Nectar solaire de la Chandeleur

Au-dessus de ton chaudron purifié, tranche par le milieu de belles oranges amères car tu sais que montera bientôt le soleil. Que ton chaudron récolte la pulpe et le jus et tu y ajouteras du miel de fleurs sauvages du printemps dernier avec une pensée pour les abeilles qui continuent leur repos bien mérité. Pincée de fleurs séchées comme il plaira à ton âme, lavande, soucis, armoise, aspérule de mai ou celle qui te plaît. Pour moi, ce fut l’an dernier la lavande et cette année ce sera l’aspérule. Dans ce chaudron réservé et fermé, laisse les sept derniers jours de janvier tous ces ingrédients se mêler et chaque jour vient doucement l’agiter en préparation de la fête des chandelles, de l’hommage à Griàn et Brigit. Il viendra agrémenter crêpes et caillebottes préparées.

(c) Lalie Solune

 

Faunesque poêlée de fenouil

Merci au Faune qui m’a délectée de ce met et m’a généreusement autorisé à l’écrire « à ma sauce »…

Dans une sauteuse, le faune bondissant verse un peu d’huile d’olive et il se met en devoir de laver et couper un fenouil, d’émincer un oignon et de hacher de l’ail. Avec ce sourire en coin si particulier aux Faunes, il attrape tout cela dans ses mains et le lâche dans la sauteuse en agitant le bout des doigts pour faire rire les nymphes, c’est toujours quelque chose de gagné… et le tintement des rires de dryades lui indique à coup sûr le moment idéal pour verser là-dessus un trait de jus de citron. A son tour de rire… Comme il est farceur mais très aimable, il sait trouver sans difficulté aucune une petite brindille d’estragon séché, pour l’émietter dans la préparation et les nymphes en soupirant la parsème à leur tour de ciboulette séchée secrètement rassemblée dans leur temple au printemps…

(c) Lalie Solune

 

Pommes d’or hivernales

Verse dans ton chaudron un peu d’huile d’arachide ou de sésame. Émince de l’oignon et dépose-le là, bien au chaud. Hache de l’ail pour l’accompagner. Pèle et découpe de la pomme de terre pour la déposer de même. Ajoute quelques grains de poivre du Sechuan. Cisaille du persil sur le dessus. Pèle et découpe un morceau de curcuma frais en prenant soin de ne le laisser colorer que ce que tu veux bien. Plonge le itou dans ton chaudron d’hiver. Ajoute une petite pincée de methi, autrement dit de fenugrec, et quelques feuilles broyées de curry. Confie ton chaudron fermé au feu qui nous soutient l’hiver. Surveille et, s’il le faut, ajoute un peu d’eau par moments, jusqu’à ce que l’ensemble soit cuit, bien mêlé et chaudement odorant. Nul besoin de moi pour saler comme tu le voudras.

(c) Lalie Solune

 

Au coeur de l’hiver

C’est que l’hibernation agit en période froide et sombre… vous avez donc, chers curieux et gourmands qui lisez ce blog, beaucoup moins de messages qu’à d’autre périodes de l’année… Emmitouflée dans mon poil hivernal, le geste déjà quelque peu ralenti, voilà que j’ai oublié lors du dernier message posté dans la rubrique de mentionner les kakis. Ai-je une bonne excuse à cela ? Nul besoin, mais j’ai une raison valable : je n’ai jamais réussi à apprécier un kaki.

Cependant un événement assez attendu mais tout de même surprenant à chaque fois (l’hibernation, je vous dis!) m’a donné le goût de secouer ma pelisse et d’étirer mes pattes pour signaler à quiconque serait intéressé que les oranges sanguines, les oranges amères et les oranges maltaises (d’ici une semaine, disons ) sont là. A vos chaudrons de cuivre ! A vos écorces confites ! A vos vitamines !

Bien entendu, il ne faut pas oublier les citrons de la région de Menton que j’ai eu l’honneur de goûter peu après le solstice et qui, il faut bien le dire, sont délicieux.

Si la méditerranée nous offre ses sphères dorées, la Bourgogne à sont tour offre à qui saura les déterrer les sphères d’or noir de la terre que sont les truffes, princesses noires parmi les champignons…

Sur ce, je m’en retourne à ma caverne ronfler avec les ours…

(c) Lalie Solune

Thé Mag Meld

Mag Meld est la « plaine des plaisirs » de la mythologie celtique. Ce thé parfumé favorise la détente et l’amour, la sensualité. Au moment où l’inspiration de ce thé me venait, tandis que j’en notais les ingrédients, je me suis aperçue qu’il avait été en bonne partie inspiré par le thé des amoureux de Strega. Considérons-le comme ma version de sa création personnelle…

 

Pour un bocal de thé voluptueux, d’environ 250 gr. :

Verse du thé indien appelé aussi couramment thé noir, et dit par les spécialistes thé rouge, en proportion de quatre cinquième du bocal. Ajoute cinq bonnes cuillères à café de roses séchées et moulues.

