Omelette au cresson

Lave et trie une petite botte de cresson en privilégiant les feuilles, les tiges peuvent aller dans la soupe. Hache-les brièvement au couteau ou découpe-les en tout petits morceaux à la main. Choisis cinq ou six œufs de gaie poulette rousses et casse-en deux dans un saladier. Ajoute les jaunes des autres aux deux premiers, en prenant soin de garder leurs blancs dans une assiette creuse. Fouette les œufs entiers mélangés aux jaunes. Ajoutes-leur le cresson et un peu de poivre si tu veux, ou encore un peu de sel (moi pas, mais fais ce que voudras). Fouette les blancs mis de côté en les faisant bien mousser. Mêle tout ensemble en souriant. Cuis cette omelette en la faisant saisir à souhait de croustillance, à la poêle et dans une huile végétale. Sers avec une salade de jeunes feuilles printanières.

Petit « truc » pour retourner l’omelette : pose sur la poêle un couvercle plat ou une assiette plate assez grande pour tout recouvrir, pose ta main à plat dessus et maintiens fermement, saisis la queue de la poêle et retourne d’un seul coup, fais ensuite glisser l’omelette dans la poêle…

 

(c) Lalie Solune

Petit précis de cuisine elfique

Un très beau livre édité dans la collection « Avis de tempête » par Au Bord des Continents

Les textes et recettes sont de Laurence Germain, les calligraphies et peintures sont de Yannick Germain

 

« Il fut dit que lorsque humanerie tiendrait nourrissement en grand oubliement le livre des mangeries un des leurs découvrit »

Tout commence par la découverte d’un grimoire : le Petit Précis de cuisine elfique, légué dans une cachette par un « lutin gourmet et marmouset de grande renommée », car les hommes « sont en péril de malevie » et « perdent le goût »…

Chaque recoin de page de ce livre est une véritable oeuvre d’art et les recettes qu’il contient, si l’elfique fantaisie guide leur écriture et si l’admiration des pages peut vous envoûter au point de n’avoir plus le temps que de vous faire deux tartines, n’en sont pas moins de vraies recettes, données dans l’ordre saisonnier, même s’il faut n’être point craintif du sable pour essayer la recette des moules façon Tud-Gommon (ce que je suis prête à essayer à la première occasion venue, et si elle se présente, je vous dirai ce qu’il en est) ou si la recette d’escargots du Droug Speret (mi loup-garou, mi surmulot) me semble fort facétieuse… Vous y trouverez, entre autres : Flastrennée de fèves fraîches des fées follettes pour le printemps, délices de souperise pour l’été, sandre aux cèpes pour l’automne et le fameux Croquenfarce de Maît Jean pour l’hiver…

 

(c) Lalie Solune

 

En ce début du mois d’avril, ce blog s’enrichit de la présence d’une personne que j’estime et tiens pour fine truffe et patte habile en bien des domaines.

 

Merci d’avoir accepté de te joindre à cet almanach, Sara Strega !

Le Pissenlit

Taraxacum Officinal

Saison : pendant la saison claire, de l’équinoxe de printemps à l’équinoxe d’automne, on commence par récolter feuilles et fleurs et on finit par les racines, à l’automne.

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Excellent pour le foie, la vésicule biliaire, dépuratif sanguin, le pissenlit aide à lutter contre les troubles du foie, la paresse rénale, les troubles circulatoires (varices), les rhumatismes et la goutte. C’est un bon remède contre la jaunisse. Il est aussi efficace contre certains eczémas, fait significativement baisser le taux de cholestérol et éclaircit le teint.

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Les feuilles se mangent crues, en salade, lorsqu’elles sont jeunes et cuites lorsqu’elles sont plus coriaces, les boutons de fleurs se mangent cuits à l’eau ou à l’étuvé, les fleurs épanouies se mangent telles quelles, en confitures, cuite ou macérées dans du vin. Les racines, souvent fines et très longues, allant profondément sous la terre, servent à faire boisson ou décoctions.

