Ce guide de savoir-survivre, très utile à tout apprenti explorateur du domaine de l’obscur aide à rester digne et généreux même en présence de monstres, à tenir correctement sa tasse de thé, proposer les friandises adéquates et, surtout, révèle la grande incantation à la petite cuillère qui pourra vous sauver des situations les plus mortelles !
Huile d’énergie solaire
Cette huile est un mélange en synergie d’huile d’olive et d’huiles essentielles. Une fois le mélange accompli, laisse la synergie se faire quelques jours. Tu pourras la conserver dans un flacon (j’ai une préférence pour les flacons teintés). Elle est énergétisante et s’applique légèrement à l’intérieur des poignets en cas de coup de fatigue…
Pour 10 ml d’une huile d’olive d’excellente qualité, ajoute 3 gouttes d’HE de laurier noble, 5 gouttes d’HE de basilicum occinum, 5 gouttes d’HE de romarin officinal.
Tu pourras la conserver longtemps, ce qui est appréciable, grâce à l’huile d’olive qui ne rancit pas. Elle pourra donc être secourable l’hiver durant.
Il est également possible de faire, à la saison claire, une version culinaire de la même huile en laissant macérer quelques temps les herbes fraîches dans l’huile, avec ou sans piment…
(c) Lalie Solune
Des fluctuations de saisons… Eté indien et début d’automne
Cette année est relativement inhabituelle, l’été indien a été l’un des plus long que nous ayons eu depuis longtemps, le dragon des pluies n’a que très peu daigné parcourir nos cieux et sans doute cette bascule tardive dans l’automne est-elle aussi pour quelque chose, entre autres raisons personnelles, dans mon absence de disponibilité à poster les articles du calendrier des récoltes.
Il n’empêche qu’après les fruits de passage entre fin d’été et début d’automne, figues, noisettes et baies de sureau, mûres et premières noix, une fois les graines de pavot récoltées,
les fruits de l’automne étaient bien là:
les raisins à l’équinoxe (et les vendanges « classiques » sont bel et bien finies et, semble-t-il prometteuses, on a bel et bien bu le vert-jus et tué le cochon en Bourgogne au mois de septembre) et les poires que je trouve cette année particulièrement succulentes, les pommes sont moins nombreuses que d’autres années peut-être. Les aubépines sont couvertes de leur bijoux rouge cramoisi que sont les cenelles. L’année est particulièrement bonne pour les prunes, il reste d’ailleurs encore des quetsches et il reste encore des noix çà et là, ce qui n’est pas toujours le cas si tard dans la saison. Les premiers coloquintes et citrouilles commencent à être mûrs, mais n’anticipons pas trop…
Les betteraves rouges sont présentes dans leurs régions de prédilection depuis la fin de juillet cette année, les chou-fleurs se sont épanouis, les premiers choux verts et premiers céleri-raves peuvent parfois être dénichés mais le temps lumineux nous a prodigué poivrons et aubergines, ainsi que des courgettes jusque tout récemment, ce qui est aussi assez rare…
Il est temps, à présent que la pluie a bien voulu nous faire honneur de sa visite, de flairer dans les sous-bois les champignons d’automne : cèpes et bolets, girolles et agarics, psathyrelles et tricholomes, pleurotes et russules, lactaires et pieds-de-mouton, trompettes des morts et morilles noires…
A présent que les cerfs brament et annoncent les froides brumes, les écureuils s’activent pour finir leurs provisions… Laissons-nous charmer par les couleurs profondes, les puissants contrastes d’ombres et lumières, et la générosité vertumnéenne.
(c) Lalie Solune
Soupe aux carottes d’entre deux saisons…
Dans ton chaudron fais roussir deux oignons, dans l’huile d’olive, cela va sans dire. Il faut du soleil quand l’automne s’installe.
Quand leur couleur se fait satisfaisante, ajoute un peu de poudre de curry et vite, très vite, mélange bien. Prends garde de ne laisser les épices brûler, rajoute de l’eau, très chaude, presque aussitôt.
Ouf, tu peux souffler et ajouter tranquillement d’autres épices dans l’eau de cuisson. Du curry, encore, sois toujours généreuse avec le curry, de l’origan séché et de la coriandre, un peu de paprika ou de piment fort ou doux. Puis sel et poivre, bien entendu…
Viennent ensuite les légumes, carottes d’abord et pommes de terre, un poivron rouge et des tomates. Mais cette soupe évolue avec la saison… Quand l’automne est bien installé, le poivron disparaît, on rajoute une pomme de terre, les tomates, elles, sont en conserves, à moins que tu n’aies pris la peine de préparer du concentré maison pendant l’été, sinon tu peux bien sûr les oublier aussi.
