Lune des fleurs

Avril qui voit s’ouvrir les corolles, cycle des pétales et du pollen au vent, des tout premiers papillons et des sacrifices d’agneau…

Avril aux boutons d’aubépines à cueillir pour le placard à simples, avant leur éclosion magique de la nuit de Beltane.

Avril comme un nom de jeune fille souriante.

Avril comme l’œuf éclos

Avril à la douceur insaisissable comme l’agile lapin

Avril de l’ail nouveau

Avril aux vertes tiges

Avril des premiers bourdonnements d’abeilles

Avril des garrigues fleuries

Avril des pousses de basilic et d’oseille

Avril des jeunes épinards

Avril des doux radis roses

Avril aux feuilles d’agastache et d’aurone

Avril où l’estragon pointe le bout du nez,

Avril aux premières feuilles de cerfeuil musqué

Avril des sèves et des semences de frêne

Avril qui t’avances à pas dénudés vers les premières traites de chèvres

Avril des fleurs de fraise et des chatons de saule

Avril des premières fleurs de l’iris sauvageon

Avril des fleurs de sakura

Avril où retentit le chant du coucou

Avril des belles feuilles de bardane

Avril des dames tulipes épanouies

Avril des fines fleurs de ciboulette

Avril au doux sourire de fillette

Sois saluée !

(c) Lalie Solune

Huile des fées

Demain, mets à macérer dans une huile végétale de bonne qualité, pendant une lune, ce que tu auras cueilli le jour même avec la permission des fées des bois : fleurs de coucou, lierre terrestre et fleurs de violette…

 

(c) Lalie Solune

Tarte aux oignons nouveaux

Il suffit pour cela d’étaler sa pâte à tarte dans un plat propice et beurré, de faire fondre une bonne quantité émincée de ces oignons nouveaux à vertes tiges avec un peu d’huile d’olive. Rien de plus simple ensuite que de tapisser le fond de pâte piqué à la fourchette abondamment avec cet oignon fondu, de poivrer un peu, de faire généreusement pleuvoir sur ce lit de verdure le fromage de son choix : Emmental, Cheddar, Pecorino, Grana Padano, un mélange de Brousse et Parmesan râpé… ce qui fait plaisir. Pour ma part, j’évite simplement le fromage de chèvre pour ne pas ôter le lait de la bouche des chevreaux, car je trouve qu’il est un peu tôt, mais ce n’est pas très loin, encore… Enfin, confie ce cercle de nourriture printanière au four chaud (200°C.) pendant une demie heure environ, jusqu’à croustillânce de pâte, dorure de surface et alléchant fumet.

Ce genre de tarte est tout à fait délicieux avec toutes pousses vertes du printemps qu’on peut aimer, que ce soit épinards, cresson, plantain, primevères, doucette, ail des ours, pissenlit, ortie, fanes de radis, fanes de carottes (sans la tige centrale qui est très âpre), bourrache… et j’en passe de nombreuses… la cuisine printanière étant un cercle ouvert jamais brisé…

Puisque tout se répète mais jamais à l’identique… Que le printemps vous soit, cette fois encore ou cette fois au moins voire cette fois comme les autres, doux et tendre !

 (c) Lalie Solune

Equinoxe de printemps

L’équinoxe de printemps aura lieu cette année le 20 mars, vers 18h30 (heure TU+1; 18h31 précisément… pour les maniaques et les curieux…), soit une demie heure environ avant le coucher du soleil (19h33) sur le méridien de Paris. Cinq jours après la nouvelle lune qui est aujourd’hui, quatre jours avant la demie lune croissante.

Il fait encore bien froid, mais il est temps de commencer à aérer, purifier, faire circuler, sortir vraiment de la torpeur hivernale, se mettre tranquillement mais résolument en mouvement… D’ailleurs les abeilles sortent de leur sommeil saisonnier.

On dit maintenant au revoir aux endives, au fenouil, aux scorsonères et, pour ceux qui sont bien conservés au frais, on profite des derniers légumes racines et des dernières pommes de cave, tu pourras ensuite dire au revoir à ces dernières jusqu’au moins à la mi-août… Les amandiers et prunelliers commencent à fleurir et les saules finissent de bourgeonner…

Les récoltes sont menues mais leur vert pâle est un bonheur. Flaire donc les jeunes feuilles : Ail des ours, bourrache, plantain, balsamite, ciboulette, coriandre, primevères, pissenlits… et n’oublie pas, pour ton placard à simples les bourgeons de peuplier contre la bronchite.

(c) Lalie Solune

Kishri

Le Kisri (ou kishri, kicheri…) est un plat indien simple et quotidien. Ma version rapide et facile, très utile je trouve, pour emporter son déjeuner quelque part est plutôt à l’européenne puisqu’aux lentilles vertes qui s’associent très bien au riz pour une alimentation équilibrée. Mais on peut toujours, bien entendu, tester toutes variations possibles de lentilles et d’épices ainsi que de sortes de riz. Voici donc ma petite contribution au quotidien des Lièvres de Mars végétariens…

 

Lièvre qui a fait treize fois le tour de la lune et ne sait comment rattraper le calendrier solaire, jette dans ton petit chaudron magique :

Un verre de riz (rincé rapidement s’il s’agit de basmati)

Un verre de lentilles vertes triées

Six verres d’eau froide *

Une petite poignée de feuilles de curry

Et laisse cuire sur feu doux avec petites bulles qui remontent à la surface, jusqu’à absorption de l’eau.

