marjolaine, du sel, du poivre et des cornichons marinés aux herbes dits malosols coupés en tout petits morceaux. Ajoute les lentilles et touille bien.
Laisse mariner un petit moment avant de l’emporter dehors pour le partager au soleil…

(c) Lalie Solune

Quetsches de la Babouchka

L’été devient pruiné… l’automne commence à s’annoncer avec la couleur des quetsches…

 

Pour deux kilos de quetsches équeutées et lavées, prépare des pots qui ferment bien en quantité suffisante : ébouillante-les, sèche-les avec un tissu propre et retourne-les sur un linge en attendant de les remplir.

Prépare tout d’abord le vinaigre :

Pile dans ton mortier

* 20 clous de girofle * 30 baies de genièvre * 5 feuilles de laurier * 1 cuillère à soupe de sel * 1 cuillère à café de cannelle

Verse *1/2 litre de vinaigre de vin ou de cidre * 1/2 litre d’eau * dans ta marmite avec 700 grammes de miel des steppes

Fait bouillir en touillant jusqu’à dissolution complète du miel.

Pique chaque fruit lavé*** avec une aiguille… une, deux, trois… pour qui tu voudras…

Place les fruits piqués dans les pots et verse le liquide bouillant dessus. Laisse refroidir avant de fermer et d’entreposer pour l’hiver.

Les Russes le servent, bien sûr, avec de la viande (rôtis, boeuf, porc).

J’ai aimé avec le boeuf saignant, mais je l’ai préféré en accompagnement de

lentilles aromatisées au carvi et à la coriandre ou à l’aneth servies avec du raifort et des cornichons malossols

kasha de sarrasin accompagnée d’une salade de chou rouge assaisonné d’huile de sésame, vinaigre, raifort, coriandre, poivre et sel.

Zdravas !

*** si tu ne sais comment les fruits furent traités combien et par quoi enrobés, frotte-les à l’eau vinaigrée

(c) Lalie Solune