Couronne pour le roi de l’hiver

Mets à prendre un sachet (5 gr) de levure de boulanger dans deux cuillères à soupe de lait tiède avec une pincée de sucre.

Mélange 250 gr de farine à 60 gr de sucre ajoute une pincée de sel et une cuillère à café de sucre vanillé. bats 3 œufs dans un bol.
Creuse un puits où tu verses la levure, 1 cuillère à soupe d’eau de fleur d’oranger, et les trois œufs battus.
Pétris jusqu’à ce que la pâte soit homogène.

Ajoute peu à peu, en pétrissant, 125 gr de beurre ramolli  et pétris 10 m pour aérer la pâte qui doit se décoller des bords. Couvre d’un linge et laisse lever au chaud, entre 24 et 35 °c, pendant une heure.
Pétris encore 2 minutes. Fais de petites boules que tu peux fourrer avec ce qui te chante : morceaux de pommes, noisettes, noix, chocolat… Mets dans l’une d’elle une fève, vraie fève séchée ou objet d’art en porcelaine, terre cuite, verre, à moins que comme Peau d’Âne tu n’y dépose ta bague…. Pose dans un moule beurré et fariné en forme de couronne chaque boule l’une à côté de l’autre et laisse au chaud une heure, jusqu’à ce que la pâte atteigne le bord du moule. Préchauffe le four à 180°c, badigeonne le dessus de la brioche avec du lait qui aura servi à rincer le bols des œufs. Laisse cuire pendant la moitié d’une heure.

(c) Lalie Solune

Sanglier à l’eau de vie.

Il était un comte qui voulait vivre éternellement et une devineresse lui avait dit que le sanglier des sorcières viendrait à bout de lui. Alors il avait engagé un chasseur pour l’en débarrasser mais quand la proie lui fut amenée, ce fou qui se croyait plus fort que le temps lui donna un coup de pied, se blessa et mourut d’un empoisonnement du sang.
Respecte le sanglier, seigneur de la nuit et des ténèbres, du chaos et de la force primordiale, respecte le sanglier qui se nourrit des fruits de la terre et en obtient la sagesse, respecte le sanglier qui figure la course du soleil, la vie et la mort, le visible et l’invisible.
Et si tu as vaincu un de ces vénérables anciens sans malice ni rage, dans la loyauté d’un combat à armes égales, rend-lui hommage avant de cuisiner sa chair et puisse celle-ci t’apporter sa force, mais surtout sa sagesse.

Pour une tablée de six chasseurs…
Laisse toute une nuit mariner deux kilos de sanglier dans un demi litre de vin rouge. Le rouge et le noir, le noir et le rouge se mêlant, la brûlure de la vie, la dignité de la mort, la fugacité de chaque chose, car tout n’est que passage.
Le lendemain, sous la belle lumière du soleil, loin de la douceur du sommeil, fais chauffer de l’huile d’olive, quatre cuillères à soupe, dans lesquelles tu jetteras cinq oignons pas trop finement émincés. Coupe la viande en morceaux pendant qu’ils roussiront. Puis qu’elle rejoigne le chaudron, accompagnée de sept têtes d’ail et de quelques aromates comme l’origan, la myrte, le laurier et le poivre, ainsi qu’évidemment un peu de sel.
A feu très doux, fais revenir le tout. Mêle, mêle et mêle encore, puis laisse mijoter en ajoutant régulièrement de l’eau très chaude dans laquelle auront infusé les aromates que ton bon goût aura choisis.
Quand la cuisson approchera de son terme, ajoute 500g de cèpes et laisse l’eau s’évaporer. Cela fait, tu verseras dans le chaudron une tasse d’eau de vie que tu laisseras s’évaporer à son tour, part des follets, part des esprits de l’air qui hantent ta cuisine.
Couvre ton chaudron et laisse encore un peu mijoter le sanglier à feu très doux en remuant de temps en temps et en ajoutant encore quelques cuillères d’eau épicée pour ne pas qu’il brûle ou s’attache.
Sers-le avec des pommes de terre cuites au four à l’huile d’olive et aux épices ou avec ce qu’il te plaira.

(c)Sara Strega.