En fin de cuisson, ajoute du sel, quelques grains de cardamone, deux cuillères à café de curcuma en poudre et, en toute éventualité, si tu sais encore tenir sur place quelques secondes, une pointe de paprika. Avoue que ça t’a reposé, hein, beau Lièvre coureur ?

 

Et souviens-toi aussi de ces mots du poète japonais :

Le Bouddha m’accorde

un peu de temps —-

je fais la lessive

Ozaki Hôsai

 

…mais le voilà déjà parti…

*et si le Lièvre de Mars n’était pas si pressé, il pourrait tout aussi bien remplacer l’eau par le bouillon d’aromates ^-^

(c) Lalie Solune

Boisson « Fin d’hiver »

Quand les jours et les nuits redeviennent presque égaux, même si le soleil n’étend encore sur la terre que de frileux rayons, il est bon de sortir de la torpeur hivernale pour de longues promenades. La marche est pourvoyeuse d’harmonie, elle aide l’âme à construire son cheminement intérieur. Marcher met l’imagination en branle et, pour qui sait observer, offre de belles découvertes. Au mois de mars, quand la nature s’éveille langoureusement comme un chat qui s’étire sous le soleil, j’aime aller par les chemins à la recherche de ma propre vitalité. Une infusion à la fois bienfaisante et tonique est alors une douce compagne quand je m’arrête pour méditer à l’abri des roches de granit.
Pour deux tasses d’eau, mêle dans ton chaudron bouillonnant une cuillère à café de menthe poivrée séchée, une autre de citronnelle, une de verveine citronnelle (ou cinq feuilles si elles sont entières), un peu de tilleul et du jus de citron selon ton goût (j’en mets personnellement deux cuillères à soupe).
Si tu souhaites remplacer un de ces ingrédients, fais confiance à la douce mélisse…
Et si de cette infusion tu préfères faire un thé, choisis soit du long jing, soit du matcha pour l’accompagner.
Cette boisson, suave et tonifiante, est toujours la bienvenue après une longue marche, à la fois pour se désaltérer et s’apaiser. En la sirotant doucement en pleine nature, on profite plus pleinement encore de la quiétude harmonieuse que peut offrir la méditation.

(c) Sara Strega

Encens de purification printanière

Voici que l’air frais, de moins en moins mordant, va pouvoir de nouveau entrer dans nos abris.

Voici venu le moment où les sylphes vont commencer à pouvoir jouer à l’intérieur de nos maisons. Voici venu le moment de commencer à leur permettre de chasser les derniers résidus de l’engourdissement hivernal, de jouer avec les plantes séchées suspendues qu’il reste encore de la récolte de l’année écoulée.

Voici qu’arrive bientôt le moment de frotter les miroirs magiques de quelques feuilles d’armoise nouvelle.

Pour purifier les lieux et pousser les Latusés, les larves, les chrysalides de l’hiver à éclore et prendre leur envol par la fenêtre, brûle cet encens en chantonnant pour encourager leur envol, dans un cercle de sept fleurs de pas d’âne si tu le brûles maintenant, de narcisses jaunes si tu le brûles dans un peu avant l’équinoxe, de dent de lion si tu le brûles après…

 

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source de l’image

Résine de pin 1

Gomme arabique 1

Feuilles de romarin 1/2

Feuille de sauge 1/4

1/3 de résine d’élémi en petits copeaux ou, à défaut, un brin de poudre d’écorce de citron

Une petite pincée de menthe poivrée en poudre

 

(c) Lalie Solune

Houmous

Mets à tremper des pois chiches secs pendant un minimum de 24 heures et un maximum de deux jours et demi. N’oublie pas ces grains dorés et dodus à leur sort, pense à changer leur eau au minimum une fois par jour. Ce sera aussi l’occasion de les regarder devenir de plus en plus dodus et de les écouter chuinter leur souvenirs de pays ensoleillés. Ils iront ensuite dans une eau froide nouvelle agrémentée de laurier, de thym ou de sarriette, de romarin, de gousses d’ail nouveaux, quoi que tu choisisses, l’important est de ne pas oublier une pincée de grains de cumin… et que l’eau les dépasse au minimum du double de leur volume. Du triple, c’est sans doute encore mieux. Le bouillon restant pourra toujours servir à une soupe ou un risotto.