Referme et secoue pour bien mélanger, ainsi que tu le feras à chaque ajout d’un nouvel ingrédient.

Ecrase dans un mortier, juste assez pour les ouvrir, neuf ou deux fois sept gousses de cardamone et ajoute-les. Mélange de nouveau.

Verse deux cuillères à soupe d’amande en poudre ou encore, ou aussi, deux ou trois gouttes d’extrait d’amandes amères.

Ajoute en quantité qu’il te plaira du gingembre séché et râpé. Fais de même avec un petit morceau d’écorce de citron. Enfin, introduis dans ce mélange la pelure d’une pomme sauvage, sous forme d’un ruban séché.

Infuse le thé à l’eau de source et sers-le avec du miel de fleurs sauvages pour une boisson passionnée, avec du miel de forêt pour un amour profond et sauvage, avec du miel de bruyère pour un amour joyeux et solide…

(c) Lalie Solune

Salade ressources hivernales

pour deux gourmands, friands de vitamines

Saisis-toi de deux belles et grosses carottes d’hiver, parfumées et colorés, semblables à des rayons de soleil couchant tirés de la terre, d’une petite endive blanche à la couronne vert pâle qui aura eu bien le temps de pousser tranquillement, d’une pomme qu’il te restera des récoltes de l’automne. Après avoir pelé les carottes et, s’il le faut, la pomme, coupe ces aimables compagnons en tout petits morceaux et met-les dans un plat, saupoudre généreusement de cerfeuil séché ou frais si tu en fais pousser dans ta chaumine, et arrose d’huile de colza. Ajoute une petite poignée de pignons de pin. Mélange bien en dirigeant tes pensées vers les ressources cachées, mais bien réelles de l’hiver. Tu obtiendras ainsi un mélange bienfaiteur, qui te dispensera vitamines, bonne humeur et énergie utiles en cette froide et sombre saison. Il sera également utile à la purification de ton organisme entre les ripailles de Yule et celles de Carnaval.

(c) Lalie Solune

 

Galette de la jeune fille pour le roi de l’hiver

Pour les fêtes d’hiver, les Saturnales ou l’Épiphanie, on prépare traditionnellement un gâteau pour tirer les rois. Il existe bien des sortes de gâteaux pour ce rite très ancien, des sablés dans l’Ouest de la France, des briochés aux fruits confits et à la fleur d’oranger dans le Sud (appelés « Royaumes »), des pâtes feuilletées nature ou garnies de compotes de fruits, de crèmes parfumées… Voici la version à la frangipane, car l’amande qui en est la base, fruit sacré de la jeune fille qui grandit et devient femme, peut faire de ce gâteau un cadeau de la jeune fille-femme pour le roi de l’hiver.

           Catherine Deneuve dans Peau d’Âne de Jacques Demy

Il signore Frangipani a donné son nom à cette préparation à base d’amande. Il est l’inventeur du parfum dit frangipane qui servait surtout à parfumer les cuirs, les gants des dames… Le plus de la galette à la frangipane, à mon sens, c’est qu’elle sent bon mais qu’elle est de surcroît comestible !

La Frangipane

Coupe en petits morceaux 100 gr. de beurre chambré et ajoute 100 gr. de sucre roux en poudre. Malaxe bien le mélange et sans t’arrêter ajoute 125 gr. d’amandes moulues, puis en touillant ajoute un œuf entier et un jaune d’œuf*, une cuillère à café de de gnôle de pomme ou de prunes ou de poire, 2 ou 3 gouttes d’extrait d’amande amère, 1 bonne cuillerée à soupe de crème fraîche, jusqu’à obtenir un mélange homogène et onctueux.

La Galette

Dispose un disque de pâte feuilletée d’environ 30 cm. de diamètre sur une plaque de cuisson beurrée et farinée, pique-le et verse la crème frangipane au centre. Étale-la en laissant la pâte nue sur un bon doigt ou deux tout autour du disque. Ferme les yeux et lance dans la frangipane un haricot magique, une fève du jardin de la sorcière, un anneau enchanté, une fleurette minéralisée, un joli caillou de fae…

Rempli un petit bol d’eau et trempe tes doigts dans le liquide en remerciant les esprits.