Borszc aux pierozki

Ainsi que le moment le plus sombre de la nuit annonce la première lueur du crépuscule matinal, la longue nuit porte en elle son propre sacrifice et son terme marque le progressif retour de la lumière qui nous précéda et nous succèdera, de même que la nuit nous précéda, de même que la nuit nous succèdera. A tout petits pas dans le froid s’avancera le soleil. Avant cela il nous faudra passer la plus longue nuit de l’année. La passer en bonne compagnie, dans le partage, à la lumière du feu de l’âtre et des chandelles, à la chaleur des paroles n’est-ce pas là une sage façon de s’assurer protection contre le gel mordant, contre le froid du corps et de l’âme ?
Quiconque a connu le mugissement vent du Nord l’hiver sait qu’il est sage alors de trouver refuge auprès de ses semblables, en les choisissant parmi les plus bienveillants.
Un potage rouge comme la braise dans la nuit, rouge du sang de la terre pourrait marquer ce moment de passage. Un potage venu d’un pays où le gel et la neige règnent sans partage chaque hiver. Un potage agrémenté de raviolis slaves, de pierozki, comme disent les Polonais. Si tu choisis cette recette comme entrée, tu en auras suffisamment pour six, cinq d’entre vous et le voyageur égaré, fatigué par le froid et affamé. Si tu choisis cette recette comme plat principal, le voyageur égaré sera le troisième convive, à moins que tu ne multiplie les doses ci données.
Si tu fais tes pierozki avec des champignons séchés, mets les à tremper la veille.
Dans une cocotte en fonte ou quelque chaudron épais à couvercle, mets à revenir 200 gr de lard frais et fais-le transpirer à feu modéré pendant que tu découpes les légumes.
A moins que tu ne souhaites nulle viande pour ce solstice hivernal, auquel cas apprête juste le fond de ton chaudron d’une matière grasse qui te conviendra et coupe, bien sûr, les légumes de la même façon : 200 gr d’oignon en lamelles fines, 150 gr de carottes et 200 gr de céleri-rave (à défaut de persil tubéreux) en julienne, 450 gr de betteraves en morceaux.
Ajoute les légumes dans le chaudron avec une feuille de laurier, 2 ou 3 baies de genièvre, et laisse les transpirer un peu à couvert avant de verser 1 litre et demi d’eau pure et une cuillères à soupe de vinaigre, un peu de poivre, un peu de sel et deux bonnes pincées de marjolaine. Laisse ceci mijoter à feu doux sous couvercle une heure environ, pendant que tu fais les pierozki.
Commence par pétrir 125 gr de farine avec un œuf et les mains humides. Pour cela, choisi un joli bol qui plaira à tes yeux et contiendra de l’eau tiède, disponible à côté de toi pendant que tu pétriras jusqu’à ce que la pâte soit lisse.
Hache au couteau 25 gr d’oignon, choisis 90 à 100 gr de champignons des bois (bolets, pholiotes, lactaires délicieux, cèpes…) tirés d’un bocal, que tu égoutteras et rinceras, puis couperas en tout petits bouts. Fais les revenir ensemble à la poêle.
Mélange les à 50 gr de choucroute artisanale, ou un peu plus, peut-être même 100 gr, si tu souhaites mixer la farce.
Après avoir abaissé la pâte sur une planche farinée, découpe des ronds grands comme ta paume de main avec un verre.
Tu obtiendras ainsi une dizaine de pierozki.
Dépose la farce au centre de ces cercles, et continue à travailler des deux mains. Humidifie les bords des pierozki avec les doigts, ton bol d’eau renouvelée toujours près de toi, tasse délicatement la farce au milieu un peu selon une ligne horizontale et replie les raviolis pour les fermer en pinçant les bords.
Pose-les sur un plan fariné pour qu’ils sèchent en attendant la cuisson.
Laisse le chaudron de Borscz refroidir. Au moment opportun, retire la feuille de laurier et (s’il le faut) la viande de ton chaudron et mixe les légumes. Passe ensuite le tout au chinois ou dans une étamine* avant de réchauffer.
Tu peux, si tu le souhaites, découper le morceau de viande en tout petits morceaux et le laisser dans le bouillon.
Cuis les pierozki onze minutes durant dans une bonne quantité d’eau bouillante salée et, au moment de servir, ajoute ces petits croissants de lune dans le Borscz rouge comme un ciel crépusculaire.
Mets à disposition de tes commensaux de la crème fraîche, un peu de persil et s’ils peuvent le souhaiter du raifort râpé.
(c) Lalie Solune
*la purée de légumes qui reste peut se servir plus tard en croquettes, ajoute juste de la farine ou de la kasha de sarrasin et un oeuf ou bien du fromage frais et cuis-les à la  poêle, tu peux servir ces croquettes avec la viande réchauffée…

Tison de Yule

Pars au poulailler et surveille les rares œufs que les poules pondent en cette froide et sombre saison. Quand tu en auras trouvé trois, tu pourras préparer le tison de Yule.

Casse ces œufs, sépare les blancs et les jaunes. Ajoute une pincée de sel à tes blancs et monte-les en une neige bien ferme. Laisse-les de côté le temps de battre tes jaunes avec 115 grammes de sucre jusqu’à ce que tu obtiennes un mélange bien clair. Ajoute alors peu à peu 75 grammes de belle farine blanche, puis tes blancs en neige en « soulevant » avec ta cuillère en bois.