Si le cœur t’en dit, ajoute des champignons en tout début de cuisson, avec les oignons.
Laisse ta soupe cuire lentement, à feu doux. Si, quand tu la goûtes en fin de cuisson, elle te paraît trop acide, ne grommelle pas après les tomates ou le poivron, ajoute plutôt deux sucres ou une cuillère de crème.
Pendant que ta soupe mijote, fais légèrement griller au four des tranches de pain, sors-les, tartines-les, très légèrement, de miel, ajoute du fromage de chèvre et remets-les à griller. Rien de mieux avec la soupe au curry.
Bon appétit !
(c) Sara Strega.
Thé pour les longues soirées d’hiver.
Ce mélange doit être préparé à l’avance pour que le thé s’imprègne des épices comme il se doit.
Dans le pot à thé tu dois verser six belles cuillères à soupe de thé noir et parfumé ; le thé du Népal est excellent pour ce mélange.
Ajoutes-y une gousse de vanille fendue et coupée en morceaux, deux cuillerées à café, voire trois, de cannelle moulue, une autre de gingembre, de l’écorce d’orange en petits morceaux et deux ou trois clous de girofle broyés.
Quand dans l’eau frémissante tu jetteras ton sachet de thé parfumé, adjoins-lui quelques éclats de caramels pilés (une cuillère à café par tasse).
Ce thé est délicieux en accompagnement de pain d’épices ou de tarte aux pommes. Si on souhaite le sucrer, mieux vaut alors utiliser du miel.
(c) Sara Strega
Salade de pommes de terre
Les récoltes de pommes de terre sont finies et ici, la pluie s’est invitée juste après… les savoureux tubercules nourrissant qui ont sauvé nombre de régions d’Europe des famines récurrentes lorsqu’ils ont été importés et acclimatés font partie des légumes-racines les plus faciles à conserver pour l’hiver et permettent les préparations les plus variées.
Choisis 600 gr de pommes de terre, de celles qui restent fermes et fondantes après avoir été cuites à l’eau (des charlottes par exemple, ou des rosevals…). Rince-les à l’eau claire et plonge-les dans de l’eau froide où tes doigts agiles jetterons quelques grains de sel. Pose ce chaudron sur le feu et laisse cuire tranquillement en prenant soin de garder le nez réceptif aux évolutions du parfum. L’expérience montre que vingt minutes environ après que l’eau ait commencé à frétiller sauvagement suffisent à les cuire, mais n’oublie pas que ce temps varie en fonction de leur taille et de leur quantité.
Ayant laissé le feu et l’eau faire leur oeuvre commune avec la matrice de cuivre, saisi toi d’un morceau de raifort long comme un poucet que tu vas peler et râper dans un grand récipient creux, et transparent, c’est plus joli. Verse dessus deux grosses cuillères de vinaigre de cidre et cinq d’huile de colza accompagnés de quelques grains de sel.
Nettoie deux grosses carottes (tu peux peser ces autres racines pour t’assurer d’en avoir quelque 150 ou 200 grammes) et coupe-les en tout petits morceaux. Une petite casserole à couvercle suffira à les recevoir avec un peu d’eau, trois grains de sel, une petite feuille de laurier et deux baies de genièvre. Laisse-les cuire tranquillement à leur tour.
Emince très fin un oignon moyen ou plutôt gros et ajoute les morceaux dans la sauce au raifort afin qu’ils sympathisent avec elle.
Laisse à présent les pommes de terre refroidir.
S’il te reste ne serait-ce qu’une poignée ou deux de haricots verts frais qui auraient été cultivés sous abris ou encore bien conservés (que ce soit en cave ou en bocal), coupe-les aussi en tout petits morceaux pour les ajouter.
La sauce maintenant, va recevoir les morceaux de légumes cuits ainsi que les morceaux d’une belle pomme. Tout cela bien mélangé ne sera au mieux assaisonné que de simple yaourt nature et de cerfeuil ciselé.
Brament les cerfs, tombe la pluie, fais goûter les cadeaux de la terre à tes amis
(c) Lalie Solune
Caresse d’écureuil
Breuvage à la noisette, pour la tendresse, la souplesse d’âme et la sagesse…
Pile dans ton mortier des noisettes en chantonnant.
Verse la poudre dans un beau récipient et observe le miel couler dans un de ces rayons de soleil obliques que sait nous offrir le généreux automne.