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C’est une plante très mellifère (en d’autres termes : les abeilles adorent les butiner) et hermaphrodite, dont la fleur évoque le soleil et à laquelle la forme de ses feuilles a donné le nom « dent de lion ». Les « graines » (en fait les akènes) forment une boule blanche sur laquelle on souffle soit pour savoir « quand on se mariera » soit, ainsi que je l’ai pratiqué enfant pour faire un voeu : si toutes les graines s’envolent il se réalisera, à condition de la garder pour soi…

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(c) Lalie Solune

Le sel de mer

J’ai une grande affection pour le sel marin avec ses cristaux blancs ombrés de gris, tiré des glauques profondeurs. Il est une véritable et vénérable bénédiction. C’est le minéral purificateur par excellence. Chargé de l’énergie des entrailles de la vaste mer, de l’océan, il est rejeté sur les plages par les flots et/ou extrait par évaporation dans les salins. En France, les plus réputés sont : Noirmoutier, Guérande et Giraud en Camargue. Je ne saurais trop recommander d’utiliser un sel aussi peu raffiné que possible, bien sûr il est grisâtre mais ce n’est pas plus mal, bien au contraire… Ses usages sont nombreux, tant en cuisine qu’en magie, pour le nettoyage matériel et immatériel.

* En cuisine : Il relève le goût des aliments mais ne pas en abuser, c’est le respecter. OU du moins l’adapter à vos besoins, c’est vous respecter vous-même… De plus, lié à l’élément eau, il favorise la rétention d’eau (et donc la cellulite) et son abus provoque l’élévation de la tension artérielle. Pour ma part, je sale le moins possible à la cuisson, sauf accident… Certaines personnes, elles ont un plus grand besoin de sel. Gnoti se auton, comme disait l’autre, « Connais-toi »… 🙂 On dit d’ailleurs dans ma région d’origine, et je crois que c’est partagé dans de nombreuses régions, de ceux ou celles qui ont trop salé un plat, qu’ils sont amoureux. Je préfère laisser chacun doser à sa convenance.Car le sel est comme la parole : il est toujours possible d’en rajouter, mais jamais de le retirer.

Il est à noter cependant que les sportifs et les gens qui ont une activité physique soutenue et qui transpirent beaucoup ont un besoin plus élevé en sel. Il est inégalable pour la conservation de certains aliments, en particulier les chairs animales (charcuteries, anchois…) mais aussi les conserves de légumes. Il aide à faire lever la pâte également (merci de m’avoir signalé mon étourderie, Strega !)

En signe de respect pour lui, je le garde dans un bocal en verre et j’ai consacré au service du sel chez moi une petite cuillère en bois d’olivier.

*En magie : il absorbe les énergies néfastes, c’est pourquoi on l’utilise comme élément de bannissement ou de purification. Place un bol de sel au centre du lieu que tu veux purifier ou un sachet dans un endroit où circulent de mauvaises énergies. Le sel de bannissement est mêlé d’autres éléments. Une fois utilisé, chargé des mauvaises ondes, on peut soit l’enterrer (cependant, attention, bien qu’on n’ait en magie jamais besoin d’en utiliser de grandes quantités, il stérilise la terre) ou le jeter dans une eau courante capable de le disperser. On l’utilise pour former un cercle protecteur lors des travaux magiques. On peut également l’utiliser sur soi, que ce soit dans le bain ou en friction (douce) mélangé à d’autres éléments pour se purifier.

Pour un exemple de bénédiction Asatruar du sel de protection, vous pouvez consulter le blog de Hagel.