Verse alors ta pâte sur une grande plaque rectangulaire recouverte de papier (sulfurisé) beurré. Place ta préparation dans un four chaud (200°) pendant 5 à 10 minutes en surveillant bien. Quand la pâte est cuite, pose-la, toujours collée à son papier, sur un torchon mouillé. Enroule prestement ta génoise afin qu’elle prenne la forme d’une spirale. Prends garde, ne l’enroule pas trop serrée car tu pourrais bien la « briser ». Déroule aussitôt, verse de ta meilleure liqueur de coings puis ta gelée du même fruit, le tout très généreusement. Tu pourras si tu préfères utiliser la liqueur et la confiture de tout autre fruit au parfum puissant, comme la framboise par exemple. Tout à la fois, décolle-la délicatement du papier et enroule-la pour former ta bûche de Yule. Décore-la selon ton inspiration… Peut-être pourras-tu saupoudrer un peu de sucre glace, ou réaliser un glaçage blanc pour représenter la neige et quelques feuilles de houx pour célébrer une dernière fois le Roi Houx…

Adapte en fonction de ce que tu trouveras dans tes placards. Privilégie les gelées et confitures très parfumées comme la framboises par exemple.  Un sirop agrémenté de rhum remplacera parfaitement la liqueur également.

Coupé en tranches, ce gâteau dévoile sa spirale, symbole idéale pour cette célébration du retour du soleil.

(c) Lune du Sidh

Carpe panée

J’ai ouï dire qu’en Bohême comme à Vienne, la carpe panée accompagnée de salade de pommes de terre est le repas traditionnel de Noël, que la tradition veut, là-bas, qu’on jeûne la journée jusqu’au repas qui commence avec la nuit. Si tu souhaites pour ce solstice d’hiver voyager un peu en Mittel Europa, offrir à tes convives un banquet inhabituel et simple à cuisiner, voici comment tu peux t’y prendre :

Au matin de cette courte journée, prépares une salade de pommes de terre.

Cuis à l’eau 600 gr. de pommes de terre bonnes pour les salades, généreuses et fermes à la cuisson. Cuis aussi une bonne grosse carotte d’hiver, un morceau de céleri et un persil tubéreux dans de l’eau salée agrémentée d’un peu de vinaigre de cidre. Epluche ensuite les pommes de terre avant de les couper en morceaux. Coupe en petits morceaux les légumes cuits, une belle pomme et trois gros cornichons malosols. Emince finement un gros oignon blanc. Mêle le tout avec du vinaigre, du sel, du poivre, une pointe de moutarde douce et 150 gr. de fromage blanc très égoutté à défaut d’un fromage frais de type slave, la ricotta est aussi très bien pour ce faire. Saupoudre de cerfeuil séché. Laisse tout cela reposer au frais.

Découpe la carpe sacrifiée ou ses filets en morceaux que tu arroseras de citron et d’un peu de sel fin pour les mettre eux aussi à reposer au frais, le temps de te consacrer aux autres plaisir de ce jour bref.

Si tu redoutes ou que l’un de tes convives redoute vraiment le goût particulier de ce poisson d’étang, ami de la roussalka, tu peux préparer les morceaux de carpe la veille et les laisser poser toute la nuit arrosés de jus de citron.

Juste avant le banquet, frotte les morceaux de carpe ave ce qu’il plaira à ta fantaisie : de l’ail haché, du cumin en grain, du gingembre moulu, du paprika… puis roule les dans la farine, ensuite dans deux oeufs battus, enfin dans la chapelure et fris-les avec soin à l’huile chaude d’une poêle, jusqu’à ce que l’or de la panure se révèle à tes yeux émerveillés.

Pourquoi ne pas chantonner en disposant dans les assiettes la carpe, son solaire quartier de citron et son brin de persil accompagnés de la salade…

(c) Lalie Solune

 

Huile de Bénédiction Solaire pour Yule

Le dimanche qui précède le solstice d’hiver, choisis dans ton coffre à simples sept plantes solaires cueillies lors du solstice d’été. Écrase-les très grossièrement dans ton mortier, hume leurs fragrances pour t’imprégner de leur pouvoir. Verse dans un pot en verre ou en céramique une huile liée elle aussi à l’astre du jour. Tu peux choisir une huile de tournesoleil mais sache qu’elle rancit prestement. L’huile d’olive ou de noix pourront très bien convenir si tu en apprécies le parfum. Place ce pot au bain-marie. Ajoute à l’huile ton mélange de plantes et laisse macérer doucement pendant 7 heures. Prends soin, à chaque heure écoulée, de charger ton macérât. Pour cela, il te suffira de placer tes mains au-dessus de ton chaudron, de laisser passer l’énergie et de te concentrer sur les bienfaits du retour du soleil, sur ta gratitude envers lui. Filtre ensuite l’huile parfumée à travers un linge fin, à moins que tu ne sois envoûté par la beauté de ces herbes baignant dans cette lumineuse huile dorée. Verse-la dans ta plus jolie fiole en verre que tu placeras au centre de ton autel jusqu’au solstice d’hiver. Le jour de sa célébration, tu pourras t’en servir pour oindre et bénir les bougies d’autel ainsi que celle dédiée au sort que tu vas jeter. Mais de cela, je te parlerai une autre fois !