Pose le deuxième disque sur l’ensemble et, de tes doigts humides, colle les deux disques de pâte par les bords.

Dessine sur le dessus de la galette, des croisillons, des runes entrelacées, des dessins quadrillés, une rosace ou le motif qui te plaît…

Badigeonne le dessus avec un jaune d’œuf battu pour qu’il soit bien doré à souhait.

Cuis à four chaud (180°c./220°c. soit th.7/8 ) pendant 25 à 30 minutes.

***

Laisse ensuite refroidir avant d’opérer le rituel de découpage en croisant les doigts pour que le couteau ne rencontre pas la fève. Il y a ensuite plusieurs manière d’opérer, la plus courante est que quelqu’un se cache à proximité, généralement sous la table, comme pour les Saturnales des Romains, et dise le nom de chaque convive en réponse à la question du découpeur ou de la découpeuse de parts, qui pose le couteau sur une part et dit « Et celle-là, pour qui ? »

Celui ou celle qui aura la fève dans sa part sera  le roi de la fête ou bien sa reine et désignera son roi ou bien sa reine.

Il est de bon esprit de laisser une part supplémentaire pour le voyageur transi de froid, l’invité surprise ou l’esprit domestique.

 

(c) Lalie Solune

*Avec le blanc d’œuf restant, tu peux faire un peu de pâte d’amande ou bien meringue ou encore nougat…

Glögg

Le Glögg est un vin chaud suédois traditionnel qui se prépare et se boit à Jul, c’est-à-dire pour les fêtes du solstice d’hiver, couramment appelées Noël, autrement dit Yule, et pendant les fêtes d’hiver, par exemple pour la sainte Lucie (13 décembre). Voici une des façons de le préparer :

Coupe un morceau de gingembre en morceaux tout petits et mets-les dans ton chaudron avec un litre de vin rouge où tu ajouteras aussi, un petit bâton de cannelle, 5 ou 7 clous de girofle, une bonne pincée de grains de cardamone et un petit morceau d’écorce d’orange.

Mets le vin à chauffer très doucement en prenant soin de ne pas le laisser bouillir.

A présent, tu peux filtrer si tu le souhaites. Ajoute du bon miel d’acacia que tu dissous bien en remuant. Au besoin, remets un peu à la chaleur pour être assuré que le miel sera bien dissout. Laisse poser l’ensemble un moment et, si tu ne l’as pas fait auparavant, filtre pour servir accompagné de fruits secs, de pepparkakor et de gourmandises du solstice en attendant la visite du Bouc de Jol, qui aura, bien entendu, droit lui aussi à sa libation.

(c) Lalie Solune

Figurines en pain d’épices

Passée la sainte Barbe, fleurissent les hellebores noires et flambe la cheminée !
Lors de la Saint Nicolas, c’est aujourd’hui, de l’Alsace à la Russie, les enfants recevront les premiers cadeaux de l’hiver… ou du charbon s’ils n’ont pas été sages…

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Sors du buffet la pâte préparée au moment du passage dans la saison sombre
Pétris la gentiment, pétris la gaiement et façonne les figurines que tu souhaites : bonshommes,

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lutins, dames, chevaliers, diables, sorcières, maisons, petits cochons, oiseaux, poissons,

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ours, louveteaux, arbres de la forêt,

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étoiles, lunes, soleils,

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balais, bûches, feuilles de houx, couronnes de roi de l’hiver, que sais-je encore ? Laisse ton imaginaire guider tes mains et pétris, pétris tant que la forme viendra, imagine et fais confiance à tes doigts.
Si tu veux faire une maison, chaumine ou château fort, cabane de bûcheron ou hutte de sage femme, pense à faire chaque pan de l’habitation pour les cuire à plat. Pose tes figurines sur une plaque de cuisson bien graissée et bien farinée. Laisse reposer une à deux heures.

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Met ton four à chauffer entre 150 et 180 °C. Bats un oeuf et, avec un pinceau, badigeonne-en les pains d’épices. Pour de petites figurines, laisse cuire 4 à 5 minutes, si elles sont plus grandes, autour des dix centimètres, la cuisson sera de 6 à 8 minutes. Pour de grandes figurines, cuis à une température un peu inférieure (130 à 150 °C.) pendant 10 à 15 minutes. Puis laisse chaque figurine refroidir dans son coin, tranquillement…

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(c) Lalie Solune