*Dans l’habitation : Les fourmis ne franchiront pas une ligne de sel, en tout cas pas jusqu’au bout, j’ai ouï dire que « ça les brûle » et quelqu’un m’a affirmé un jour que cela était du à une réaction chimique avec l’acide formique contenu dans le corps des fourmis. Il est donc souvent conseillé d’en mettre sur leurs lieux de passage lorsque tu veux les empêcher d’entrer dans la maison.Sache que mon expérience m’a prouvé qu’il faisait office de véritable arme chimique, il affole donc les fourmi et provoque un signal d’alerte. Ce qui explique que, si elles ont déjà leurs voies habituelles tracées chez toi, jeter du sel aura pour conséquence de toutes les faire sortir pour le combat. La craie semble être un repoussoir plus pacifiste et efficace (merci pour ce conseil efficace et amusant, Charlotte Dubois !), mais de courte durée, en tout cas chez moi. Pour repousser les fourmis je n’ai à ce jour pas trouvé mieux que l’HE de cannelle. Mais c’est là un autre chapitre…

Le sel a la réputation d’absorber le vin rouge renversé sur les tissus, cependant, d’après une grand-mère à qui je fais confiance, il « cuit » en même temps le vin qui devient alors plus difficile à faire partir au lavage. On s’en sert d’ailleurs pour fixer les couleurs sur les tissus. Il sert aussi à la confection d’un liquide nettoyant pour les surfaces domestiques, notamment les surfaces carrelées.

L’eau salé gèle moins facilement (quand la mer est gelée, tu peux vraiment t’inquiéter) et bout à plus haute température que l’eau douce, ce qui explique qu’on mette une pincée de sel pour avoir un bouillon plus vif lorsqu’on fait cuire des pâtes sèches.

*Bienfaits pour le corps : Une lotion salée en friction sur le cuir chevelu aide grandement à lutter contre les pellicules (la preuve : a-t-on déjà vu un surfeur avec des pellicules ? Et à plus forte raison un mari-morgan ? Mais je m’égare encore…) Un bain salé détend et purifie, nous l’avons vu, mais aussi relaxe les pieds fourbus.

*Coutumes et symbolique : Chez les Slaves, dans la société paysanne ancienne, lorsqu’on recevait de la visite, on offrait traditionnellement « le pain et le sel », les plus hauts symboles de l’hospitalité. On présentait la miche de pain, que l’invité devait alors se trancher en signe d’acceptation et de reconnaissance, accompagnée d’une coupe ou d’un petit bol de sel dont le visiteur prenait une pincée dont il saupoudrait (c’est la cas de le dire) son pain avant de le manger. Cependant, historiquement les Slaves éloignés des rivages utilisaient plus fréquemment du sel gemme (issu de mines terrestres) que du sel marin. Une coutume similaire existe en Corse.

(c) Lalie Solune

Infusion de purification printanière

Pour un demi litre d’une eau de source que tu auras recueillie en échange d’un bout de ruban, d’une chansonnette, d’une pensée aimante ou d’une confiserie en offrande, jette dans ton pot à thé une petite poignée de feuilles d’ortie, une pincée de thé vert de Chine, cinq feuilles de Gingko biloba et une pincée de feuilles de vitis vinifera. Laisse infuser dans l’eau chaude au moins cinq minutes et bois le matin à jeun et autant qu’il te plaira au cours de la journée. Ton corps de lui-même se nettoiera, ton sang vif et guilleret circulera, ton teint de nouveau s’éclaircira…

(c) Lalie Solune

L’Ortie

Urtica dioica

Urticante en surface et purificatrice en usage interne, l’ortie permet, au printemps, de nettoyer l’organisme. Elle chasse le « mal » – que je mets entre guillemets car le mot est à prendre dans tous les sens du terme, puisqu’elle chasse aussi les esprits mauvais-, mais elle est, son nom l’indique, urticante : il faut donc savoir l’approcher pour ne pas s’y piquer… c’est l’une des raisons, sinon la raison pour laquelle cette « mauvaise herbe » est souvent, à tort, perçue négativement. Sache tout de même que lorsqu’elle est mouillée, elle pique peu ou pas ou bien beaucoup moins; et que ses poils urticants ont un sens dans lequel ils piquent, l’autre pas.

Pline la mentionne comme un « aliment qui n’est pas désagréable » et qui « est l’objet d’une superstition pour beaucoup, qui pensent par là se préserver de maladies pendant toute l’année ». L’ortie, de fait, préparée en décoction ou en macération dans un vin, purifie le sang, nettoie le système digestif et les reins, est antidiabétique, hémostatique, antianémique et fortifiante. Elle est efficace également contre les affections de la peau, particulièrement l’acné et l’eczéma. Elle renforce le cuir chevelu, l’assainit et aide à éliminer les pellicules, elle ralentit la chute des cheveux.