Instille gentiment lait de vache ou de brebis ou de chèvre ou d’amandes ou de soja…
et remue en prononçant les mots magiques.
Offre avec un sourire à qui tu veux réconforter.
(c) Lalie Solune
Risotto automnal.
La sorcière se glisse subrepticement dans sa cuisine et aussi vite que deux et deux font quatre, elle remplit d’eau un chaudron (deux à trois litres, selon la quantité de riz), y jette du basilic (avant que l’automne ne lui vole ce plaisir), de l’origan, du thym et un peu de sel. Pendant que sa décoction chauffe doucement, elle coupe deux oignons, deux ou trois carottes, quelques cèpes, écrase un peu d’ail et jette le tout dans un autre chaudron, avec une bonne dose d’huile d’olive.
Elle mêle, touille et laisse cuire ses ingrédients, ajoute un peu de poivre, un peu de sel aussi, mais pas trop (car il ne faut pas oublier que le bouillon est déjà salé), Et quand elle voit que les champignons sont quasiment cuits, elle ajoute dans son chaudron deux belles mesures de riz tout rond.
Pendant deux bonnes minutes elle ne laisse pas en repos ces capricieux grains de riz et les fait rouler sans relâche, jusqu’à ce qu’ils deviennent transparents. Ensuite seulement elle verse sur eux quelques louches de bouillon, pas tout d’un coup, juste de quoi les recouvrir.
Alors elle n’aura de cesse de surveiller et de mêler tout ce beau monde car le sieur risotto est capricieux et il aime la compagnie, il ne faut jamais le laisser seul, sinon ce fainéant fait des bêtises. Aussi, pour l’en empêcher, mieux vaut le mélanger souvent et veiller à ce que jamais ce perpétuel assoiffé ne manque d’eau, ni d’ailleurs n’en ait trop.
Mais la sorcière est patiente, elle a tout le temps, elle peut bien accorder vingt minutes à ce met savoureux. Pour s’occuper elle y ajoute quelques morceaux de châtaignes et, à mi-cuisson, une rasade de vin blanc.
Quand les vingt minutes approchent de leur terme, elle cesse de rajouter de l’eau, laisse boire le riz tout son content et le reste de l’eau s’évaporer. Puis, cela fait, elle ajoute, presque à la toute fin, une cuillère de crème fraîche (si le cœur lui en dit, la crème c’est une question de goût) et surtout une pluie de parmesan (à cela par contre pas moyen d’échapper).
Elle mêle le tout une dernière fois et laisse le risotto se reposer un moment avant d’être dégusté, parce qu’après tout il l’a bien mérité.
(c) Sara Strega
Omelette ambre rouge
Pour 2 personnes et un automne flamboyant
Émince une cive ou un frais bouquet de ciboulette pour faire fondre et dorer cette herbe aromatique dans un peu d’huile d’olive. Ajoute deux figues coupées chacune en sept quartiers, dans la poêle où tu verseras quelques larmes de miel d’acacia et un dé à coudre de Whisky un peu iodé, de la taille d’un bonnet de Brownie… Jette dessus une étincelle afin que la mixture rougeoyante soit un instant flamboyante. Mets-la de côté le temps de battre 4 œufs avec du poivre, du paprika doux et 3 cuillères à soupe de lait qu’il soit de vache, de brebis ou de chèvre. Mélange tout ensemble en chantonnant « Je te bats, je te bats petite omelette… » et poêle à feu bien vif avant de lancer : « Petite table, couvre-toi ! »
(c) Lalie Solune
Gâteau des feuilles mortes
La mesure se prend avec un pot de yaourt (généralement d’une contenance de 125 gr.)
Un pot de yaourt nature ou de faisselle bien égouttée
Un pot de liqueur de lilas bien sucrée
Un pot de miel
Cinq pots de farine
Deux pots de beurre demi-sel fondu
Trois oeufs frais
de la levure
Des graines de pavot à volonté
Des pignons de pin à volonté
La pâte doit être fluide sans être complètement liquide
Il suffit ensuite de la verser dans un moule beurré et fariné (pas trop haut et relativement large de préférence) de se lécher les doigts et d’enfourner à four préchauffé
Puis de laisser cuire à 140°C (275°F) pendant une bonne heure sans ouvrir le four
Lorsque vous êtes enchanté par l’odeur, que la chose est dorée comme la Lorien à l’automne et que la pointe fine du couteau vous montre que l’intérieur en est moelleux et sec,
vous pouvez le sortir le laisser refroidir en déposer un bout en offrande
et déguster entre amis les plaisirs de l’automne.
(c) Lalie Solune