Pour leur faire passer l’initiation première de la grande transformation, la cocotte minute me semble une bonne compagne : elle chantonne, elle papote, elle te racontera sûrement une belle histoire de dragons ou de lutins gourmands, voire, si le jour est faste, les hauts faits de la Beufeunie de Galafre. Bien entendu, c’est là une manière de manœuvre de sa part pour garder le plus de temps possible les grains dodus en son ventre gourmand. Ne la laisse cependant pas trop à la merci des Salamandres, si elle se met à jacasser, elle pourrait bien finir par te casser les esgourdes et il n’est pas grand chose de pire, dans une cuisine, que de travailler un aliment avec les oreilles qui bourdonnent et qui chauffent… De ton côté, abstiens-toi bien de mettre ton grain de sel là-dedans, au propre comme au figuré.

Au bout d’une heure et demie ou peut-être deux heures de ces tranquilles et joyeux commérages, les grains dodus devraient être cuits en suffisance pour que tu puisse les cuisiner à ta façon, après en avoir laissé deux ou trois au familier de ton foyer…

Le fait de faire tremper, cuire de cette manière sans sel (qui durcirait le grain et l’empêcherait de s’attendrir à la cuisson) est valable pour tous les légumes secs.

 

Dans ton chaudron, verse un filet d’huile d’olive délicieuse, quelques gousses d’ail mises à nu, des pois chiches, un peu d’eau, des herbes (sarriette ou thym, laurier, romarin), un peu de cumin, éventuellement une bonne dose de grains de sésame torréfiés et pilés. Laisse mijoter un petit moment à découvert et à feu doux. Passe au presse-purée, ou au mortier ou mixe, arrose de jus de citron et d’huile d’olive.

Si tu n’as pas mis de grains de sésame ou que tu préfères ainsi, ajoute après la cuisson de la crème de sésame ou « Tahina » qui donne à l’houmous une texture plus crémeuse encore.

L’houmous peut se conserver en bocaux ou en pots quelques jours au frais, dans ce cas, verse le jus de citron et l’huile d’olive sur le dessus pour le protéger.

Sirop de rose et de pélargonium rosat.

Quand s’épanouissent les roses sauvages et qu’embaume le pélargonium capitatum à la si délicate senteur de rose qu’on le nomme rosat, les filles de Flore vont au jardin emplir leurs paniers de fragiles pétales et de feuilles duveteuses pour en confectionner un délicat sirop.
Si l’envie te prend de les imiter, trouve un beau pélargonium aux effluves sucrés chipe-lui quelques pétales et surtout de belles feuilles bien vertes et parfumées. Le pélargonium, de joyeuse nature, ne t’en voudra guère si tu entonnes avec lui la chanson du Vieux Tom. Une fois cela fait, tu devras cueillir l’équivalent en pétales de roses.
Choisis évidemment des roses non-traitées, aux pétales tendres et légèrement parfumés. Prends garde que tes pétales ne soient ni tachés ni abîmés. De plus, leur pointe peut être amère selon les variétés de roses, auquel cas tu devras patiemment les retirer.
A l’aune d’une belle coupe, mesure ta récolte bien tassée et, pour un volume de pétales et de feuilles (voire une volume et demi si tu veux un goût encore plus prononcé), mets à bouillir dans ton chaudron deux volumes d’eau et deux autres de sucre roux.
Quand eau et sucre seront bien mêlés, ajoute les feuilles et les pétales, remue bien, mais délicatement, et laisse frémir le temps de trois ou quatre chansons (une dizaines de minutes, selon l’épaisseur du sirop). N’oublie pas de remuer de temps en temps.
Retire du feu ton chaudron, jettes-y quelques graines de cardamome et un peu de jus de citron pour que le sirop se conserve mieux, puis laisse-le reposer quelques heures, il l’a bien mérité.
Une fois un délai raisonnable d’au moins deux heures écoulé, filtre ton sirop, sans presser les pétales et les feuilles, porte-le à ébullition dans le chaudron et mets-le en bouteille.

(c) Sara Strega

Tarte Goodfellow

Pendant que la pâte à tarte pose,

Nettoies 5 ou 7 branches de rhubarbe, mais pas trop : si elle est fraîchement coupée, il importe seulement de la rincer et d’ôter peut-être deux ou trois gros fils… et encore… Coupe-les en morceaux en humant leur parfum vif et profond. Fais-les cuire avec un peu de beurre salé, une bonne cuillère à café de miel bien fleuri et un peu de fleur de sucre à la rose*

Demande aux salamandres de bien chauffer ton four.

Dispose ensuite la pâte étalée par tes mains heureuses dans un moule, picote le fond comme le moineau picore. Garni de fraîches pétales de roses de mai odorantes, de la rhubarbe cuite et de fraises des bois. Nappe l’ensemble d’un léger sirop de roses de mai. Enfourne après avoir offert aux salamandres de se nourrir du parfum pendant une vingtaine de minutes (777 slgurpiounilles en langue salamandresque) afin de modérer leurs ardeurs autour des 180°c.

Partage et réjouis-toi, puis laisse les miettes aux oiseaux…

 

*La fleur de sucre est une recette du Petit Précis de Cuisine Elfique de Laurence et Yannig Germain. C’est un mélange de sucre (roux, bien entendu…) et de pétales de roses moulues dans un bocal, sucre parfumé à la rose, suivant le même procédé que le vrai sucre vanillé.

 

(c) Lalie Solune