Elle est excellente en cure de printemps.

On la récolte à la saison claire, du début du printemps à la fin de l’été, avant la montée en graines. Attention cependant à laisser les graines qui ont la réputation d’être, à forte dose, toxiques, mais qui surtout (à mon sens) permettent aux oiseaux de se nourrir à l’automne.

Il y a cependant là un choix à faire : cette mauvaise herbe est considérée comme telle car elle se reproduit très bien et peut devenir envahissante, il est tout aussi possible de la considérer comme généreuse car foisonnante et fournissant un engrais végétal précieux pour la culture : le purin d’ortie.

Sources : La Pharmacie du bon dieu Fabrice Bardeau, éd. Stock

          Mes Bonnes plantes et mes bonnes herbes Pierette Nardo, éd. Rustica

des observations personnelles…

(c) Lalie Solune

 

 

Cycle des bourgeonnements – Mars

De l’équinoxe de printemps aux premiers jours d’avril, tandis que les bouleaux et les aubépines bourgeonnent, que les saules et les peupliers portent leurs chatons comme des bijoux précieux, que les abeilles sortent d’hibernation, tu pourras recueillir l’eau de source enchantée, la purificatrice sève de bouleau; tu pourras récolter avec gratitude et discernement :

cresson, pousses d’orties, pousses et feuilles précoces d’épinards, primes roquettes, fleurs et feuilles de primevères, nouvelle ciboulette, romarin fleuri, jeune chicorée, brins de doucette, premières feuilles de lierre terrestre, violettes, pâquerettes et pissenlits. Le peuple des mousses pourra sans doute t’accorder : agarics à deux spores, pleurottes en huître, mousserons, marasmes des oréades, truffes du Périgord…

 

(c) Lalie Solune

 

Potage lutin de cresson

Chatouille une botte de cresson pour faire tomber ses mauvaises feuilles aigries. Profites-en, elle ne peut pas bouger… Fais chauffer un peu d’huile d’olive, ou du beurre si tu est un(e) incorrigible nordique, tu es chez toi, fais ce qu’il te plaira. Pendant que le cresson se marre, profites-en pour le passer à l’eau courante et le jeter sournoisement dans la marmite ; bouche-toi les oreilles quand il entre en contact avec la matière grasse brûlante. Au passage, colle-lui un couvercle aussi, on ne sait jamais. Avant, pendant ou après, ça te regarde, jette là-dedans une pincée de sel (du marin, du vrai, pas de bêtise, hein ?) et un peu de poivre. Laisse tout ça sur le feu un petit moment. Noie ensuite la mixture avec de l’eau pure et laisse la soupe cuire à couvert sur un feu très doux.

Utilise ton flair pour savoir quand c’est prêt et mixe avant de manger proprement et avec des croûtons.

*si le mixer te répugne ou fait trop de bruit dans ton immeuble à l’heure indue à laquelle tu manges, hache donc le cresson au couteau après l’avoir chatouillé… ça lui apprendra.

 

(c) Lalie Solune

Velouté de radifeuilles

Et avec les fanes des radis dégustés en accompagnement des muffins…

Triées et rincés, les vertes feuilles seront jetées sur une huile d’olive chaude où aura rissolé de l’ail pressé.
A couvert et doux petit feu, on les aura laissé fondre avant de les arroser d’eau de source et sel et poivre et sourire.
Tout cela ensuite va ploploter bien gentiment sous le couvercle, frémir tout doucement à l’abri, comme dans sa coquille d’œuf, celui d’avant la poule.
Puis, avec l’instrument qui te conviendra le mieux, tu mixeras le tout pour obtenir un velouté clairet et l’agrémenter de deux bonnes grosses cuillerées (mesurées chez moi à la spatule en bois)
de mascarpone diluées à feu moyen…

(c) Lalie Solune