(c) Lune du Sidh

Chocolat chaud des dames de décembre.

Quand vient le temps de décembre, il est doux de partager un bon chocolat chaud et de se laisser réconforter par la force du cacao, la chaleur des épices et la douceur du chocolat, loin des grands froids et de leur impérieuse Reine qui toujours cherche les éclats de son miroir obscur.
A n’en pas douter, si par malheur un de ces vicieux éclats d’hiver s’est logé en ton cœur et te fait ressentir le monde à travers son filtre de givre, ce chocolat sera à même de le faire fondre et de te rendre la paix et la joie qui n’auraient jamais dû te quitter.

Dans ton chaudron fais tiédir deux bonnes tasses de lait.
Dans un sachet à infusion, verse deux cuillères à café de camomille (un peu moins si les fleurs sont entières), une demi cuillère à café de mélange quatre épices et une cuillère, toujours à café, de cacao dégraissé non sucré.
Retire le lait du feu et jettes-y le sachet, couvre le tout et laisse sagement infuser quelques minutes.
Une fois le lait gentiment mélangé et le sachet enlevé, remets sur le feu ton chaudron et ajoute à ta boisson quatre carreaux de chocolat praliné coupés en petits morceaux.
Laisse fondre doucement le chocolat en mélangeant toujours, ajoute une cuillère café de sucre roux en poudre avant de servir et de déguster ton chocolat en bonne compagnie.

(c) Sara Strega

Les Boules du Cornu

La veille de Yule, dans un saladier, mélange poudre d’amandes, sucre et liqueur d’écorces d’oranges douces et amères (à 40°) jusqu’à l’obtention d’une pâte d’amandes sympathique. Forme des boules de la grosseur d’une belle noix et laisse-les sécher à l’air libre jusqu’au lendemain. L’alcool aura eu le temps de s’évaporer un peu, rendant cette mignardise plus douce. Le jour de Yule, prépare une plaque huilée. Verse le sucre dans une casserole et fais chauffer doucement jusqu’à l’obtention d’un beau caramel bien roux. Ajoute un filet de jus de citron si le cœur t’en dit. Avec précaution et deux fourchettes, enrobe de caramel les boules de pâte d’amandes, pose aussitôt sur la plaque huilée et place de chaque côté un cerneau de noix, ainsi c’est bien plus pratique à saisir ! Laisse refroidir et déguste rapidement.

(c) Lune du Sidh

Solstice d’hiver

Cette année 2010, le solstice d’hiver aura lieu le 21 décembre au soir,

 

soir culminant de la pleine lune et d’une éclipse partiellement visible en Europe et totale au Canada.

 

Puissent vos agapes et danses sous l’arbre encore vert vous être bénéfiques !

Bonshommes et maisons de pain d’épices

Que tu souhaites construire ta chaumière en pains d’épices, créer un château fort de décembre pour de petits chevaliers, de jolies princesses, de sages dragons ou de rusés ménestrels, donner son regard et son sourire à un bonhomme de pain d’épices, illuminer une étoile de Noël comestible ou autoriser un diablotin à tirer la langue avant d’être mangé, il te faudra pour cela une matière collante, comestible et décorative. La magie est entre tes mains, dans l’attention que tu porteras à la création et ta liberté d’imagination…

Fouette un blanc d’oeuf avec 140 à 200 gr de sucre glace tamisé jusqu’à ce que la substance soit lisse, ferme et luisante. Trempe une paille dedans et dessine des lignes courbes ou des points sur une assiette pour tester la texture. Si le dessin est fin et que le mortier à chaumines sèche en quelques minutes, c’est que tu es sur la très bonne voie.

Fais un cornet avec un papier solide ou utilise une poche à douille spéciale pour dessiner les motifs sur les figurines. Pour les constructions, la préparation sert de « colle » pour les pans de la chaumière en pain d’épices…

Conserve ces petits êtres et paysages quelques 15 jours, dans une boîte en métal ou en carton. Tu peux aussi ajouter une pomme saine dans le lieu de conservation afin de les aider à bien se conserver, mais garde-les bien de tout contact avec les oignons, l’ail, les champignons, les aromates, les épices et le chauffage. Cette période de repos permettra aux pains d’épices décoratifs de se reposer, de se relâcher et d’être bien plus moelleux à manger.

 

(c) Lalie Solune